Diriger un petit atelier 100 % indépendant présente autant d’avantages que d’inconvénients. Parmi les inconvénients : il faut savoir tout faire. Parmi les avantages, c’est aussi qu’il faut savoir tout faire !
C’est probablement ce qui explique la vitalité de marques comme MB&F, Urwerk, Kari Voutilainen, Ressence, ou Louis Moinet. Autant d’entreprises conduites par des hommes présents à tous ses niveaux, depuis sa direction, jusqu’aux finances, aux RH, en passant par les relations publiques et le studio de création.
Jean-Marie Schaller, chez Louis Moinet, ne s’est jamais caché de ces multiples casquettes. Il les a même affirmées avec une égale puissance, signant tous ses e-mails de la double mention « CEO & Creative Director ». Les choses sont donc claires : pas une pièce ne sort de l’Atelier de Saint-Blaise sans qu’il n’en soit a minima contributeur, a maxima l’initiateur.
Affirmation d’une évidence
Au-delà des récentes envolées cosmiques traduisant la continuité des travaux de Louis Moinet en matière d’observation spatiale, la pièce aujourd’hui présentée pour Only Watch raconte une autre histoire. Tellement évidente que personne n’y avait pensé jusqu’à aujourd’hui.
Alors que la plupart des marques participantes se limitent aux codes de la générosité, de l’enfance, ou tout simplement au nuancier de l’édition en cours, Louis Moinet est allé chercher un lien inédit, direct et unique, avec la technologie médicale.
Dans la mesure où la vente aux enchères Only Watch est dédiée à la lutte contre les myopathies, la technologie médicale est fondamentale au succès de sa mission. C’est cet aspect que vient souligner l’Art-Tech de Louis Moinet. “La micro-électronique permet des avancées fondamentales dans la recherche médicale, but ultime d’Only Watch. J'ai considéré́ qu'il était pertinent d'établir un lien entre la technologie innovante et la haute horlogerie, afin de pleinement adhérer à la mission d’Only Watch », explique ainsi Jean-Marie Schaller dans le communiqué de lancement d’Art-Tech.
Cadran wafer
Pour y parvenir, l’atelier a reproduit, en guise de cadran, un wafer. Il s’agit de la plaque de silicium sur laquelle sont gravés les circuits électroniques utilisés dans la quasi-totalité des outils numériques contemporains. Ces composants sont également très présents dans les outils d’imagerie médicale. En parallèle, le silicium est devenu un matériau critique des échappements de l’horlogerie moderne. En résumé : le silicium est partout.
En créant ce cadran wafer d’une modernité absolue, Louis Moinet offre donc un lien pertinent et créatif entre tous les univers associés à Only Watch : technologie, horlogerie, créativité, beauté, unicité, couleurs. C’est un trait qui relie tous les points de la vente avec une ingéniosité rare. Il lui procure une cohérence parfaite. Il offre un regard neuf sur les métiers d’art.
Dans le même temps, avec philosophie, il interroge sur le rapport schizophrène que l’horlogerie entretient avec la technologie : savamment cachée, masquée, rarement revendiquée, alors qu’en réalité toutes les marques utilisent la CAO, des CNC, des rendus 3D, voire de l’impression 3D, et que le silicium est devenu presque aussi noble que le maillechort.
Tout le monde le sait. Presque personne ne le dit. Sauf Louis Moinet. Le message est donc très clair : arrêtons de cacher la forêt technologique derrière l’arbre de la tradition. L’avenir ne peut rien sans le passé, et inversement. La jonction des deux s’appelle le présent. Ce présent, c’est l’Art-Tech.
Visionnaire
Esthétiquement, la pièce est dérangeante. Et c’est précisément ce que recherchait Louis Moinet. On ne retrouve pas un cadran traditionnel de haute horlogerie, mais un univers en réalité plus proche de la montre connectée. Pourtant, à 6h, trône un classique tourbillon volant. À midi, on admire la Fleur de Lys emblème de l’atelier. Côté fond, on découvre le calibre de facture et finitions assez traditionnelles, au sein d’une boîte en titane de 40,7 mm de diamètre. Une création visionnaire et d’avant-garde, pour collectionneur averti.
