La Longines Super Compressor de 1959 bénéficiait d’un tel statut, avec un prix élevé sur le marché des collectors, que le lancement de la version revisitée, en 2007, a provoqué une effervescence parmi les amateurs les plus blasés : les journalistes horlogers. Le boîtier Compressor n’était plus au rendez-vous mais, au-delà de la forme immédiatement reconnaissable et de la présence de deux couronnes, l’incarnation du XXIe siècle était suffisamment proche de l’originale pour que la presse s’extasie.
Sa réintroduction au sein de la collection Sport Legends, qui rend hommage aux «pionniers du sport et à leurs exploits chronométrés par Longines », était judicieuse. La Longines Legend Diver, nom complet de la nouvelle version, a joliment mûri, jusqu’à devenir l’une des collections les plus populaires de la marque — avec désormais des petits modèles féminins et des cadrans de couleur fumés, actuellement à la mode.
Comme toutes les grandes montres de plongée nées dans les années 1950 et 1960, l’originale répondait à la fois à l’essor de la plongée sportive, encouragée par l’arrivée du matériel adéquat, et à la demande croissante de plongeuses à usage professionnel et militaire dans l’immédiat après-guerre. Longines n’était pas une arriviste : son expérience en matière de montres étanches remontait à 1937, à la présentation du premier chronographe au monde doté de poussoirs étanches, brevetés l’année suivante.
En 1953, Longines a participé à la quête du record de profondeur du bathyscaphe Trieste, en fournissant les instruments de bord. Ce submersible conçu par le scientifique suisse August Piccard a servi pour la première fois le 26 août 1953, près de l’île de Capri en Méditerranée. En septembre de la même année, il a atteint 3150 mètres de profondeur. Acquis par la marine américaine, le Trieste a accompagné des expéditions ultérieures, notamment dans le cadre du projet Nekton lancé en novembre 1959 afin d’explorer la fosse des Mariannes. Le 23 janvier 1960, l’officier de marine Don Walsh et Jacques Piccard, le fils du concepteur du Trieste, sont descendus au point le plus profond de la Terre, à 10916m.
Le choix de la pureté
Quant au boîtier Super Compressor, utilisé par plus de 100 marques, sa durée de vie a été écourtée par la disparition du fabricant, Ervin Piquerez S.A. (EPSA). Lors de la réintroduction du modèle en 2007, l’étanchéité offerte par le boîtier Super Compressor avait moins d’importance, compte tenu des avancées dans la conception des joints et d’autres améliorations apportées au cours des quatre décennies précédentes.
Pour la Legend Diver de 42mm de diamètre, Longines a conservé les principales caractéristiques de l’originale, notamment un verre de forme et une lunette tournante bidirectionnelle interne, commandée par l’une des deux couronnes vissées. Contrairement au boîtier complexe Super Compressor, celui de la Legend Diver comporte un verre en saphir et un fond vissé, frappé de l’image d’un plongeur, pour assurer une étanchéité à 300 mètres.
La relation avec l’originale apparaît immédiatement. Les deux couronnes ont une surface texturée, de même que la boucle, et le bracelet synthétique arbore un motif tropical comparable à celui des années 1960. Les index du cadran laqué noir, avec chiffres arabes à 3, 6, 9 et 12 heures, sont recouverts de Super-LumiNova pour une lisibilité optimale. Les graduations des minutes de la lunette intérieure sont complétées par un triangle luminescent à la position 0/60 et par les nombres 15, 30 et 45 aux quarts d’heure.
En 2010, au grand désarroi des collectionneurs, Longines a abandonné la version sans date et ajouté un guichet à 3 heures. Pour certains, la pureté du modèle sans date le rend plus désirable, mais en réalité, le guichet est discret. Par la suite, pour ceux qui sont moins attachés à l’authenticité, Longines a sorti les Legend Diver avec cadrans fumés, beige sable, gris cendré, bleu royal ou bordeaux vif, et proposé deux tailles différentes.
Outre les grands modèles de 42mm de diamètre, la collection comprend des versions de 36mm. Les montres sont dotées d’un verre saphir de type glass-box, de deux couronnes vissées et d’un fond vissé. Elles affichent des cadrans nuancés, avec aiguilles luminescentes, index des heures entrecoupés de carrés luminescents et chiffres arabes, et elles conservent la lunette de plongée interne et le fond frappé du plongeur emblématique. Les dernières variations abritent des mouvements mécaniques à remontage automatique (L888.5 pour les modèles de 42mm et L592.5 pour les versions de 36mm) avec spiraux en silicium.
D’autres variantes arborent des boîtiers en or rose ou en bronze et, en 2019, Longines a lancé une version revêtue de PVD noir. Alors qu’en 2007, le premier modèle se présentait sur un bracelet tropical, fac-similé de celui des années 1960, en 2017, la Legend Diver est apparue sur un bracelet à maille milanaise, autre clin d’œil à l’époque d’origine, pour marquer son dixième anniversaire. Si elle accepte les différents looks avec autant d’élégance, c’est parce qu’elle est vraiment intemporelle. Et c’est ce qui la rend légendaire.
Cette année, GMT Magazine et de WorldTempus se sont lancés dans le projet ambitieux de résumer la montre de plongée depuis l'an 2000 dans The Millennium Watch Book - Diver, un grand et beau livre magnifiquement illustré. Cet article en est un extrait. The Millennium Watch Book - Diver est disponible sur en français et en anglais ici :
*Rédigé par Ken Kessler
