Elles ne sont pas toujours au premier plan. Cachées dans des vitrines, dont on les extrait surtout pour des présentations privées, les montres de haute joaillerie du SIHH sont pourtant un spectacle d’importance. Elles sont rares, souvent uniques, toujours exceptionnelles et c'est avant tout leur beauté qui les distingue.
En effet, dans ce petit monde, animé par une poignée d'acteurs assidus, les pierres sont un outil au service de la création. Ce n'est donc pas tant leur poids que leur lumière qui compte. C'est par leur pouvoir d'évocation et de réfraction qu'elles brillent le plus.
Quand Parmigiani crée sa Boa, c'est uniquement avec des diamants baguette. Les contraintes naturelles de cette taille ont mené à un garde-temps étroit, composé d'une multitude de plans inclinés, jamais sur le même angle semble-t-il. La lumière rebondit dessus, dans un chaos qui déroute délicieusement l'oeil.
Certaines sont des extrapolations de modèles courants, poussés un ou deux crans plus loin dans la logique du sertissage. La Jaeger-LeCoultre Rendez-Vous Night & Day Jewellery est ainsi sertie de diamants plus importants, mais surtout, ils le sont en serti griffe au lieu d'un serti rail. Les pierres en ressortent plus éclairées, plus lumineuses, plus impressionnantes.
C'est également par la technique que la Limelight Gala dernière génération se distingue. En créant des cornes plus longues, plus plongeantes et serties de diamants en chute, Piaget a transformé ce classique asymétrique. En utilisant un serti descendant, plus ouvert, il lui a donné accès à une nouvelle dimension.
Bien sûr, la masse a des effets particuliers. Le pavage totale d'une surface, sa transformation en miroir aux facettes infinies, est une technique classique. Moins classique lorsque c'est HYT qui s'en empare pour son H0 Time is Precious. 1206 diamants sur un cadran et sur ses hautes tranches, dans un boîtier de cette taille, c'est un spectacle pas commun.
Encore moins commun, la vision à la fois botanique et minérale que représente Archipel, une montre de haute joaillerie signée Cartier qui imite un sabot de Vénus. Cette orchidée est pavée de diamants, rehaussés de grenats et d'une immense opale. Cette pierre de centre brille de son iridescence caractéristique, mais aussi de ses micro-structures arrondies, multicolores et qui renforcent encore l'impression naturaliste.
Lorsque cette logique est poussée au delà des limites, l’objet en devient inclassable. La Sapphire Orbe d'Audemars Piguet est ainsi une espèce d'ovni horlo-joaillier, composé de grandes feuilles d'or toutes en hauteur, toutes enchevêtrées. Elles sont entièrement pavées de saphirs, une couleur par feuille, six couleurs au total. Cette folie pure faite de 12 103 pierres précieuses a nécessité plus de mille heures de sertissage, soit près de 7 mois rien que pour cette partie du travail. Mais là encore, ce n'est pas le chiffre qui compte. C'est l'écarquillement des yeux que la montre provoque.
