C’est vrai en horlogerie comme dans d’autres industries : il faut être prêt lorsque l’économie redémarrera. Ce qui, concrètement, implique de s’y préparer en amont afin d’être le plus réactif possible le moment venu...et de coiffer au poteau ses concurrents.
Voilà, en somme, la stratégie pensée par Peter Stas, CEO du groupe Frédérique Constant, récemment racheté par le groupe Citizen. L’homme y est encore en place pour une durée minimale de cinq ans. Cette période n’est pas anodine : selon lui, elle sera celle de la reprise horlogère tant attendue. Ses premiers effets sont d’ailleurs déjà perceptibles : « Au premier trimestre, nous avons enregistré une croissance de 3%. En avril, par rapport à l’année dernière, nous sommes à +4%. Baselworld a pour sa part enregistré une hausse des volumes de commandes de +6% », indique Peter Stas.
Doubler sa croissance en 5 ans
Les chiffres de 2017 sont donc encourageants mais ce sont ceux de 2022 qui intéressent Stas. Aujourd’hui, la marque fabrique 155 000 pièces, poursuivant ainsi une croissance régulière depuis plusieurs années de +10 000 pièces par an, toutes gammes confondues (quartz, mécanique, manufacture, smartwatch). Mais pour 2022, le groupe vise encore plus loin : 250 000 montres produites. Le calcul est donc simple : pour atteindre ce volume, Frédérique Constant ne devra plus augmenter sa cadence de 10 000 montres chaque année, mais de 20 000 montres. En somme, doubler sa croissance.
« Nous étions devenus presque contraints de faire cette extension », explique Peter Stas. « Avec nos capacités actuelles, nous ne pouvons pas aller au-delà de 170 000 à 180 000 montres par an. Nous aurions donc été bloqués d’ici deux ans. Nous utilisons ces deux ans à venir pour doubler notre surface et augmenter notre capacité de production ».
Raison contre tentation
Avec de telles capacités, qui seront opérationnelles fin 2018, la tentation serait grande d’intégrer de nouveaux métiers, voire d’augmenter la part de mouvements manufacture au sein du mix de pièces vendues chaque année – et donc d’accroître significativement les revenus.
Ce n’est pas la position de Peter Stas. Les calibres manufactures sont certes en croissance mais modérée, passant de 20% des ventes il y a deux ans à 25% actuellement : pas de quoi engager une refonte des processus de fabrication. Qui plus est, « le segment le plus porteur pour Frédérique Constant est celui aux environs de 1000 CHF », ajoute Peter Stas. On est donc loin des 8000 CHF pour le Calendrier Perpétuel maison ou des presque 5000 francs pour le nouveau Flyback manufacture.
Au final, cette spectaculaire extension sera donc dédiée à la production de volume, de ce cœur de gamme qui a fait de Frédérique Constant l’un des poids lourds de l’industrie horlogère indépendante en moins de trente ans. Ces nouveaux volumes portés à 250 000 pièces sous cinq ans vont également servir à alimenter un réseau de détaillants en pleine explosion grâce à Citizen. La maison mère va en effet faire bénéficier Frédérique Constant de son puissant réseau de distribution, notamment aux Etats-Unis, où ce ne sont pas moins de 1700 points de vente établis sous bannière Citizen qui, dès demain, vont également pouvoir distribuer la marque genevoise et qu’il va falloir alimenter en conséquence.
