Kantharos: le chronographe multicomplications

La Kantharos est la montre la plus simple que produit Christophe Claret. Voilà pour sa complexité relative. Mais en termes absolus, il s'agit du chronographe le plus sophistiqué actuellement disponible sur le marché. Fait rarissime, elle ne comporte pas de tourbillon. En effet, c'est sur cette complication et sur celle des montres à répétition minute qu'il a fondé sa réputation. D'abord en tant que fabricant de mouvement pour compte de tiers, puis pour la marque qui porte son nom, M. Claret s'est toujours concentré sur les très grandes complications. Avec la Kantharos, il s'éloigne de cet univers, mais de peu seulement. En effet, elle est bien plus qu'un chronographe monopoussoir. Son embrayage vertical et ses compteurs rotatifs à disque (l'aiguille est un trompe-l’œil) en font déjà une pièce particulière.

Tout d'abord, cette montre imposante de 45 mm est à remontage automatique. Son immense rotor façonné en platine est ajouré pour ne pas occulter le calibre MBA13. Celui-ci possède deux complications qui ne se remarquent qu'après un examen approfondi ou à la lecture des inscriptions sur le cadran. La première est un mécanisme de sonnerie. Il n'est pas corrélé aux heures, comme dans le cas d'une montre à répétition minutes ou à sonnerie au passage. La Kantharos émet un tintement à chaque fois que son chronographe est lancé, arrêté ou remis à zéro, grâce à un marteau visible à 10 heures. Il frappe sur un timbre en acier dit cathédrale, à cause de sa longueur qui lui permet de résonner plus longtemps. La grande spécialité de Christophe Claret est donc mobilisée pour une utilisation où elle est seule en son genre.


Le second secret de la Kantharos s'aperçoit depuis le cadran, sous une plaque de saphir translucide, à 6 heures. On y distingue un grand ressort spiral, qui n'est pas celui qui régule la marche de la montre. Il est le cœur d'un dispositif de force constante. Il vise à lisser le flux énergétique en provenance du barillet du mouvement, où elle est stockée, et à destination de l'échappement, où elle se transforme en mesure du temps. Ce ressort spiral est couplé à un système complexe qui régule le couple de la montre selon la formule du remontoir d'égalité. Cette solution exclusive et prestigieuse, quoique méconnue, augmente la précision de marche de la montre. Elle prend pour la première fois place dans un chronographe de l'époque moderne.

Enfin, ce qui fait de la Kantharos une montre exceptionnelle réside également dans la qualité de ses finitions. Les 558 pièces du calibre MBA13 sont anglées, polies, perlées ou étirées selon leur nature et leur fonction. Le cadran est en saphir, de même que le contour roge des aiguilles. Avec un total de, Christophe Claret a poussé très loin la réduction des frottements. Le mouvement est d'une construction intégrée, ce qui est une exception. Les chronographes sont le plus souvent fabriqués sous forme de module de complication, qui se greffe sur un mouvement qui lui fournit support, énergie et la maîtrise du temps. Le soin porte également sur un aspect sensoriel : l'unique poussoir du chronographe Kantharos procure une sensation de précision et de douceur à la fois, qui est la marque des grandes mécaniques.