Une école d'horlogerie pour la marque

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Avec sa propre école d'horlogerie et sa maîtrise de toutes les techniques, Lange & Söhne rend ses lettres de noblesse à la montre allemande.

Tribune des Arts - n°330 - Avril 2005

Jean-Claude Pittard



Quelle que soit la manufacture horlogère que vous serez invité à visiter, jamais on ne vous montrera la fabrication des spiraux, ces minuscules ressorts plus fins qu'un cheveu, qui permettent le travail du balancier. Partout cet atelier est «top secret», sauf chez Lange& Söhne à Glasshütte, au cœur de l'Allemagne saxonne.

Tant Fabian Krone, CEO et patron de la marque, que Hartmut Knothe, son directeur technique, n'ont rien à cacher. Leurs ateliers, tous baignés par une exceptionnelle lumière naturelle, sont en effet largement ouverts aux visiteurs, sauf bien sûr celui des prototypes où se préparent les modèles de demain. Une transparence peut-être due aussi au fait que les visiteurs effectuant le voyage de Glasshütte ne sont pas trop nombreux, l'endroit étant nettement moins facile d'accès que Plan-les-Ouates.
Mais surtout, les 330 employés de Lange& Söhne (plus de 150 horlogers auxquels il faut ajouter des ingénieurs horlogers, des mécaniciens, des orfèvres, des ingénieurs en machine, des dessinateurs, le personnel administratif étant particulièrement restreint) sont extrêmement fiers de leur entreprise au sein de laquelle ils fabriquent leurs mouvements de A à Z à l'aide de machines ultramodernes.

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Installée dans la maison familiale des Lange, l'école d'horlogerie de Lange & Söhne dispose d'ateliers complets et lumineux. De quoi motiver les élèves qui entourent ici Katja König, l'une de leurs professeurs: Katja Dothe, Janine Hofmann et Bettina Kost.

Adolphe Lange invente l'alliage des spiraux

En ce qui concerne les spiraux, cet organe mythique, il faut reconnaître que Glasshütte avait une certaine expérience. Cœur de l'horlogerie est-allemande qui employait, au sein d'un «Kombinat», jusqu'à 2500 personnes pour fabriquer plusieurs millions de mouvements par an (vendus à bas prix sous la marque «Glasshütte»), la ville comptait quelques spécialistes en la matière. Spécialistes que Lange & Söhne s'est empressé d'engager. En outre, les aciers spéciaux destinés à fabriquer les spiraux ont été inventés par Adolph Lange, le fondateur de la marque et ils sont toujours produits en Allemagne. De quoi maîtriser assez rapidement une technique par ailleurs très complexe. Néanmoins il aura fallu près de dix ans pour parvenir à une qualité de tout premier ordre. Aujourd'hui, Lange & Söhne est capable de produire un millier de spiraux par jour, ce qui lui donne une grande autonomie et lui a permis de préparer, en secret, son étonnante montrebracelet chronographe à double rattrapante, une première mondiale présentée l'année dernière.

Une école intégrée à la manufacture

La manufacture de Lange & Söhne est donc absolument complète. Pour simplifier, on peut dire que, d'un côté, entre du métal brut et, de l'autre, sortent des mouvements de très grande qualité qui, s'ils étaient faits à Genève, seraient tous munis du fameux «Poinçon de Genève». Pour y parvenir, Lange & Söhne a créé sa propre école, installée dans le bâtiment originel de Lange & Söhne, rue Lange, en plein centre de Glasshütte. Des ateliers auxquels était accolée une maison d'habitation dans laquelle est né Walter Lange qui a relancé la marque avec Günter Blümlein, le patron d'IWC, dès le début des années 1990. Racheté à la municipalité, qui l'avait expropriée en 1948, et entièrement restaurée, cette magnifique maison reçoit en moyenne 25 jeunes gens qui, pendant trois ans, s'y forment au métier d'horloger avant d'entrer chez Lange & Söhne. Une formation tellement recherchée qu'ils sont nombreux à se présenter à l'examen d'entrée mais peu à parvenir à intégrer l'école. Même si l'école de la GUB communiste (Glasshütter Uhren Betriebe) existe encore et reçoit beaucoup d'élèves, car Glasshütte abrite également les marques«Nomos», «Union» et «Glasshütte Original». Ces élèves savent en effet bien que, chez Lange & Söhne, ils disposent d'une formation de très haut niveau qui leur ouvre toutes les portes.

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1. L'atelier de gravure où sont décorées les boîtes des montres suivant les demandes spéciales des clients: Daniela Schwarzbach et Antje Schaar.

2. Dans le cadre de son service après-vente, Lange & Söhne reconstruit les anciennes boîtes des montres de poche en or. Un atelier sous la responsabilité de Reiner Pellmann.

3. Toutes les platines des mouvements reçoivent un décor perlé d'une grande beauté. Celui-ci est réalisé à la main par Elke Weller.

4. Chaque pièce composant le mouvement (souvent plusieurs centaines) est entièrement polie à la main, ce qui est non seulement beau mais aussi efficace car cela empêche la corrosion.

5. Michael Bettacala.

6. Beate Weber.

7. Les mouvements de Lange & Söhne sont systématiquement assemblés deux fois. Une première fois, afin de permettre tous les réglages puis ils sont démontés, décorés, entièrement nettoyés, graissés et remontés. En effet, les platines sont en «argent allemand», un alliage de cuivre, de zinc et de nickel, aussi beau qu'antimagnétique mais extrêmement sensible aux agents extérieurs, la moindre trace de doigt se voyant, d'où la nécessité de cette double opération. Kerstin Richter procède au second assemblage.

8. L'ambiance est souvent familiale chez Lange& Söhne. Dans le bureau de conception des mouvements, on trouve, par exemple, le père et le fils travaillant côte à côte: Helmut et Burkhard Geyer. Le jeune Burkhard ayant même été un élève de l'école d'horlogerie de Lange & Söhne.

9. L'atelier des prototypes est un endroit secret où le photographe n'a pas le droit de s'approcher des établis. Il est sous la responsabilité de Rudolf Udo.

10. Célèbre pour la qualité de ses chronographes, dont le fameux «Double split» à double rattrapante, Lange & Söhne consacre un soin particulierà leur montage dans un atelier qui leur est totalement dédié. Simone Postrach est l'une des horlogères spécialisées qui y participe.

11. Lange & Söhne fabrique ses propres spiraux, entre autres pour le chronographe «Double Split», dans un atelier spécialisé où le métal est d'abord étiré jusqu'à la finesse d'un cheveu avant d'être enroulé et cuit dans un four. Le jeune Stephan Resch, qui est sorti de l'école de Lange & Söhne, travaille sous la supervision de deux ingénieurs en métaux, Reiner Kocarek, le chef du département, et Lutz Grossman.

12. Disposant de machines ultramodernes, les ateliers de mécanique de Lange & Söhne produisent tous les éléments nécessaires à la fabrication des mouvements. Ici, c'est Matthias Püschel qui contrôle l'une des dizaines de machines.

13. Fabian Krone, CEO et directeur général de Lange & Söhne, en compagnie de Arnd Einhorn, directeur des relations publiques, devant l'un des cinq bâtiments de Lange & Söhne à Glasshütte.

14. Hartmut Knothe, managing director, en charge de la production.

 

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