La soixantaine rugissante

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Entering the Roaring Sixties - TAG Heuer
La Carrera de TAG Heuer est un mythe horloger qui, cette année, fête ses 60 ans

Il en va des anniversaires en famille comme en horlogerie: de bons moments pour retrouver des anecdotes oubliées. Les 60 ans de la Carrera de TAG Heuer ne font pas exception. 60 ans, c’est à la fois très jeune en horlogerie, et très ancien dans l’univers du chronographe. 

Les modèles nés à cette époque sont iconiques à au moins trois titres. Le premier, parce qu’ils sont les témoins d’un tournant technique et sociétal, où le chronographe quitte sa fonction première (et bien souvent professionnelle) pour s’arrimer au poignet des amateurs de belles montres – qu’ils soient ou non coureurs de métier. Le deuxième, parce que les chronographes nés dans les années 1960 ont vécu une révolution: le passage du chronographe manuel à automatique. Enfin, troisième raison: ce sont des pièces fondées sur la chronométrie, un art balayé dans les années 1970 et 80 par les mouvements à quartz, aussi abordables que précis… 

La soixantaine rugissante

La TAG Heuer Carrera a survécu à tout cela, et à bien d’autres péripéties encore – notamment la transformation de l’entreprise Heuer en TAG Heuer, ou encore l’arrivée de petites sœurs qui n’ont pas manqué de la bousculer, notamment la TAG Heuer Monaco. Au final, sur 60 ans de vie, la pièce n’aura connu qu’une brève interruption de 12 ans, entre 1984 et 1996. 

La TAG Heuer Carrera est une montre bien née et bien nommée. La course qui lui donne son nom, la Carrera Panamericana, serait presque tombée dans les oubliettes, avec seulement cinq éditions, si la création de TAG Heuer ne portait pas son nom! C’est aussi une pièce remarquablement portée en son temps par Jack Heuer lui-même. L’homme avait compris la puissance de ce que l’on nomme aujourd’hui le marketing et les ambassadeurs. Il l’a offerte à chaque nouveau pilote Ferrari, dont Heuer fut partenaire à partir de 1971, y compris Niki Lauda et Jo Siffert. Pour flatter leur ego, il leur a fait porter une référence en or massif, la 1158, initialement dessinée pour célébrer l’entrée en bourse suisse de la maison. Mick Jagger fut lui aussi propriétaire d’une Carrera, la réf. 1153. 

La soixantaine rugissante

Bien conçue dès le départ

Mais la notoriété ne suffit pas si le produit n’est pas, dès le départ, bien conçu. La TAG Heuer Carrera l’est. Dès 1963, son verre acrylique se dote d’un anneau de tension qui permet de libérer de l’espace sur le cadran. L’échelle du 1/5e passe sur le rehaut, à l’extérieur des index. La pièce est plus propre, plus lisible. 

De même, les premiers modèles sont panda (compteurs noirs sur fond blanc) ou reverse panda: tout est conçu pour la lisibilité. L’efficacité suit de près, avec l’introduction en 1969 du premier mouvement chronographe automatique. Le tout premier lot de cette référence 1153 avait une mention «Chronomatic» qui n’est pas restée longtemps : les consommateurs n’en ont pas bien compris le sens. Elle a donc été remplacée par «Automatic Chronograph», plus explicite, sur la moitié inférieure du cadran. 

Il serait néanmoins injuste de réduire la TAG Heuer Carrera à ses premières années de gloire. La pièce a aussi souvent servi de plateforme technologique sur laquelle TAG Heuer a écrit l’avenir : avec la Carrera dotée du Calibre 1887 en 2010, qui donnera naissance au Calibre Heuer 01 Manufacture en 2015, la Carrera Pendulum Concept également en 2010 (qui utilisait des aimants pour réguler son mouvement), la Carrera «Tête de Vipère» Chronographe Tourbillon Chronomètre en 2018, ou encore la Carrera Heuer 02T Nanograph avec spiral en carbone en 2019. 

La soixantaine rugissante

Millésime 2023 

En janvier, TAG Heuer ouvrait les festivités des 60 ans avec une première édition limitée (600 pièces), réinterprétation d’une référence très prisée, panda, de la fin des années 1960 (réf. 2447 SN), animée par un Valjoux manuel. Aujourd’hui, TAG Heuer annonce trois ensembles de nouveautés qui viennent honorer cette figure de la belle mécanique Swiss Made. Dans le premier, sobrement nommé TAG Heuer Carrera Chronograph, la pièce se restreint à un diamètre de 39mm. Outre le caractère historique qu’il convoque, c’est aussi un format contemporain unisexe. 

Sa boîte en acier est coiffée d’un verre saphir en forme de dôme, dit «glassbox», qui évoque la géométrie des verres hésalite des années 1970. Le saphir d’aujourd’hui reprend le principe d’une courbure verre / boîte harmonieuse et non déformante. De la même manière, le rehaut et les index ont été incurvés. Conformément à l’objectif initial de Jack Heuer, ce développement est plus qu’esthétique — il signifie également que le tachymètre peut être lu sous un plus large éventail d’angles. Les poussoirs ont également été redessinés pour offrir un contrôle plus précis sur le chronographe. 

La soixantaine rugissante

Cette référence est proposée en deux variations : cadran bleu ou «panda inversé» noir et argenté plus racé. Chacune est dotée d’un nouveau mouvement, le TH20-00, évolution du calibre Heuer 02, qui comporte notamment un nouveau remontage bidirectionnel, pour 80 heures de réserve de marche. Une troisième version ferme la marche, dotée du nouveau calibre manufacture TH20-09 certifié COSC à tourbillon, visible à 6h au sein d’une boîte passée pour l’occasion à 42mm. 

En parallèle, deux nouvelles références plus colorées et dynamiques voient le jour, toutes deux en boîte acier de 42mm. Leur distinction est dans le cadran: bleu ou noir, décoré d’un anneau orange dégradé qui court sur le pourtour et rappelle les compteurs de vitesse des voitures de course classiques. Leur esprit racing est animé par le calibre manufacture Heuer 02. 

Enfin, la TAG Heuer Carrera Date de 36mm, affinée de 2mm, est aujourd’hui déclinée en quatre cadrans très colorés : bleu, opalin, fuchsia et vert. Une pièce date effrontée et dynamique qui, pour l’occasion, passe du Calibre 5 au Calibre 7, et donc de 38h à 56h de réserve de marche.

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