Opéra par Manufacture Royale

A la fois sculpture et montre compliquée, ce premier modèle joue de façon inédite avec l'idée de démesure.

WORLDTEMPUS - 23 décembre 2010

Louis Nardin

Watch Selection_329524_0« Extra-ordinaire ». Arnaud Faivre, fabricant reconnu de composants horlogers et fondateur de Manufacture Royale recourt fréquemment à ce double mot pour expliquer l'Opéra, la première montre de sa marque. L'exagération, l'opulence et la complexité technique sont depuis toujours liées aux réalisations horlogères les plus extravagantes. Et Arnaud Faivre revendique ce parti-pris. Mais l'Opéra qui a réuni en particulier le sculpteur Charles Grosbety pour la boîte - à soufflets - et La Fabrique du Temps pour le calibre - tourbillon à répétition minutes  avec roue et ancre d'échappement en silicium – intrigue autant qu'elle présente de l'intérêt.

Inspirée de l'architecture de l'opéra de Sydney, la boîte se compose de lamelles qui s'emboîtent l'une dans l'autre. But de cette construction : créer une cage de résonnance la plus vaste possible pour libérer le son des timbres. Les notes, effectivement, résonnent longtemps et se diffusent bien. Mais cette boîte rutilante étonne aussi par sa taille – 50mm de diamètre - et la lourdeur assumée de ses formes. C'est que Charles Grosbety aime montrer le côté lourd et pesant des métaux précieux qu'il travaille. L'Opéra ne déroge pas à la règle et sous sa main, l'or et le platine semblent avoir augmenté de densité. Sculptées dans ces mêmes métaux suivant les versions, l'aiguille des heures et celle des minutes amènent pour leur part une tension entre leurs rondeurs et les composants nets et techniques du calibre visible en dessous. A cette accumulation de matière et de technicité répond un prix astronomique : comptez 1,2 millions de francs pour acquérir l'un des 12 modèles disponibles.

Mais justement, cette nécessité d'évoluer en dehors des limites constitue l'un des fondements de la Manufacture Royale. De par son nom, par exemple, qui se réfère directement à Voltaire et à sa manufacture qu'il avait baptisée ainsi et édifiée à Ferney, en France, juste de l'autre côté de la frontière genevoise. La marque a d'ailleurs négocié un arrangement avec les autorités pour pouvoir disposer du château du célèbre homme de lettres lors de présentations ou pour des rendez-vous particuliers. Pour ce prix, le client recevra également un second mouvement, en kit, prêt au montage et déposé chez un notaire. Il sert de garantie et ne pourra être utilisée que si la marque devait péricliter. D'autres choix confirment encore que la Manufacture Royale a sciemment choisi d'évoluer loin des catégories usuelles. Véritable fruit de la passion, l'Opéra doit maintenant trouver sa clientèle. Et là encore, comme depuis les débuts, c'est un nouveau pari de taille qui attend Arnaud Faivre. Sa ténacité, son enthousiasme et sa volonté devraient faire qu'il y parvienne.


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