Si l'on regarde l’histoire du noir en horlogerie, le retard est patent. En comparaison d'autres domaines, les bijoux, le vêtement, le mobilier ou l'automobile, la montre a un train de retard. Il lui manquait les bons matériaux. Les premières générations de boîtes en PVD noir s’abîmaient comme un rien, largement insuffisantes pour des zones aussi exposées qu'un boîtier, une lunette. Puis est arrivée la céramique et enfin, des traitements de surface plus performants, comme le DLC, avant les infinies variantes du carbone. Depuis, le noir est rentré dans le rang, en quelque sorte. Il est une couleur comme une autre, déclinée de mille manières. Et l'une des plus en vogue consiste à miser sur le contraste de couleurs.
L'idée est donc de mêler le noir d'un cadran ou d'une boîte, voire les deux, avec des attributs secondaires de couleur or. Ces derniers ne dominent pas la montre. C'est le sombre qui règne et on y ajoute un éclair de lumière. Chez Bulgari, l'Octo bénéficie donc d'une lunette inférieure, d'index et d'aiguilles en or, ainsi que la couronne. Le reste est teinté PVD. Chez Cyrus, c'est la boîte qui est en or mais cachée par une lunette noire très présente. A ces options assez sportives il faut ajouter celles, plus précieuses, où le métal clair prend plus de place. La boîte d'une Parmigiani Kalpa Qualité Fleurier est donc tout or rose, mais à nouveau, ce n'est pas lui qui semble l'emporter visuellement.
Idéalement, la teinte d'or est vive, tranchante, et donc le matériau de prédilection de ce petit registre est l'or jaune. Mais l'or rose convient parfaitement, dans une tonalité plus douce. Dernier arrivé sur le créneau, le bronze, moins coûteux, plus mat, extrêmement souple dans ses usages, remplace avantageusement le métal précieux. Montblanc et Bell&Ross en exploitent les reflets moins vifs et plus sportifs.
Le spectre des jeux de dominance entre les deux teintes est large. Un touche dorée dans le mouvement de la Skeleton X, complété par quelques moirures dans la boîte en Carbonium chez Ulysse Nardin. Un cadran champagne vs. des compteurs noirs, soutenus par un bracelet Oysterflex et une lunette Cerachrom pour une Daytona de Rolex. A mi-chemin entre les deux, une boîte et un cerclage de lune en or chez Jaquet Droz, où le cadran en laque Urushi qui fait vivre la lumière dans une Grand Seiko Elegance.
Ainsi, dans ce jeu d'ombre et de lumière, tout est question de proportions. Plus précieux ici, plus sport là, coûteux ou plus abordable, la montre noire et or est pleine de curseurs. Il suffit de choisir lesquels pousser et sélectionner son dosage.
