Pour quelques pétales de plus

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For A Few More Petals  - Beauregard
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Ce n’est pas Jack (Beauregard, Mon nom est Personne, 1973), mais Alexandre. Il ne parcourt pas l’ouest américain, mais l’est canadien. Pourtant, lui aussi est à la conquête...mais de l’horlogerie féminine

La Suisse horlogère compte quelques 500 marques actives – fussent-elles, pour certaines, en production d’une seule montre par an, simplement pour préserver l’usage de leur nom commercial. À chaque fois qu’une nouvelle marque se lance, c’est donc toujours avec la même question : qu’apporter de plus à cette offre foisonnante ? Alexandre Beauregard, créateur de la marque éponyme, ne s’est pas vraiment posé la question. Lui avait une idée, celle d’une monte joaillière féminine, riche et généreuse. L’intéressé n’est ni opportuniste, ni banquier : il conçoit et dessine lui-même ses pièces, en façonne les pétales et assemble chaque cadran haute Joaillerie. 

Compositions florales

En dix ans de maturation, la marque Beauregard a accouché de deux gammes : Dahlia et Lili. L’inspiration florale s’impose. À la vue des généreux pétales, on ne peut s’empêcher de penser à la Marguerite de Claret, à l’Hortensia de Chaumet, voire à la RM 19-02 de Richard Mille avec son tourbillon animé au sein d’un magnolia.

Pour quelques pétales de plus Évidemment, le magnolia de Chanel n’est pas loin non plus. Le lien avec la maison de la rue Cambon se confirme avec la Lili, dont le profil de boîte épouse celui de la Boy-Friend, inspiré de la place Vendôme. 

Fausse route !

Certes, l’inspiration florale est évidente pour la femme. Mais s’arrêter à ces comparaisons serait une erreur. Car là où les marques précitées jouent la carte technique (tourbillon ou complication poétique), Beauregard travaille d’abord pour, par et avec la pierre. Voluptueuse, généreuse, abondante, douce. 

Nacre, onyx, opale, topaze, turquoise : il les taille en rondeurs et galbes. Il n’est plus question de facettes, de culasse, d’angles. Les Dahlia et Lili en sont dépourvus. Le somptueux travail sur le cadran offre une lecture continue de la pierre, qui n’est plus fragmentée.

Pour quelques pétales de plus

Il n’est plus questions de reflets, mais de nuances. La lumière ne se réfléchit plus sur la pierre : elle y glisse, s’y déroule, s’y diffuse. A-t-on déjà vu un rayon de lumière se refléter dans un pétale de fleur ? Non. Il le caresse, le contourne. Y pénètre (un peu), joue avec (beaucoup). C’est cet ensemble de nuances que la taille si chère à Beauregard restitue avec grâce et subtilité. 

Bouquet horloger

Trois variations explorent cet élan naturaliste. Dahlia est la plus connue, pré sélectionnée au GPHG dès sa sortie, en 2018. Car à la maîtrise joaillière s’ajoute celle de l’horloger. Avec le studio Têlos (Franck Orny et Johnny Girardin, déjà auteurs d’ébouriffantes créations, notamment pour Montblanc), Alexandre Beauregard a conçu un tourbillon automatique central, dont le pont supérieur entraine une cage dessinée en fleur. Une sculpture aérienne, passablement technique, qui n’offre pas moins de 72h de réserve de marche. On appréciera au passage la couronne à 3h, elle aussi sculptée en fleur – ce qui semble être inédit.

Pour quelques pétales de plus

Les Lili se déclinent quant à elles en deux versions. Une première version remplace les 39 mm de la Dahlia par un boîtier affiné à 33 mm, dépourvu de couronne. Le serti neige disparaît au profit d’un sertissage plus conventionnel et régulier. Le tourbillon s’efface pour un cadran plein, assorti aux pétales, cerclé d’or et parcouru d’aiguilles feuilles ajourées progressant grâce à une base ETA. Le même assortiment floral est ensuite décliné dans une boîte rectangulaire à pans coupés, qui retrouve le serti neige.

Pour quelques pétales de plus

La seconde Lili quitte le jardin pour la confiserie. Les pétales se transforment en un gourmand Lollipop bigarré. Il reproduit les tons vifs et sucrés de bonbons, toujours grâce à des pierres taillées en rondeur qui renforcent la générosité de la composition. Une pièce également à quartz, comme les autres Lili, à consommer avec la modération d’un boîtier de 33 mm. 

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