IWC Ingenieur : le difficile parcours d’une battante

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IWC Ingenieur: true grit and a fighting spirit - IWC
Sobre mais puissante, discrète mais affirmée : l’Ingénieur d’IWC n’est-elle qu’un paradoxe ? A l’ombre de sa grande sœur la Portugieser, la pièce célèbre pourtant cette année les 10 ans de sa renaissance.

Gerald Genta, encore lui, eut le génial coup de crayon à l’origine de l’Ingénieur que l’on connaît aujourd’hui. Un trait nerveux, viril, technique qui allait affirmer l’identité d’une collection au parcours pourtant mouvementé. Car si l’Ingenieur semble aujourd’hui stable au sein des collections IWC, cela n’a pas toujours été le cas. Quelques dates suffisent à suivre son parcours d’aventurière : création en 1955, propulsée en 1975 par le design de Genta, disparition progressive dans les limbes du quartz, puis retour en fanfare en 2005. Avec autant de 5 accrochés à sa généalogie, 2015 est le prétexte idéal pour célébrer celle qui, contre vents et marées, est toujours là.

IWC Ingenieur : le difficile parcours d’une battante

Bête à chercheurs
Son public, pourtant, n’a jamais changé : scientifiques, chercheurs, ingénieurs. La pièce est conçue dès les années 50 à leur seul dessein. Robuste, antimagnétique, étanche et précise, elle se veut l’alliée de ceux qui mesurent et explorent le monde.

La pièce se présente dès l’origine comme un concentré de technologie. Sa cage de Faraday est capable de l’isoler de 80 000 ampères/mètres. C’est 16 fois le minimum requis à l’époque pour l’antimagnétisme des montres suisses ! Seulement voilà, en 1955, le design horloger n’a pas l’audace des décennies suivantes. La très technique Ingenieur est habillé d’un design très classique qui brouille quelque peu son positionnement. C’est précisément là qu’allait intervenir Genta.

Un tonneau et des vis
Avant de s’attaquer à l’Ingenieur, l’homme avait déjà commis la Royal Oak trois ans plus tôt, en 1972. IWC n’eut d’autre volonté que de s’en inspirer, avec ses propres codes stylistiques. L’Ingenieur était la candidate parfaite pour Genta, une pièce qui ne demandait qu’à exprimer toute sa technicité, sa puissance.

Genta lui donne une forme plus orientée vers le tonneau, cinq  vis apparentes destinées à ouvrir la montre, un motif guilloché, et un sobriquet qu’on lui attachera désormais en raison de ses 40 mm, très larges pour l’époque : Jumbo. Ces deux derniers points évoquent directement la Royal Oak Jumbo et son motif que l’on appellera plus tard « tapisserie ».

IWC Ingenieur : le difficile parcours d’une battante

Echecs relatifs et tentatives de relance
Tout était là pour garantir son succès et, pourtant, rien ne se produisit : l’Ingenieur signée Genta fut un échec commercial produit à seulement 1000 exemplaires. A postériori, l’échec est attribué à la déferlante du quartz. La pièce était peut-être tout simplement trop en avance sur son temps car ces très rares collectors s’échangent aujourd’hui à plus de 10 000 CHF.

Entre la fin des années 70 et le début des années 80, IWC tenta de sortir l’Ingenieur de son ornière. Deux modèles eurent cette lourde mission : un premier à quartz, sensé mieux correspondre à la mode du moment ; puis, quelques années plus tard, une version équipée d’un mouvement tiers (ETA 2892), une approche industrielle peu commune pour IWC, pourtant riche de multiples calibres manufacture, dont ceux élaborés par son directeur technique depuis 1944, le génial James Pellaton.

IWC Ingenieur : le difficile parcours d’une battante

Retour aux sources
Passablement boudée par le grand public, l’Ingenieur revint à ses terres natales : la technique pure. IWC se rapprocha des forces armées pour concevoir des modèles extrêmes, capables notamment de résister à des champs magnétiques de 500 000 Ampères/mètres. La pièce connut un succès d’estime (3000 exemplaires) mais repoussa les limites de l’antimagnétisme à un point que personne n’avait atteint. Côté précision, l’autre cheval de bataille de l’Ingenieur, IWC se procura chez LMH (Jaeger-LeCoultre) un calibre hybride, le MecaQuartz (mouvement quartz, chronographe mécanique, alarme).

Il faudra attendre 2005 pour qu’IWC reprenne le flambeau d’une Ingenieur qui avait sombré. Le public masculin exigeait alors quatre choses que l’Ingenieur proposait nativement : une horlogerie technique, précise, avec une belle histoire à raconter et un design fleurant bon le vintage assumé. La pièce devient Grande, en titane, céramique, s’encanaille d’un bracelet caoutchouc, s’élance dans les paddocks de la Mercedes AMG Petronas Formula One Team. Dans le même esprit pionnier de précision, IWC l’équipe d’un échappement  Tourbillon Force Constante. Et, dans quelques semaines, dévoilera probablement l’avenir de celle qui ouvre la seconde décennie de sa renaissance.

IWC Ingenieur : le difficile parcours d’une battante

 

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