Opération lifting

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Operation Facelift  - Chronopassion
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Voilà près de trente ans qu’elle incarnait le commerce de (très) belle horlogerie sans jamais s’être refait une beauté. Après trois mois de travaux, Chronopassion a fêté sa renaissance. Visite guidée.

Des questions simples, des réponses compliquées. Faire mieux, en ajoutant de nouvelles contraintes. Investir lourdement sans aucune garantie de retour. On ne souhaiterait pas des travaux de rénovation à son pire ennemi ! Pourtant, ils sont nécessaires pour chaque mètre carré de surface de vente dans le monde.

Après 28 ans de résistance et quelques menus jardinages cosmétiques, Laurent Picciotto y a donc cédé. Chronopassion (Paris) n’avait presque pas changé de visage depuis trois décennies. Son fondateur s’est projeté dans cette aventure avec pragmatisme : « passer d’un cran de retard à trois temps d’avance ». Voilà pour la feuille de route.

Carrousels horlogers
Pour y parvenir, l’homme ne s’est fermé aucune piste. Au départ, il y avait la volonté d’une table de vente connectée, intelligente, motorisée. Créer celle que l’on verra dans vingt ans. Hélas, l’investissement est lourd, voire colossal. Le temps de R&D est estimé à plus de deux ans. Le credo de Laurent Picciotto était connu : « A la fin, au-delà de l’épaisseur de la moquette, un deal se termine toujours autour d’une table avec deux chaises ». Autant donc en profiter pour émerveiller le client avec des tables d’un autre monde mais ce sera donc pour une autre fois : trop long, trop cher.

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Fidèle en affaires, Laurent Picciotto a alors rappelé à l’ouvrage Xavier Dietlin. Le sorcier de la vitrine horlogère lui avait déjà conçu des carrousels sur mesure permettant aux passants de faire tourner sur demande des structures abritant plusieurs dizaines de pièces.

Au dessin général de la boutique, Xavier Casals, designer. Laurent Picciotto lui pose trois charges : plus de lumière, plus d’espace, plus de vitrines. « Nous ne pouvions plus exposer toutes nos montres », explique-t-il. « Il y a près de 30 ans, Chronopassion avait été conçue pour une seule marque : Gérald Genta. Aujourd’hui et depuis un certain temps, nous représentons une trentaine de maisons. Si nos clients fidèles ne nous poussaient pas du tout au changement, habitués à un certain esprit maison, d’autres plus récents se croyaient dans une maison de vente d’occasion ! Il fallait rétablir une certaine noblesse d’exposition pour nos pièces ».

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Esprit maison
Le résultat surfe sur les tendances du moment : bois, moquette, longues vitrines linéaires, apport de lumière en tous points. Efficace...mais convenu, voire déjà vu ? Certains amateurs vont regretter la touche « Picciotto », ces guitares et skulls qui clairsemaient la boutique, ces surfaces parfois encombrées qui recelaient des trésors cachés. « Pour le moment, le résultat est tellement exceptionnel que l’on n’ose effectivement pas véritablement le customiser », sourit l’intéressé, « mais tout cela va probablement se ‘picciottiser’ dans les semaines à venir... ».

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Reste certaines barrières qui ne seront pas franchies : pas de tablettes (« A quoi cela sert-il de montrer des films que les clients ont déjà vu sur le web ? »), pas d’écran géant (« Je ne suis pas vendeur de télé »), plus de back-office en arrière boutique (« Pour quoi faire ? Tout est digitalisé »). Au final, l’essentiel est préservé et même développé : aujourd’hui plus qu’hier, on se promène chez Chronopassion avec toujours le même plaisir de parcourir un sanctuaire de la plus belle horlogerie mécanique au monde. Prochain lifting en 2045 ?

 

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