Lire le temps avec ses oreilles

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Telling Time By Ear - Minute repeater
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Complication horlogère figurant parmi les plus exigeantes, la répétition minutes possède plusieurs visages

Inventées au XVIIème siècle avant l’usage généralisé de l’électricité, les montres à répétition, alors sous forme de montres de poche, constituaient un moyen très pratique pour connaître l’heure durant la nuit, grâce aux sons qu’elles produisaient. Répétant originellement les heures et les quarts, la répétition à quarts de l’horloger anglais Daniel Quare a été perfectionnée vers 1750 par Thomas Mudge, autre horloger anglais, pour sonner également les minutes, d’où son nom de « répétition minutes ». A ce moment-là, le fonctionnement montres à répétition résultait d’une frappe de marteaux sur des cloches. A la fin du XVIIIème siècle, Abraham-Louis Breguet, physicien et horloger français, eu l’idée de remplacer ces cloches par des timbres, soit des lames en acier trempé enroulées dans le boîtier, dans le but de réduire le volume des pièces notamment. Au XXème siècle (voire fin du XIXème), ce fonctionnement fut miniaturisé pour pouvoir être intégré aux montres-bracelets. Communément composée de deux marteaux et de deux timbres, la répétition minutes, qui s’active sur demande à l’aide d’un poussoir, sonne les heures avec un son grave, les quarts avec la succession de deux sons aigu-grave et les minutes avec un son aigu. De par la rigueur qu’elle exige aux horlogers, la répétition minutes reste à ce jour l’une des complications les plus complexes de l’horlogerie.

Qu’elle soit associée à une grande sonnerie, que ses sons soient transmis de manière optimale grâce à une meilleure résonance, qu’elle soit intégrée à une montre ultra plate ou qu’elle apparaisse sur le cadran, la répétition minute ne cesse de se présenter sous des formes surprenantes.

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Une sonnerie qui a tout d’une grande 

En 2020, les manufactures Audemars Piguet et Patek Philippe avaient un point commun, mise à part leur renommée (qui remonte d’ailleurs à bien plus loin). Lequel ? Leur Grande Sonnerie. La Code 11.59 by Audemars Piguet Grande Sonnerie Carillon Supersonnerie pour la première et la Patek Philippe Grande Sonnerie référence 6301P pour la seconde. Sonnant les heures, les quarts d’heure et répétant les heure avant chaque quart d’heure, la Grande Sonnerie se distingue de la Petite Sonnerie, qui ne répète pas les heures avant de sonner les quarts d’heure. Autre point commun, ces deux montres comportent une sonnerie produite grâce à trois timbres (pièces sur lesquelles les marteaux viennent frapper pour produire le son) et non deux habituellement. A ces créations dont la complexité atteint déjà des sommets vient s’ajouter la répétition minutes (troisième point commun donc), qui sonnent les heures, quarts d’heure et minutes à la demande. Depuis 1892 et 1924 respectivement, Audemars Piguet et Patek Philippe ne cessent donc de repousser les limites de leur savoir-faire en matière de montre-bracelet à répétition minutes.

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Résonance = performance

Lancée en 2019 dans le but de marquer le dixième anniversaire du site de fabrication de la marque, la Minute Repeater Resonance d’Armin Strom est synonyme de précision. Grâce à sa résonance élevée, la montre possède également une précision plus grande – de l’ordre de 15 à 20% – et une économie énergétique est réalisée. Ceci est aussi bénéfique pour le fonctionnement de la répétition minutes, dont le son se voit transmis de manière optimale grâce au boîtier en titane grade 5, très résistant. Le généreux volume du boîtier (47,7mm) améliore également la propagation du son, de quoi mettre encore plus en valeur cette complication.

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Plat, mais juste en épaisseur

Habituée des records de finesse, la maison Bulgari ne cesse de repousser les limites du possible. En 2016, la marque présentait une montre au mouvement mécanique à remontage manuel ultraplat mais cette fois-ci doté d’une répétition minutes : l'Octo Finissimo Répétition Minutes. Le calibre BVL 362 utilisé, d’une finesse de 3,12mm, propulsait alors les répétitions minutes dans un tout nouvel univers : celui des mouvements ultraplats. Afin d’optimiser les sons produits dans une montre si fine, optimisation passant par la résonnance à l’intérieur du boîtier, les index sont ajourés, autrement dit ils se trouvent sous forme d’ouvertures.

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De l’ombre à la lumière

Avec son cadran épurée, l’Endeavour Concept Minute Repeater Tourbillon d’H. Moser & Cie. paraît simple. Toutefois, les apparences sont bien trompeuses, car cette montre n’a rien de simple mais tout de compliqué – d’un point de vue technique, bien évidemment. En réalité, vous pouvez observer ceci côté cadran, car les deux complications – qui figurent parmi les compliquées – se trouvent à 6h pour le tourbillon volant et à 10-11h pour la répétition minutes (sans compter les timbres). Cette dernière apparaissant côté cadran, le défi technique s’est avéré plus complexe, car les timbres ont dû être positionnés sur un seul niveau pour maintenir la finesse de la pièce et ont également dû être courbés pour ne pas empiéter sur le tourbillon volant. Tout ceci se présente sur un cadran Electric Blue, nouvelle nuance chez H. Moser.

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