Qui a pu côtoyer Michel Parmigiani sait que l’homme n’est heureux que dans la discrétion et la simplicité. Aujourd’hui retiré des affaires et passablement éloigné de l’établi, il demeure l’un des plus grands restaurateurs d’horlogerie traditionnelle, inépuisable source d’inspiration au creuset de laquelle il a fondé la manufacture qui porte maintenant son nom, Parmigiani Fleurier.
Michel Parmigiani n’est pas du genre à profiter de son anniversaire pour s’autocélébrer, loin s’en faut. Tout juste pourra-t-on, peut-être, apercevoir sa silhouette longiligne au prochain Watches and Wonders. Qu’importe : la manufacture « PF », pour les intimes, a saisi l’occasion pour commettre une pièce unique, hautement symbolique. Son nom : L’Armoriale.
D’hier à aujourd’hui
Le projet est intime, précieux. Il devait lier l’histoire de Michel Parmigiani dans la restauration et refléter la sensibilité artistique de la manufacture. Nouer passé et présent. Célébrer un moment fort mais rester dans la retenue et l’humilité. Conjuguer le savoir-faire suisse et le tropisme italien cher à l’horloger, dont la famille est originaire de Mantoue.
Le projet L’Armoriale est né il y a près d’un an. Côté cœur, la pièce bat au rythme singulier d’un calibre du 19e siècle. Il s’agit d’un Golay Leresche & Fils. Il date de 1890. Il porte le numéro individuel N° 19052. Il fut conçu pour une montre de poche, la montre-bracelet n’étant pas née à l’époque. Comme le veut alors l’usage, il bat à la douce fréquence de 2,5 Hz, soit 18’000 alternances par heure, pour 30 heures de réserve de marche. C’est une fréquence lente, oubliée en horlogerie contemporaine (Arnold & Son, par exemple, continue à offrir, par tradition, des mouvements cadencés à 3 Hz).
Ses complications témoignent de l’excellence de la maison genevoise Golay Leresche & Fils : répétition minutes et chronographe à seconde centrale, sans compteur (donc un chronographe mono-aiguille de 60 secondes, ce qui est assez rare).
Implication personnelle
Ce mouvement, Michel Parmigiani l’a personnellement restauré. Ses généreuses dimensions (40,4 mm) lui offrirent aussi la possibilité d’y adjoindre un quantième perpétuel. Le calibre Golay Leresche & Fils est donc également doté d’un QP développé par Michel Parmigiani lui-même en 1985.
L’ouvrage a été réalisé dans le cadre de ses anciens ateliers PMAT (Parmigiani Fleurier Mesure et Art du Temps), juste avant la création de la maison Parmigiani Fleurier. Le mouvement peut être admiré une fois le couvercle de la boîte ouvert, au dos duquel est apposée la signature personnelle de Michel Parmigiani.
Décorations 100 % manuelles
Côté décoration, Parmigiani Fleurier a vu grand, dans tous les sens du terme. La boîte mesure 58 mm de diamètre pour 17,7 mm d’épaisseur – c’est évidemment une montre de poche. La gravure du couvercle reprend les motifs de marbre du sol du Palazzo Te, en Lombardie. Chaque cavité est creusée à la main dans l’or blanc, puis emplie d’émail rouge, jaune ou brun, avant d’être passée au Grand Feu. L’émail reste malgré tout translucide. Cette subtilité permet de voir que chaque ton (rouge, jaune ou brun) est associé à une finition précise, martelée à la main sur le couvercle. Un autre motif finement incisé se déploie côté cadran, joliment nommé « Mezzo Vibrato » par Parmigiani Fleurier.
La pièce est unique, livrée avec une chaîne réalisée sur mesure qui reprend les gravures de la carrure de la boîte. Elle est offerte avec un écrin lui aussi créé spécialement pour L’Armoriale. Son prix n’a pas été communiqué mais pourrait comporter sept chiffres.
