Réorientation : creuser un sillon bien droit

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Re-orientation: ploughing a straight furrow - TAG Heuer
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Après l’annonce la semaine passée du départ de Stéphane Linder, la réaction de Jean-Claude Biver ne s’est pas fait attendre : lors d’une conférence de presse, il a présenté la nouvelle réorientation de la stratégie de la marque. Compte-rendu de WorldTempus.

Les portions de fromage offertes au début de la conférence de presse n’étaient pas les seuls produits issus de la passion de Jean-Claude Biver pour l’agriculture. Adolescent, il passait ses vacances dans une ferme de la région, à accomplir des tâches ingrates, pendant que ses camarades de classe profitaient des rives du lac Léman. Mais conduire un tracteur lui a appris une chose qui se révèle bien utile aujourd’hui : savoir creuser des sillons bien droits.

M. Biver endosse la fonction de CEO ad interim de TAG Heuer alors que le leader suisse de chronographes haut de gamme affiche des ventes frôlant le milliard de francs suisses. Le sillon qu’il souhaite creuser va dans le sens de l’héritage de la marque, bâti sur ses performances technologiques, allant de ses équipements de chronométrie jusqu’aux plus récents mouvements horlogers à ultra haute fréquence.

 

Jean-Claude Biver

 

C’est Guy Sémon, l’homme qui a chapeauté ces développements, qui dirigera la nouvelle stratégie de TAG Heuer. Il vient en effet d’être nommé Directeur Général et secondera Jean-Claude Biver. Guy Sémon sera chargé de consolider la position de la maison dans le segment des montres valant entre CHF 1500.-  et 5000.- et d’accélérer le développement d’une montre connectée.

Cela ne signifie pas que TAG Heuer abandonne le segment des montres haut de gamme, comme beaucoup le redoutaient. Jean-Claude Biver a promis une nouvelle V4 pour BaselWorld 2015, précisant que les activités de recherche et développement avaient désormais été séparées en deux. « TAG Heuer mérite deux départements de R&D », a-t-il commenté, « l’un dédié aux mouvements classiques, et l’autre à la technologie. La plupart des marques ne peuvent pas le faire, car pour elles,  les deux entités s’excluent, mais TAG Heuer a plus d’une corde à son arc ».

Ces changements n’impliquent pas non plus moins d’innovation, a expliqué Guy Sémon. « Nous avons beaucoup innové au cours des dernières années » a ajouté le nouveau Directeur Général, « ce dont nous avions besoin, car ce n’est pas quelque chose qu’on peut improviser.  Nous l’avons fait pour ajouter de la légitimité à la marque.  Il y aura davantage d’innovations ces deux prochaines années qu’il n’y en a eu depuis huit ans,  et elles seront plus percutantes ».

 

TAG Heuer Monaco V4

 

Guy Sémon a aussi révélé que vingt « chercheurs de haut niveau » travaillent actuellement sur divers projets pour TAG Heuer dans des universités réputées à travers le monde,  mais n’a pas précisé si la marque oeuvrait déjà en collaboration avec Google et Intel. « Nous travaillons sur une montre connectée», a-t-il confirmé, « mais en restant modestes ». Il y a encore neuf mois, je n’étais pas fan de montres connectées, mais j’ai complétement revu ma position aujourd’hui. Ceci dit, nous n’allons pas non plus ne faire que ça à l’avenir. »

Jean-Claude Biver a beaucoup insisté sur le segment des montres connectées et n’a pas exclu la possibilité d’acquisitions pour aider la marque à se développer dans ce domaine majeur.

Cependant, la production de telles montres ne représente qu’un premier défi.  Reste la question de savoir si l’industrie horlogère suisse  est capable de communiquer sur de tels produits, et de les vendre. Selon M. Biver, cela dépend de la définition que l’on donne d’une montre connectée. « Si on pense à quelques chose comme Apple, c’est non », dit-il, « mais s’il s’agit de quelques chose d’autre, alors oui, peut-être.  Cela dépendra de leur niveau de complexité. Nous aurons peut-être besoin aussi de nouveaux vendeurs, avec des compétences différentes ».

En attendant, les activités retournent à la normale dans la nouvelle manufacture TAG Heuer de Chenevez, dans le Jura suisse, qui a connu le chômage partiel depuis l’été. Les 35 collaborateurs du site reprendront le travail à 100% dès janvier 2015, pour produire le Calibre 1887. Jean-Claude Biver espère atteindre 100'000 pièces par an, sans s’engager toutefois sur une échéance précise.

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