Perspectives d’avenir avec Mario Peserico

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Looking ahead with Mario Peserico  - Eberhard & Co
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Le mois passé, au Salon Belles Montres de Paris, WorldTempus a évoqué le futur avec Mario Peserico, Directeur général d’Eberhard & Co.

WorldTempus: Vous avez là un poster saisissant d’un modèle Contograf brisé en deux,  avec sur la moitié gauche la version originale de 1960, et à droite son interprétation moderne. Que pensez-vous de la mode actuelle pour le « revival » ?

Mario Peserico: Je pense qu’il est important à ce sujet de parler de la notion de droit, en d’autres termes, avons-nous le doit de parler d’héritage ?  Eberhard & Co a produit sans interruption des montres depuis 1887, et a toujours été dans les mains de la famille ; en conséquence,  je pense que nous avons le droit de parler d’héritage. Le nôtre devient de plus en plus important. Lors d’une vente aux enchères à Genève cette année, deux chronographes split-seconds Eberhard ont été vendus 40'000 CHF.  On est loin de Patek Philippe, mais c’est quand même une somme considérable.

 
Y a-t-il une collection Eberhard & Co plus populaire que d’autres ?

Les lignes sont toutes différentes. La Chrono4 est brevetée et plutôt sportive,  alors que la 8Days, également brevetée, est plus classique. L’Extra-Fort rappelle les montres vintage et la Tazio Nuvolari est dédiée à un inoubliable pilote automobile. Chacune a donc son histoire et comme certains collectionneurs sont attachés à un type de montres – sportives ou classiques – nous essayons de couvrir tous les domaines.

 

 
L’ADN de la marque est-il plutôt masculin ?

Nous sommes davantage une marque pour hommes que pour dames et c’est dans les chronographes que se trouve notre ADN. Mais nous avons la montre pour dames Gilda, très élégante, et il nous faut progresser pour gagner en légitimité sur le terrain des montres féminines. Evidemment, il y a un certain nombre de marques qui y sont bien établies depuis longtemps et sont devenues un must pour les femmes, et arriver sur ce marché avec quatre nouvelles montres féminines en même temps aurait été ridicule de notre part.  Nous avons décidé d’en lancer une seulement, mais une extrêmement bien faite que nous pourrons utiliser comme base pour construire une collection.

 

 

Eberhard Gilda

 

Quelles sont vos prévisions pour 2015  ?

Je n’ai aucune certitude pour l’année prochaine. Je ne pense pas que la situation en Europe et en Chine va s’améliorer rapidement.  Là-bas, au sein des classes moyennes, les campagnes anti-corruption affectent les ventes.

 
Et quelles sont les tendances dans le développement de produits ?

Je crois que les modèles acier-or vont gagner en popularité.  Nous n’en produisons aucun, mais je vois cependant la tendance émerger et je pense que ces modèles vont devenir de plus en plus appréciés. Je crois qu’il y a vraiment une mode pour faire revivre des modèles du passé mais je pense aussi que le marché est également ouvert à toute forme d’inspiration,  qu’elle vienne d’une région géographique donnée ou de l’histoire d’une marque. Aujourd’hui, sur le marché, on trouve tout et son contraire ;  des couleurs, ou pas de couleurs,  des complications, ou aucune complication. Avant, on trouvait soit l’un soit l’autre. C’est la même chose pour les voitures où l’on avait avant soit des modèles de sport soit des véhicules pratiques. Aujourd’hui, les SUV (sports utility vehicles) sont une catégorie à part entière.

 

 
Pensez-vous rester dans votre segment de prix ?

Les marques émergent d’une période de croissance avec à la fois un réseau de distribution et une clientèle de base très clairement définie. Il y a dix ans, elles se précipitaient pour lancer des tourbillons. Nous ne l’avons jamais fait car notre prix maximum tournait autour de CHF 7'000.- et la différence entre ce prix et les 70'000.- CHF d’un tourbillon était trop importante. Cela peut paraître restrictif, mais il faut voir aussi que beaucoup de marques qui sont passées dans un segment de prix supérieur ont aujourd’hui des difficultés à vendre leurs pièces les plus chères.

 

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