Conversation avec Wilhelm Schmid à propos de Watches & Wonders. Partie 1

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Talking Watches and Wonders with Wilhelm Schmid. Part 1 - A. Lange & Söhne
Les réflexions de Wilhelm Schmid sur ses 10 ans à la tête de la marque, sur les nouveautés de cette année et sur le stress d’avant salon

Cela fait 10 ans cette année que vous êtes CEO de A. Lange & Söhne. Rétrospectivement, de quoi êtes-vous le plus fier ?
Je dois avouer que je suis très privilégié, il y a beaucoup de choses que je n’oublierai jamais et dont je me souviendrai toujours avec un sourire. Mais je crois que si je devais résumer, disons à trois choses, ce serait la grande complication que nous avons lancée en 2013, l’inauguration de la nouvelle usine avec Mme Merkel en 2015, et le lancement de l’Odysseus, chacune pour des raisons différentes.

Conversation avec Wilhelm Schmid à propos de Watches & Wonders. Partie 1

La grande complication parce que c’est la montre bracelet la plus compliquée jamais produite en Allemagne. C’était une déclaration d’intention et cela a prouvé à tout le monde que si nous voulions le faire, nous pouvions. La manufacture pour sa source d’énergie renouvelable et son environnement contrôlé. Vous savez, cela va nous assurer de la haute horlogerie pour les 30 prochaines années. Et encore une fois, nous étions en avance sur notre temps en insistant sur l’énergie verte. Et puis, aussi controversée soit-elle, l’Odysseus. Et je suis convaincu que dans les années à venir ce sera comme la Lange 1, ou comme la Zeitwerk. Elle va s’affirmer comme une nouvelle famille, un nouveau chapitre pour A. Lange & Söhne.

Conversation avec Wilhelm Schmid à propos de Watches & Wonders. Partie 1

Qu’est-ce qui a constitué le plus grand défi pour vous durant les douze derniers mois ?
L’un de nos défis permanents est que 90% de nos collaborateurs vivent à Glashütte tandis que 100% de nos clients n’y vivent pas. Donc, connecter le monde à Glashütte et Glashütte au monde est un défi permanent car ici à Glashütte c’est nous qui avons le plus de succès, qui sommes les plus connus et avons la plus grande histoire. Nous ne sentons pas le souffle de la concurrence sur notre nuque, donc nous pourrions facilement devenir complaisants. Et lors des douze derniers mois, malgré toutes les difficultés que nous avons dû affronter, des événements que personne n’avait expérimentés auparavant, garder cette connexion entre le monde et Glashütte et entre Glashütte et le monde, sans voyages et sans voir personne à la manufacture, c’était une véritable gageure.

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Nous sommes aussi une usine intégrée verticalement, donc tout doit être contrôlé et dans un monde très volatile, c’était un peu comme ajuster un pétrolier aux rapides changements de l’océan et ce n’était pas facile. Mais nous étions forts avant cette crise et nous serons encore plus forts après, et c’est ce qui se passe maintenant.

En 2017 vous avez été cité dans le New York Times, vous disiez : « Je ne crois pas qu’internet pourrait remplacer avantageusement une bonne conversation en tête à tête, lorsque vous parlez à quelqu’un, que vous sentez le poids de nos montres, que vous tournez la couronne, que vous entendez le click de l’un de nos boutons poussoirs. » La pandémie n’a pas laissé à l’industrie du luxe d’autre choix que d’adopter la digitalisation. Comment s’est passée cette étape pour vous ? Et votre avis sur internet a-t-il changé ?
Je suis toujours très flexible et prêt à changer si c’est nécessaire. En 2017 mes clients n’auraient pas apprécié si j’avais proposé une réunion par Zoom au lieu d’un vrai dîner. Mais non seulement nous avons changé, mais nos clients ont changé aussi. Vous savez, la façon d’acheter, la façon de recueillir l’information, tout a changé lors des douze derniers mois parce que nous ne pouvions pas proposer des rencontres individuelles à nos clients, et ils ne pouvaient pas venir. Alors nous avons choisi la meilleure chose à faire et nous avons parlé à travers un écran. Ce sera très intéressant d’observer, lorsque nous pourrons à nouveau nous rencontrer en personne, jusqu’à quel point nous continuerons à utiliser cette solution, et à quel point le désir d’interaction personnelle va revenir. Je crois sincèrement qu’il sera immense. Je pense aussi que ce que nous sommes en train de faire maintenant restera, peut-être à une fréquence moindre, mais peut-être sera-ce un bon moyen de rester en contact. Mais après, vous savez, le moment où je reçois ma montre et que je la mets à mon poignet, c’est quelque chose que j’ai envie d’expérimenter dans un environnement parfait avec quelqu’un d’autre. Je suis sûr que ça va revenir rapidement, aussitôt que le COVID le permettra.

D’un autre côté, nous avons maintenant aussi des centres d’appel en Europe et en Amérique où vous pouvez commander des montres et nous avons testé cela en Chine avec WeChat et Weibo et ça fonctionne. Il y a des clients en ce moment qui sont prêts à faire cela. Ce sera intéressant de voir si ce groupe demeure et si les autres reviennent ou si c’est le même groupe qui va maintenant reprendre les anciennes habitudes. On devrait le savoir dans un an.

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