Interview de Georges Kern

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Interview With Georges Kern  - Breitling
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C’est dans la Boutique Breitling de Zürich que son CEO Georges Kern et celui de Swiss International Airlines Dieter Vranckx ont dévoilé leur nouvelle série limitée

Vous lancez la Navitimer B01 SWISS Limited Edition en partenariat avec SWISS et vous disiez voir dans cette compagnie une dimension de la culture suisse.
En effet, à mon avis, Swiss fait partie de la culture helvétique. Il y a une affinité, une sensibilité par rapport à cette ligne aérienne qui est quand même assez exceptionnelle. Il existe un attachement émotionnel très fort et Swiss constitue un élément qui transmet l’image de notre pays. Tout le monde apprécie la qualité, tout le monde sait que c’est très haut de gamme, que le service est excellent, à l’image du chocolat et des montres ! Cela reflète notre faculté à exporter les valeurs de la Suisse dans le monde. 

Interview With Georges Kern

Hasard du calendrier, Swiss fête ses 20 ans et vous célébrez le 70e anniversaire de la Navitimer notamment avec cette nouvelle collaboration.
Comme nous avons en effet relancé la Navitimer cette année, nous tenions à ce que cette nouvelle série limitée Swiss concerne cette collection. Dans les années 50’/60’, Breitling travaillait avec une douzaine de lignes aériennes en tant que chronométreur officiel dans l’aviation civile, et nous sommes toujours partenaires de certaines. SWISS est une compagnie iconique et un partenariat important pour nous, ce qui s’est illustré au printemps lorsque leurs avions ont transporté 650 journalistes et détaillants partenaires pour présenter la montre à Genève. 

Aujourd’hui, pourquoi la montre de pilote fait-elle rêver ? Qu’est ce qui attire le grand public dans une montre de pilote ?
Evidemment, ce n’est plus la fonction. Les gens n’utilisent pas la règle à calculs pour faire des mesures. Mais elle reste iconique et il est absolument fondamental de maintenir  l’esprit de la montre de l’époque parce que cela fait partie de l’identité. Nous sommes dans l’industrie analogue, pour nous c’est de l’artisanat, c’est des vraies valeurs. Et c’est impensable d’avoir une Navitimer sans ces fonctions même si les gens ne les utilisent pas. C’est comme les montres de plongée, quasiment personne ne va plonger à 200 mètres. C’est l’évasion, le rêve, l’émotion, l’identification à la performance des pilotes depuis 80 ans.

Interview de Georges Kern

Nous sommes presque à la fin de l’année, que retenez-vous de 2022 pour Breitling ?
C’était une année record pour Breitling et la marque se porte très bien. Mais ces trois dernières années ont vu se succéder le Covid, la guerre en Ukraine, à nouveau le confinement en Chine, et maintenant les premiers signes de récession et les restrictions énergétiques, je n’ai jamais vécu ça en 25 ans de carrière. A mon avis, nos produits sont les plus beaux du marché et je pense que les valeurs que nous transmettons sont celles qu'attendent les clients. Les histoires que nous racontons sont pertinentes et nourries par l’imaginaire, donc cela fonctionne. Mais il y a très peu de marques dans l’industrie horlogère qui connaissent un succès similaire et nous observons de plus en plus de concentration sur quelques marques.  

Ou trouve-t-on les montres Breitling aujourd’hui ?
Notre réseau de vente compte environ 1500 détaillants et environ 200 boutiques Breitling. Nous en avons ouvert presque une centaine cette année. 

Allez-vous dépasser vos objectifs de production de montres cette année ?
Ce qui est certain, c’est que nous aurions pu vendre beaucoup plus, mais nous n'en n’avons pas les capacités. Breitling grandit de manière linéaire, mais le type d’industrie dans lequel nous sommes requiert des phases d’adaptation plus longues, telles que l’achat de machines dont la livraison peut prendre des années, sans parler de la formation des collaborateurs. Nous pourrions accroître nos capacités de production, mais seulement par paliers. Nous sommes limités par ces facteurs-là. 

Il a beaucoup été question de CPO récemment, où en est la réflexion de Breitling de ce côté-là ?
Le marché de la seconde main est gigantesque, justement parce que les montres mécaniques ont une vraie valeur et ne deviennent pas obsolètes après quelques années ; elles sont gardées. Il y a un attachement émotionnel pour nos montres. Nous proposons aux clients de reprendre leurs anciens modèles s’ils le souhaitent, nous les rénovons et les confions à des partenaires du second marché. C'est donc en effet un marché qui se développe de plus en plus et que les détaillants occupent également de manière croissante. Nous réfléchissons à la meilleure approche. 

Quelles sont les priorités pour Breitling en 2023 ?
Notre stratégie nous donne raison et nous allons rester dans la continuité. Il faut simplement faire plus et encore mieux que ce que nous réalisons aujourd'hui. Breitling, c'est l'excellence, la perfection, le qualité, l'histoire. On rentre dans un niveau de maturité et nous devons beaucoup plus mettre en lumière notre héritage et ce qu'on appelle le "back catalogue". 

Comment se situe Breitling par rapport à Watches and Wonders et l’attractivité de Genève ?
Une nouvelle fondation a été créée (Watches and Wonders Geneva Foundation), dont Monsieur Jean-Frédéric Dufour (CEO de Rolex) est le président. J'ai toujours été en faveur d'un grand événement pour l’amour de l'industrie horlogère. L’horlogerie, c'est l’un des savoir-faire de la Suisse et l’idée de se rassembler, pour des raisons culturelles, fait sens. Nous n’avons pas besoin d’un salon pour vendre des montres dans un monde digital, d’autant que nous avons déjà plusieurs moments dans l'année où nous présentons des produits. Mais avoir une présence aux côtés des autres marques dans ce contexte se justifie. 

 

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