5101P 10 jours Tourbillon

Image
5101P 10 jours Tourbillon - Patek Philippe
4 minutes read
Listen now
Par son esthétique, sa complication, son tarif et son originalité, cette montre munie d’un mouvement de forme a permis à Patek Philippe d’affirmer sa position dans l’industrie horlogère : tout en haut*

En 2003, Patek Philippe entrait dans une nouvelle ère grâce au lancement d’une montre de poignet sans équivalent. La 5101P 10 Jours Tourbillon était la seule à présenter un calibre de forme doté d’un régulateur à tourbillon et d’une durée de marche dépassant les trois jours. Elle se payait même le luxe d’un total de 10 jours, qui plus est dans une boîte de forme et en platine, au design qui annonçait sans le vouloir le style néo-vintage. Alors qu’elle n’avait jamais cessé son activité dans les grandes complications, la marque franchissait un nouveau cap. Extrêmement chère, d’une forme extrêmement particulière, la 5101P était positionnée tout en haut de l’échelle du secteur. Patek Philippe avait en quelque sorte donné de la voix. Elle venait de s’affirmer comme la référence du très haut de gamme.

Principes

Ce mouvement et cette montre ont parachevé une grammaire chez Patek Philippe. La marque ne montre pas ses tourbillons. Ils ne sont pas visibles à travers une découpe du cadran, ils ne font pas l’objet d’un squelettage qui les révèle, ils n’assurent pas non plus une fonction de spectacle, mais bien un rôle purement horloger. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre les inscriptions sur le cadran: la mention du terme tourbillon et du numéro individuel du mouvement dans la petite seconde sont un héritage des pièces de Concours d’Observatoire.

Discrétion

Avec cette discrétion, Patek Philippe s’est d’emblée inscrite dans un champ différent, refusant l’ostentation et la facilité dans laquelle cette complication était déjà en train de basculer. Le simple nom de la pièce est révélateur. En plaçant 10 Jours avant Tourbillon, on a renversé la proposition selon laquelle le régulateur rotatif est tout, fait tout, pour tous. Il faut dire que cette complication n’avait fait l’objet que de quelques rares pièces dans l’histoire de la marque. Son but restait celui qui guidait les régleurs Patek Philippe qui cherchaient à briller lors des Concours de Chronométrie et d’Observatoire : précision de marche avant tout.

Finitions

Cela n’empêchait pas, bien au contraire, de soigner les finitions. La marque passait encore toutes ses pièces au Poinçon de Genève. La boîte à triple godrons en retrait progressif est très allongée et génère des cornes qui le sont encore plus. Il s’agit d’un modèle de polissage alors qu’elle est faite en platine, matière alors difficile à usiner et à faire briller. Cette boîte est bombée pour imiter la courbe du poignet et s’inscrire encore un peu plus dans le style Art déco. Fait quasiment unique pour l’époque, le verre saphir qui la referme est convexe. En 2003, usiner un verre saphir bombé sur ses deux faces était un véritable accomplissement, et on imagine à peine le prix de ce seul composant.

5101P 10 jours Tourbillon

Détails

Le cadran en or rose massif est marqué de chiffres arabes années 1920 en appliques, d’une élégance folle. Quant au mouvement, il ne recule devant aucune sophistication. Six des vingt-neuf rubis sont chassés dans des chatons en or. Le très grand pont de tourbillon possède deux bras bercés, c’est-à-dire ramenés à une forme oblongue par la force de la lime et du brunissoir. La cage est en acier et pèse 0,3 gramme, ce qui est particulièrement léger, surtout pour l’époque. Elle est entièrement terminée à la main, anglée, polie et satinée, une opération que la marque évalue à une semaine entière de travail. Le temps passé au réglage n’est pas mentionné mais, comme la marque est attachée à des écarts de marche moyens de -2 à + 1 seconde par jour pour ses tourbillons, il faut imaginer qu’il est bien plus long que la moyenne. Dans ce contexte, passer le test du COSC n’a dû être qu’une formalité.

Postérité

Depuis, la production de tourbillons signés Patek Philippe est restée confidentielle. La marque les traite comme elle le faisait dans les années 1940 à 1970: des créations exceptionnelles au sens littéral du terme. La preuve, le calibre 28-20/222 est resté le seul de la marque à proposer un tourbillon sans autre complication prestigieuse. Aujourd’hui, il est couplé à une répétition minutes… au minimum. Refusant de multiplier les mouvements et les modèles, Patek Philippe n’a jamais ouvert les vannes. Elle n’a jamais non plus abaissé le niveau de finitions et de réglage dont ces pièces font l’objet. Leur héritage est donc avant tout chronométrique et historique. Il permet l’affirmation discrète, et continue, de la suprématie de la maison.

*Cette année GMT Magazine et de WorldTempus se sont lancés dans le projet ambitieux de résumer les 20 dernières années du tourbillon dans The Millennium Watch Book - Tourbillons, un grand et beau livre magnifiquement illustré. Cet article en est un extrait. The Millennium Watch Book - Tourbillons est disponible sur www.the-watch-book.com, en français et en anglais.

Marque