ETA, l’après

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ETA, the aftermath - Watches and Calibers
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Avec quoi remplacer des calibres de base ETA ? Des clones, des homologues ou avec une production en propre ? Exemples de transitions industrielles réussies.

Durant la décennie 2010, le Swatch Group a annoncé avec divers degrés d’imminence qu’il mettait fin à la fourniture de mouvements en pièces détachées à des tiers. Les innombrables marques qui s’appuyaient sur les produits fiables et bon marché de la manufacture ETA allaient devoir accepter des hausses de prix et des livraisons réduites de mouvements non personnalisés. Face à cette décision et à sa mise en oeuvre progressive, de nombreuses marques se sont tournées vers des fournisseurs alternatifs. En particulier Sellita, qui fournit des calibres interchangeables avec les calibres ETA, en a pris la part du lion. Quelques prestataires plus haut de gamme comme Soprod ou Vaucher ont baissé leurs prix pour faire face à une demande qui, malgré la crise qui a frappé les montres suisses, perdure. Ces calibres de remplacement fournissent peu ou prou la même prestation que les calibres ETA qui restent par ailleurs disponibles.

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Liberté

En parallèle, une vingtaine de marques a décidé de prendre plus de, voire une totale, indépendance manufacturière. Elles ont conçu, ou commandité, des mouvements qui leur sont exclusifs. Dans certains cas, elles ont entrepris de les fabriquer. Or, ces calibres présentent une difficulté majeure : ils sont simples. Il n’est pas ici question de chronographes, de tourbillons, de spécialités complexes fabriqués en petite série dont on corrige les erreurs en cours de route. Il s ‘agit de mouvements de base, généralement des automatiques à trois aiguilles et date. Ces bêtes de somme, comme le sont les calibres ETA, sont la colonne vertébrale de l’horlogerie mécanique. Produits en grande série, ils doivent rester économiques afin de ne pas bouleverser le prix final des montres. Et ils doivent être d’une fiabilité sans reproche, une gageure pour une production de masse.

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Prestation

Ce choix coûteux, difficile, a mené ces marques sur des trajectoires industrielles qui engagent à long terme. Et s’est révélé déterminant. Car ces mouvements que l’on qualifie de manufacture ont apporté une nouvelle diversité dans le paysage horloger et augmenté les prestations apportées aux amateurs de montres. Ils ont ainsi pu profiter des calibres BVL-191 de Bulgari, du MT5601 et ses variations chez Tudor, du 1887MC de Cartier, du Chopard 01.08-C ou de l’UN-118 d’Ulysse Nardin, entre autres réussites. Ces mouvements sont adaptés aux demandes d’aujourd’hui. Des autonomies de 60 ou 65 heures, contre 45 avant. Une grande taille. Parfois des organes réglants en silicium pour une meilleure tenue chronométrique, souvent certifiée par le COSC. Et surtout, les hausses de coût consécutives à ces basculements ne sont que partiellement répercutées sur le prix final. Et lorsqu’elles le sont, c’est parce que les prestations ont nettement augmenté comme dans le cas du calibre 110 d’Oris à 10 jours de marche.

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Enfin !

Reste le cas ValFleurier. Discrète entité manufacturière du groupe Richemont. Elle fournit en composants des marques comme IWC, Panerai ou Cartier, et propose des calibres complets et abordables depuis plusieurs années. Ainsi, elle a en catalogue un chronographe typé ETA 2824 à roue à colonnes qu’utilise désormais Montblanc dans ses TimeWalker. Mais elle a pris un nouveau tournant avec le calibre automatique que Baume & Mercier a installé dans sa Clifton Baumatic. Cette nouveauté 2018 offre 120 heures de marche, une certification COSC, un spiral en silicium à double âme et une date agrandie. Elle se vend 25 % moins cher que son équivalent avec calibre ETA ! La preuve des bénéfices qu’une industrialisation bien menée, fût-ce sur le tard, peut apporter aux amoureux d’horlogerie.

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ETA, l’après     L'avis de Paul O'Neil, Redacteur en Chef de WorldTempus.com

Il faut entre trois et cinq ans pour développer un nouveau mouvement horloger à partir de zéro, et ce n’est que ces dernières années que nous avons vu les premières vraies réactions des marques horlogères en réponse à la décision du Swatch Group du début de la décennie de réduire la livraison de ses mouvements ETA. Depuis, la situation du marché a considérablement changé et ETA recherche activement des clients. Les marques ayant investi dans leur propre intégration verticale en récoltent aujourd’hui les fruits avec des mouvements manufacture incroyables, aux dépens d’ETA. Le Baumatic dont parle David établit une nouvelle référence.