La mort subite de la foudroyante

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The lightning fast death of the foudroyante - Foudroyante
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Elle a disparu des cadrans et des mouvements. La foudroyante était pourtant une spécialité de chronographe électrisante, mais trop gourmande pour son propre bien

Après avoir été produite par diverses marques, essentiellement spécialistes de l’horlogerie sportive, le chronographe à foudroyante s'est arrêté de battre. Une seule marque continue depuis à en produire, sous une forme assez particulière . Alors qu'est-ce qui a foudroyé en plein vol cette modalité du chronographe ?

Avant tout, qu'est-ce qu'une foudroyante ? Son nom entier est seconde foudroyante. Il s'agit essentiellement d'un chronographe doté d'une aiguille qui marque les fractions de seconde écoulées, au même rythme que l'échappement. Les trotteuses marquent la seconde, généralement au centre. Elles arrivent à indiquer les fractions de seconde sur le chemin de fer en périphérie des cadrans, mais avec une précision de lecture faible : pas facile de lire sur quelle graduation elle s'arrête quand il faut subdiviser l'espace d'une seconde (1 degré d'arc) en trois ou quatre. 

La foudroyante a ceci de particulier qu'elle a une échelle de lecture très claire, et le plus souvent, dans son propre compteur séparé. Il est gradué de 1 à 6 dans le cas des mouvements au 6e de seconde ou de 1 à 8 pour les calibres 4 Hz, qui oscillent au 8e de seconde. Pour la lisibilité, la formule est excellente et elle existe depuis le 19e siècle. Mais il y a un os.

La mort subite de la foudroyante

Pour s’arrêter sur la bonne fraction de seconde, la foudroyante tourne en même temps que le chronogrpahe, d'un tour sur elle-même en une seconde, toutes les secondes. Cela fait beaucoup de mouvements, donc cela consomme beaucoup d'énergie, c'est à dire de la réserve de marche. 

Autre problème, quand on ajoute une roue et une aiguille aussi prés du balancier, là ou le train de rouage n'a pas beaucoup de force, cela exerce un poids sur l'échappement et il déteste cela. Le moment où la foudroyante s'engage, au déclenchement du chronographe, entame fortement le couple moteur, au détriment de la chronométrie. En clair, la foudroyante fait tout ce que les mouvements détestent, tout ce qui les rend moins fiables. 

Alors elle avait du mal à faire entendre son intérêt, la foudroyante. Peu de mouvements la supportaient, et au bout d'un moment, seule la manufacture/motoriste La Joux-Perret arrivait encore à caser auprès de ses clients, dont par exemple Hublot. Et puis elle a disparu. On dirait bien que cela fait bien dix ans qu'aucune marque n'a lancé de nouvelle montre à en être équipée. Pire, les modèles en question sont même sortis de collection à l'exception d'un seul et pas des moindres, le Duomètre à Chronographe et même celui à Quantième Lunaire (donc, pas un chronographe) de Jaeger-LeCoultre.

La mort subite de la foudroyante

En parallèle, on avait bien essayé de la copier, de tricher un peu, de l'adapter même. En particulier, elle entrait dans la logique de haute fréquence de Zenith et de son calibre El Primero, même si la marque n'a jamais avalisé le terme foudroyante. A quoi cela lui servait-il de battre aussi vite si on ne pouvait pas le voir, ni en tirer un bénéfice perceptible ? Alors la marque a d'abord inventé El Primero Striking 10th, dont l'aiguille centrale effectuait un tour en 10 secondes. Rapide, saisissant, mais pas encore foudroyant.

Il faudra attendre l'arrivée de Defy Extreme pour qu'une montre affiche à nouveau une seconde foudroyante. Sa trotteuse centrale fait un tour en une seconde, affiche le 100e véritable et avec une lisibilité impossible à battre. La consolation est que si la foudroyante stricto sensu est morte, elle a laissé sa place à une interprétation autrement plus qualitative.

La mort subite de la foudroyante