Pas si simple

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More than meets the eye - Beauty on the inside
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Elles n'en ont pas l'air. Sûrement parce qu'elles n'ont pas de complication apparente. Mais ces montres sont en réalité sophistiquées, de multiples manières.

C'est un raccourci commun, mais erroné. La complication est devenue synonyme de sophistication dans la démarche horlogère. Or il existe un type de montres, généralement à trois aiguilles et donc simples en apparence, qui cachent leur vraie nature. Celle-ci est bien plus complexe qu'il n'y parait. Et c'est tout le jeu d'une certaine frange de l’horlogerie, de proposer une insoupçonnable beauté, généralement intérieure, ou cachée contre le poignet.

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Tout d'abord, certaines complications ne s'exhibent pas. Elles restent discrètes, privées, visibles seulement sous le bon angle de vue. Par exemple, le levier d'armage d'une répétition minutes ne se repère pas toujours, surtout qu'il est quasiment toujours côté gauche de la boite, c'est à dire sous la chemise (mes excuses aux gauchers). Il faut être bien informé pour savoir que la ref. 5018G de Patek Philippe donne l'heure en tintant. Certains tourbillons sont dissimulés, comme celui de la Alfred Helwig Tourbillon 1920 de Glashütte Original. Il faut la retourner ou se pencher sur le cadran pour lire ce qui est inscrit dans la petite seconde pour comprendre la nature de cette pièce : exceptionnelle.

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Elle ne se repère pas facilement, certainement pas de loin et généralement, seulement en retournant la montre. Il s'agit de la démarche de finitions qui anime ses créateurs. Les polissages, les anglages, la forme des composants, les grenages, les olivages, les perlages, tout un répertoire d'embellissements est essentiel dans ce petit monde. Le temps que Vacheron Constantin passe à fignoler ses composants, les polissages miroir des pièces en titane chez DeBethune sont des marqueurs de sophistication très forts. La beauté des détails de cadran en est le pendant visible, mais on ne ressent la qualité d'un guillochage Urban Jurgensen que de très près. Idem pour la profondeur d'un cadran émail de Breguet.

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L'autre source de sophistication difficile à repérer est dans la nature du mouvement. Une complication est, selon une définition un peu étroite, une indication autre que la seconde. Alors on prend souvent l'absence d'aiguilles, compteurs et couronnes supplémentaires pour une pauvreté. Il n'en est pourtant rien. Exemple parlant, il n'y a rien de révélateur dans l'apparence du Chronomètre FB2 de la Chronométrie Ferdinand Berthoud. Au dos, par contre, on comprend qu'il s'agit d'un monstre de complexité, qui cumule transmission par chaine et fusée à un remontoir d’égalité par triangle de Reuleux, une combinaison inédite.

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Autre sujet, les longues autonomies. Qu'il indique 48 heures ou 48 jours, un indicateur de réserve de marche a la même apparence. Or déja entre 2 jours et 8 jours, et parfois plus, les solutions à mettre en œuvre sont radicalement différentes. La situation devient encore plus complexe lorsque la montre marche vraiment longtemps, sans le claironner et sans jauge. C'est le cas de Panerai, qui mentionne à peine que certains de ses mouvements sont des 8 jours. Blancpain ne ressent pas le besoin d'écrire sur le cadran que la Villeret Ultraplate 6605 a une durée de marche de 4 jours. Pas plus que Grand Seiko et sa SBGD201J, qui cumule des finitions artisanales à la main et 8 jours de marche sur la base de son système de régulation Spring Drive. Et quand on contemple le cadran laqué d'une Monsieur Bovet, on ne se doute pas qu'elle embarque un mouvement de manufacture 7 jours et que cette montre est double face. Comme d'autres, on n'en prend vraiment la mesure que de près, en la scrutant sous toutes les facettes et en allant au-delà des apparences.

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