Les partenariats liant marques automobiles et maisons horlogères sont monnaie courante – ou plutôt roulante. Cependant, une marque horlogère pionnière donne à cette synergie de longue date une tournure unique. Expert en personnalisation et partenaire de TAG Heuer, le Bamford Watch Department (BWD) et le designer Black Badger ont collaboré à la création d’une série exclusive de montres TAG Heuer Carrera Calibre 5 dotées de cadrans en Fordite, un composite polymérisé à l’aspect strié, formé de couches séchées et durcies de peinture automobile.
La Fordite provient des usines Ford du Michigan, aux États-Unis. Elle consiste essentiellement en peintures de couleurs - apprêt, peinture, couche de finition – qui sont pulvérisées sur les divers éléments des voitures, des portes à la carrosserie. Avec le temps, les couches de peinture s'accumulent sur les chaînes de montage et doivent être enlevées. « Elles gênent les rouleaux, et doivent alors être déchiquetées et jetées », explique Black Badger, alias James Thompson, qui a acheté la Fordite à un parent d'un ancien employé de l'usine Ford. « De prime abord, cela paraît inutilisable. La couche de couleur la plus externe contient des poils de sourcils ou du ruban adhésif collés dessus, un véritable déchet. »
Mais une fois découpée en lamelles, la Fordite, aussi appelée agate de Detroit, se révèle être un trésor inattendu.
« Lorsqu’on la découpe, elle ressemble aux pages d’un livre », dit Thompson. Un motif psychédélique ondoyant se révèle, et aucune tranche n’est semblable à une autre. « On ne sait jamais ce que l’on va trouver. Et on ne peut jamais dupliquer le dessin. »
La Fordite utilisée dans les montres BWD x Black Badger provient spécifiquement des années 1970 à 1990. Elle a été poncée pour obtenir des cadrans très fins et seules dix TAG Heuer Carrera Calibre 5 noires ont été réalisées. Elles sont vendues 5’500 £ pièce via BWD (voir la galerie-photos, en haut de page).
« C’est du recyclage ultime », déclare George Bamford, fondateur du Bamford Watch Department. « Quelque chose de laid jeté à la poubelle et qui est transformé en quelque chose de beau. » Bien qu’il ait travaillé avec plusieurs marques du groupe LVMH en plus de ses propres montres, Bamford a finalement choisi le modèle Carrera, en noir, couleur signature de BWD. « Je voulais quelque chose de simple et il fallait que ce soit une Carrera », dit-il. " Et ça a marché. "
Ce minimalisme est un territoire nouveau pour Thompson. Le designer suédois né au Canada est connu pour travailler avec un composite lumineux, à la brillante particulièrement durable, fabriqué à partir de blocs massifs, qu’il utilise pour illuminer bijoux et montres (MB&F est un ancien collaborateur).
Mais Bamford avait été très clair : « Nous ne voulions pas de flamboyant. Je voulais exactement le contraire. Aller à l’encontre de ce pour quoi Black Badger est connu. Cette montre devait être différente. »
Thompson a finalement trouvé la solution, au terme de « beaucoup de self-control et de retenue », se souvient-il. " Il aurait été tellement facile de faire une montre qui ressemble à un sapin de Noël ou à un accessoire de cinéma, et d'en faire trop. "
En outre, cette collaboration a donné à BWD une chance d’élargir ses propres horizons comme ceux de TAG Heuer. Ces dernières années, la maison suisse s'est aventurée sur d’autres terrains que l'horlogerie. Pensez à sa Monaco V4 à quatre barillets - avec une structure en forme de V supportant les quatre barillets, un design qui rappelle les cylindres d’un moteur de F1 - ou ses modèles Formula 1 qui promettent performances à grande vitesse et précision.
« Je suis complètement obsédé par TAG Heuer », avoue Bamford, grand fan de sport automobile. Il ajoute que la collaboration avec Black Badger a vu BWD mettre au point un nouveau processus de fabrication de cadran pour la Fordite. « Ces montres font partie intégrante de ce que nous faisons, à savoir explorer la personnalisation et cet effet « waouh ! » de posséder quelque chose d’unique. La collaboration est entre James et moi, mais ce qui est génial, c’est qu’elle a aussi conduit TAG Heuer dans des univers différents et lui a fait faire des choses inattendues. »