Echec au mat

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DB28 XS Starry Seas © De Bethune
DeBethune travaille le titane comme matériau de prédilection. Surtout, la marque est un pionnier et un mieux-disant de son polissage, qui n'a rien de facile

Ah le titane. Quel matériau ! Plus léger que l'acier, plus dur aussi, il est confortable, gris...et exigeant. Il est notoirement résistant à la rayure. C'est l'un des avantages que l'on recherche, puisqu'il le protège de l'usure, du vieillissement, de la vie en somme. Seulement voilà, la rayure, ce n'est pas qu'un accident en horlogerie. La friction sur les surfaces est le principe de base de toute finition.

Résultat, le titane est complexe à terminer. Le plus facile est encore de le sabler, ou de le microbiller. En le bombardant d'un jet de petites particules, on uniformise son apparence. Autre option, on peut le satiner : des rayures très fines, parallèles, qui apparaissent en frottant. Dans les deux cas, on attaque la matière de manière contrôlée.

DB28XP Kind of Blue © De Bethune
DB28XP Kind of Blue © David Chokron/Worldtempus

Le polissage, c'est autre chose. Pour briller, une surface doit être uniforme. Très lisse. Sans accident ni différence de hauteur qui casse le reflet. C'est à dire le contraire d'une attaque. Et sur le titane, c'est une opération que l'on peut qualifier ainsi: à s'arracher les cheveux. Surtout si l’on veut arriver à un résultat façon miroir.

Il se trouve que DeBethune s'est fait une spécialité de ce polissages. Et elle le fait principalement sur des surfaces qui ne sont même pas plates. L'un des plus beaux composants de toute l'horlogerie est le grand pont que la marque installe côté cadran et qu'elle appelle « delta courbe ». Cette flèche de grande taille, brillant miroir, en titane, est bombée dans les trois plans. Petit à petit, DeBethune a élargi sa palette de titane brillant aux composants de boite.

DB28XP © David Chokron/Worldtempus
DB28XP © David Chokron/Worldtempus

Mais ce n'était pas encore assez loin. DeBethune est habitée par l'âme technique de son co-fondateur Denis Flageollet, et celui-ci aime littéralement jouer avec le feu. Ce qui explique la présence de nombreux composants bleuis à la flamme, comme ses lunes tridimensionnelles et ses aiguilles. Alors la marque a pris ses boites en titane poli et les a bleuies. Au four. En créant une oxydation contrôlée. D'autant plus délicate à contrôler que les nuances fines de couleur sont difficiles à uniformiser sur une aussi grande pièce. A force d'expérience et d’opiniâtreté, le mat a quitté le navire et le miroir s'est installé à sa place, bien en face de nos regards.

 

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