L’effet MB&F

Image
The MB&F effect - Reuge
3 minutes read
Reuge s’est associée à MB&F pour donner vie à la Music Machine du collectif horloger. Un coup de projecteur unique qu’il s’agit maintenant de vivre sur le long terme.

A Baselworld, il y avait un « friend » bien visible, chez MB&F : la maison Reuge. Si les initiés de l’horlogerie en sont coutumiers, ce fut pour le grand public une belle découverte. La maison, centenaire, est l’une des dernières à concevoir et réaliser des boîtes à musique artisanales.

C’était là un coup de projecteur assez inespéré pour Reuge. La marque œuvre principalement pour des commandes spéciales ou des Etats. La discrétion diplomatique est son lot quotidien. Avec la Music Machine (photo ci-dessus) pilotée par le détonnant Max Busser, la paisible Reuge a bénéficié d’une exposition médiatique aussi intense que courte (lire notre article "La confession de Maximilian Büsser) !

L’enjeu, à présent, est de capitaliser au mieux sur cet éclairage pour le faire vivre et accélérer la croissance de l’entreprise. Objectif : développer sa notoriété, intéresser de nouveaux publics. « Nous avons effectivement constaté une demande plus marquée des clients finaux », souligne Kurt Kupper, CEO. « Nous en comptions déjà un certain nombre mais, jusqu’à présent, nous nous adressions principalement à des détaillants et des entreprises ».

 

Reuge Ferrari boite à musique


Psychologie musicale

Au quotidien, Kurt Kupper concède que le domaine exploré par la Music Machine a ouvert de nouveaux horizons. « Max déteste tout ce qui est commun et habituel ! », sourit le CEO, « mais notre mode de fonctionnement nous a servi pour bien comprendre son univers et développer ensemble la Music Machine ».

Ce mode de fonctionnement, le public ne le voit pas. Il concerne l’ensemble de la réflexion et de la conception en amont du produit. Qui pourrait deviner qu’un cadeau diplomatique puisse prendre jusqu’à neuf mois d’études préalables ? « Pour chaque demande, nous faisons presque un travail de psychologue », poursuit Kurt Kupper. « Dans un contexte politique, par exemple, il faut saisir la culture de celui qui offre, de celui qui reçoit, de leurs rangs protocolaires et de la mission associée au cadeau. Il y a énormément de recherches. Pour une entreprise, c’est sensiblement la même chose ». Et pour MB&F ? « Pareil, mais là nous nous sommes également beaucoup amusés, c’était très stimulant ! », se souvient le CEO.

 

Reuge Kurt Kupper


Toys for boys

L’effet MB&F ne s’est pas porté que sur la conception produit. Reuge, avec cette réalisation très médiatique, a vu arriver des commandes de boutiques spécialisées dans les accessoires. Une belle ouverture pour une marque essentiellement positionnée sur les points de vente horlogers : « C’est une évolution des mentalités », détaille Kurt Kupper. « Un détaillant qui possède 50 ou 51 marques, fondamentalement, ne vendra qu’une seule montre à un client entré dans sa boutique. En revanche, avec une Reuge, il a saisi qu’il pourra proposer un garde-temps... et un accessoire. Lui, nous, le client final, tout le monde y gagne ».

 

"Notre métier est la conception d’objet de luxe, pas de masse"

Reuge deviendra-t-elle le dernier accessoire masculin à la mode ? La diversification est bel et bien l’effet recherché après Baselworld. Il ne s’agit pas nécessairement de produire plus, mais de ventiler différemment ses ventes.

En fin de compte, on en viendrait presque à se demander si Reuge ne chercherait pas sa carte d’accès au grand public. On s’habitue rapidement au crépitement des flashs... Pourtant, là ne semble pas être l’objectif de Reuge. La raison tient en quatre lettres : luxe. « Notre métier est la conception d’objet de luxe, pas de masse. J’aimerais au contraire aller de plus en plus vers le sur-mesure. Ce n’est pas une question de produit, mais de service. La valeur ajoutée suisse tient à l’ingéniosité, à la matière grise».

 

Reuge-Lancome


Objectif 2015... et au-delà

Dans l’immédiat, Reuge se concentre sur le présent, avec la réalisation des 66 Music Machine 1 (MM1) pour MB&F. Suivront les MM2, qui seront annoncées avant la rentrée. Devant le succès des MM1, les MM2 passeront de 66 exemplaires à 99.

Suivront enfin les MM3, pour le moment très mystérieuses, ainsi que « d’autres projets à plus long terme », souffle Kurt Kupper. Reuge semble bien décidée à s’amuser encore un peu avec ses Friends, pour le plus grand bonheur de fans qui s’arrachent les Music Machines.