Le style est la substance

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Style Is the Substance - Audemars Piguet Royal Oak Offshore Diver
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Avec la Royal Oak Offshore Diver, on plonge dans l'inconnu et on remonte à la surface avec des réponse séduisantes

La Royal Oak Offshore (ROO) Diver 15703ST, officiellement lancée en 2010, n’est absolument pas la première montre de plongée signée Audemars Piguet. Cet honneur revient à la Royal Oak Offshore Scuba Wempe 15340OR de 2005, éditée à 35 exemplaires avec un boîtier et une lunette en or, comme le signalent les lettres OR dans la référence. Une édition supplémentaire de 175 pièces ROO Scuba en acier a suivi.

Il est intéressant de noter que la tendance de ce nouveau millénaire à l’utilisation du bronze, pour les boîtiers et les lunettes, est apparue il y a un peu plus de dix ans, très probablement dans une montre de plongée. Audemars Piguet fait partie des précurseurs mais, en 2010, lorsque la ROO Scuba a été rebaptisée ROO Diver, le boîtier et la lunette étaient en acier.

Bien qu’elle ait été pionnière dans la conception des montres sportives de luxe, en 1972, Audemars Piguet n’a pas eu beaucoup — voire pas du tout — de lien avec la plongée avant 2005, même à travers ses collections Royal Oak et ROO. Les propriétaires sont bien entendu libres de pratiquer des sports nautiques avec leur montre… à leurs risques et périls ! Un collectionneur japonais est allé surfer avec sa ROO 25940OK et cette dernière a heurté accidentellement des coraux. Un magazine japonais a publié en pleine page une photo de la ROO endommagée. Elle était toujours fonctionnelle mais des morceaux de caoutchouc avaient été arrachés de sa lunette, ce qui laissait apparaître la structure en or. Dévoilée pour la première fois en 1993, la Royal Oak Offshore a été délibérément conçue comme une montre chronographe. Comment la Diver à trois aiguilles s’est-elle intégrée dans l’équation ROO? Une telle montre n’aurait-elle pas été mieux adaptée à une Royal Oak, étant donné que l’originale n’avait que deux aiguilles ? Cela dit, les robustes montres de plongée doivent résister à l’énorme pression subie à de grandes profondeurs et comprennent généralement une cage antimagnétique. Les boîtiers et verres épais et résistants sont typiques des montres de plongée. L’imposante ROO représentait donc la meilleure option. De plus, on ne peut douter de la qualité maritime de la ROO Diver étanche à 300 m car elle répond à la définition d’une montre de plongée, conformément aux normes ISO 6425 ou NIHS 92-11.

Le style est la substance

À mon sens, le recours à une lunette tournante intérieure pour la mesure de la plongée est purement génial. Après tout, que serait une ROO sans sa lunette emblématique ? De même, que serait une montre de plongée sans une échelle spécifique ? La configuration de la ROO Diver préserve la lunette octogonale fixe inhérente à l’ADN Royal Oak. Sur le cadran, le pourtour est élargi pour accueillir la lunette tournante intérieure et l’espace est globalement bien proportionné. La position de la couronne vissée à 10 heures, commande de la lunette tournante, peut sembler un peu étrange d’un point de vue opérationnel, mais pas d’un point de vue esthétique. Lorsque la ROO est au poignet, on peut avoir des difficultés à dévisser la couronne, régler la lunette tournante intérieure et revisser la couronne par sécurité. Ce n’est cependant pas rédhibitoire, car la solution pratique et acceptable, c’est de régler l’échelle de plongée avant de mettre la Diver. Selon moi, la couronne saillante à 10 heures passe d’une certaine manière inaperçue, car elle est éclipsée par la forte présence de la lunette. 

Tout comme la Royal Oak originale en acier est une montre de sport de luxe, la ROO Diver 15703ST en acier est une montre de plongée de luxe, ce qui se reflète dûment dans son prix. Si, à ses débuts, elle est apparue disruptive par rapport à la Royal Oak et aux yeux de certains puristes, elle s’est progressivement imposée. C’est héréditaire car les tout premiers modèles Royal Oak et Royal Oak Offshore ont eux-mêmes suscité les critiques et le scepticisme à leur sortie.

L’attention portée au design et aux détails apporte un énorme bonus à la ROO Diver. Contrairement à la précédente ROO Scuba, la ROO Diver affiche un index double bâton à 12 heures. C’est un point important car on le trouvait tel quel sur les cadrans de la Royal Oak A Series originale de 1972 (et sur la très recherchée réédition Royal Oak 157202ST). Les versions ultérieures Royal Oak B et C, également produites dans les années 1970, arboraient le logo AP pour indiquer 12 heures.

Est-ce que la ROO Diver 15703ST, animée par un mouvement automatique de manufacture Audemars Piguet, le calibre 3120 doté 60 heures de réserve de marche, vaut le coup? La réponse est évidente : le modèle figure en permanence dans la collection de la marque et sa forme désormais classique a été conservée pendant près de deux décennies, des premières ROO de plongée à ses descendants actuels. Une citation de Victor Hugo me vient à l’esprit à propos de la ROO Diver: «Le style est la substance de l’objet appelé sans cesse à la surface ». Pourquoi ? Il n’est pas surprenant d’apprendre que certaines ROO Diver ont une vie aquatique limitée, voire inexistante : après tout, il s’agit d’une montre de plongée de luxe, en substance et en style. 

 

Cette année, GMT Magazine et de WorldTempus se sont lancés dans le projet ambitieux de résumer la montre de plongée depuis l'an 2000 dans The Millennium Watch Book - Diver, un grand et beau livre magnifiquement illustré. Cet article en est un extrait. The Millennium Watch Book - Diver est disponible sur en français et en anglais ici :

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