Maurice Lacroix : la belle noire

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MASTERPIECE SKELETON LABEL NOIR
La maison de Saignelégier dévoile sa seconde collaboration avec le studio de design genevois Label Noir. Une Masterpiece audacieuse, squelette, en série limitée, avec laquelle Maurice Lacroix prend certains risques.

L’aveu n’est pas commun. Il est de Stéphane Waser, directeur général de Maurice Lacroix : « Chez Maurice Lacroix, nous nous efforçons d’être inventifs dans tout ce que nous faisons. Néanmoins, nous reconnaissons que, à certaines occasions, collaborer avec d’autres créateurs permet d’obtenir une synergie gagnante ». La phrase paraît anodine. Elle ne l’est pas. Ce qu’affirme sans ambages Stéphane Waser est que, chez Maurice Lacroix, la règle, c’est la production maison. L’exception, la collaboration. 

On aurait pourtant fini par douter de cette évidence, tant les « collab » ont inondé le marché horloger. À tel point que certaines marques en sont devenues totalement dépendantes et peinent à se construire leurs propres collections, à dégager leur identité. 

Masterpiece Skeleton Label Noir © Maurice Lacroix
Masterpiece Skeleton Label Noir © Maurice Lacroix

Trois piliers

Rien de cela Maurice Lacroix. La marque repose en grande partie sur trois piliers que sont l’Aikon (urbaine), la Pontos (sport) et les Masterpiece (horlogère), même si la première est, de loin, son principal vecteur de croissance. Raison de plus pour travailler plutôt les segments les moins visibles. C’est tout l’objet de la collaboration avec Label Noir sur la collection Masterpiece. 

Le pari n’en reste pas moins audacieux, car la pièce s’affiche à 7'350 euros, loin devant le panier moyen dépensé chez Maurice Lacroix (une Aikon se négocie en moyenne 2'400 euros). La Masterpiece Skeleton Label Noir est donc un produit d’exception. Fallait-il viser si haut ? La question n’a pas de bonne réponse. Visez plus bas, et l’on vous accuse de brader la belle horlogerie. Visez plus haut, et l’on vous taxe d’être hors de votre pré carré. Passons donc au-delà du positionnement de la pièce. Après tout, il ne concernera qu’un nombre très limité d’acquéreurs, puisque cette édition ne sera éditée qu’à 288 exemplaires. 

Masterpiece Skeleton Label Noir © Maurice Lacroix
Masterpiece Skeleton Label Noir © Maurice Lacroix

Série très limitée

Il s’agit ici de la seconde synergie entre Maurice Lacroix et Label Noir, la première ayant porté en 2020 sur une Aikon. Une forme de test, un exercice de style relativement convenu avec une série limitée entièrement noire, fort réussie mais attendue. Le marché a répondu présent, mais le risque était restreint : la collaboration ne portait que sur 50 exemplaires. 

Le pari est donc bien plus important pour ce second volet. Aussi bien le prix que le volume de pièces sont multipliés quasiment par trois. L’approche est contre-intuitive car la Masterpiece Skeleton Label Noir est en réalité un produit plus exclusif, que l’on aurait prédit à un nombre plus restreint de collectionneurs.

Masterpiece Skeleton Label Noir
Masterpiece Skeleton Label Noir © Maurice Lacroix

Les enjeux du squelette

Son diamètre passe à 43 mm, comme c’est l’usage pour la collection Masterpiece. La finition reste intégralement noire, mais plus lumineuse puisque le mouvement est squelette. C’est un exercice très apprécié des collectionneurs : en ajourant la totalité des composants du mouvement, on crée de nouveaux volumes, de nouvelles surfaces, et surtout bien plus d’angles rentrants qui sont autant de points de finition que les collectionneurs scrutent avec d’attention. En somme, avec un mouvement squelette pour collectionneurs avertis, ça passe, ou ça casse. Si l’exercice est correctement fait, le client adhère. Autrement, la sanction sera immédiate...

Dans la Masterpiece Skeleton Label Noir, force est de constater que le soin est de mise. Les surfaces sont très travaillées. Le corps des ponts est grené. Leurs bords font l’objet d’un très beau lamé mat, évoquant de très fines cotes de Genève – Label Noir étant genevoise, le lien a du sens. 

Masterpiece Skeleton Label Noir © Maurice Lacroix
Masterpiece Skeleton Label Noir © Maurice Lacroix

Tous les composants mobiles sont polis miroir. La symétrie du mouvement est atypique : elle se déplie suivant un axe 11h – 5h, entre l’échappement (en haut) et le barillet (en bas). Même le couvercle de ce dernier a été squeletté. C’est une démarche assez rare, mais qui permet de voir le ressort de barillet dans ses différents états de tension – un peu comme si l’on pouvait jauger, à l’œil nu, de la réserve de marche de la pièce. La finition du rochet de barillet (partie mobile à 5 bras visibles entre le pont de barillet et le barillet lui-même) reçoit une décoration colimaçonnée du plus bel effet. Une courte vidéo permet de voir l’ensemble en mouvement. 

Livrée sur un bracelet nylon noir, la pièce est d’ores et déjà disponible. Quatre années ont passé entre les deux collaborations avec Label Noir. Les paris sur le prochain chapitre sont déjà ouverts, mais gageons qu’il ne s’écrira pas avant 2028...

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