Elle nous manque : TAG Heuer Carrera MP4-12C

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The one that got away: TAG Heuer Carrera MP4-12C - TAG Heuer
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Avec un McLaren alors débutant sur le marché de la supercar de série, TAG Heuer avait produit ce chronographe coloré, très affûté, hors de prix mais terriblement cool

En 2011, TAG Heuer s'associait avec la marque McLaren Automotive, lancée pour de bon sur le marché de la voiture de série. Intimement lié à l'univers auto, TAG Heuer avait l'habitude d'intégrer des codes exogènes dans ses montres, avec comme exemple le plus frappant les séries Gulf. Mais avec la TAG Heuer Carrera MP4-12C, on avait affaire à autre chose. Il s'agissait d'une montre pensée pour s'aligner sur un niveau de prestige nouveau, avec un design très cool, dans un style qui ne se faisait pas tellement à l'époque : portable, coloré, fun, très bien dessiné. 

Ce n'était pas la première montre créée en partenariat avec une marque automobile. Ce n'était pas non plus le premier chronographe de sport typé racing et pas non plus le plus extravagant. Il faut se souvenir qu’en 2011, on en voyait de bien plus fous, grands, chers, bariolés et de bien moins portables. En un sens, cette montre annonçait tout ce qui se déroule depuis deux ans sur le mercato de l'auto-horlo. 

En 2011, McLaren lançait la première d'une longue série de voitures de série, la MP4-12C. La nomenclature de la marque a évolué depuis, ses partenariats aussi (depuis 2016, elle travaille avec Richard Mille), mais il reste un esprit inchangé à Woking: fluidité des lignes, couleurs vives, moteurs au rendement ultra élevé, exclusivité très forte et une clientèle un peu à part, qui veut une sportivité absolue. A l'époque, TAG Heuer était aussi sur une autre trajectoire. Elle ne cessait de monter en gamme avec des modèles de plus en plus sophistiqués, issus d'une recherche foisonnante sur la haute fréquence, le chronométrage de haute précision et un esprit libéré par l’euphorie du marché.

Elle nous manque : TAG Heuer Carrera MP4-12C

A la croisée de ces deux stratégies, on a donc vu émerger la TAG Heuer Carrera MP4-12C. Son boîtier est en titane sablé, de 43 mm et vraiment léger. Jusque là, rien d'anormal. Le cadran est en véritable fibre de carbone, et là, on est dans la nouveauté parce que la vraie fibre (pas les motifs peints ou étampés) était rare et chère et donc réservée à des modèles coûteux. D'autre part, sa découpe partielle, qui enchaîne sur un verre saphir fumé, donne une vue plongeante sur le dessus du mouvement, ce qui était aussi une rareté. Surtout qu'il y en avait à voir sur cette face, d'ordinaire bien plus fade. Plus intéressant encore: les index. En applique, assez léchés, avec une typo très technique, ils démarrent par un zéro au lieu du traditionnel 12, un clin d'oeil au compte-tour de la McLaren. 

D'autre part, le bracelet est en Alcantara, un synthétique doux, très haut de gamme et résistant, pensé pour les contraintes des sièges baquet. Il devait donc pouvoir résister à celles du poignet. Superposé à une pièce perforée et à la couture orange, il avait aussi un envers orange, qui a du bien mal vieillir depuis.

La Carrera MP4-12C avait donc ce jeu de couleurs qui n'est pas forcément pour tout le monde. Mais à titre purement personnel, j’adore l'orange (dénommé « papaye » par la marque) comme couleur signifiant la nervosité, une forme gérable d'agressivité technique, surtout accordé avec le gris. De plus, c'était la couleur que McLaren avait utilisée pour promouvoir sa MP4-12C, donc on était en pleine logique de marque. 

Puis il y avait le mouvement. Ah, ce mouvement ! Il était facile de passer à côté de tout ce qu'il avait d'intéressant. D'abord une origine Dubois Depraz. Ensuite, un flyback, qui est tout aussi utile dans une voiture que dans un avion, son univers de référence. Mais aussi une grande date à double guichet, encore une rareté. Et surtout, je cite, «un calendrier semi-perpétuel nécessitant un seul réglage annuel en février», c'est à dire un quatrième annuel qui ne disait pas son nom, avec date et mois seulement. Il s'agissait donc là d'un ensemble de complication très inhabituel, pensé pour justifier un prix exorbitant pour une Carrera : 14 900 $ de l'époque. Soit trois fois le prix d'un équivalent standard.

TAG avait fait essayé de faire passer la pilule en la réservant aux showrooms McLaren et en la limitant à 1000 exemplaires. Rétrospectivement, si la première intention était bonne, la seconde bien moins car à ce tarif là, il fallait vraiment être fou de McLaren. Au point qu’on peut se demander si toutes ont bien trouvé preneur. 

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