Les cornes, un sujet pointu

Image
Lugs: a sharp, edgy topic - Ergonomy / design
3 minutes read
Elles relient la boîte au bracelet et ce n'est pas un rôle anodin. Éléments d'ergonomie et de design, les cornes comptent.

Pourquoi diable s'intéresser aux cornes ? Parce que le diable est dans les détails et les cornes, ces attaches qui dépassent du boîtier pour fixer le bracelet, en est un d'importance. Elles qui déterminent le confort de porter des montres et une bonne partie de leur apparence.

Ces appendices ergonomiques sont donc l'interface entre le boîtier et le bracelet. Entre le corps de la montre et son attache. Éléments de liaison, leur forme, longueur et inclinaison tracent la courbe du bracelet et donc la manière dont il s'enroule autour du bras. Trop longues, les cornes dépassent du poignet et créent un vide entre la peau et le métal. Trop droites, elles empêchent le fond du boîtier de coller au porteur. Au contraire, si elles créent un effet de pince, si elles encadrent les os du poignet, elles permettent à de petits gabarits de profiter de boîtiers de grande taille, un art que les marques spécialistes des formats oversize ont bien compris.

C'est pourquoi Richard Mille ou HYT ont choisi des cornes courtes sur des boîtiers de 45 mm et plus, qui font descendre leurs bracelets à la verticale. De Bethune utilise un système au confort incomparable, des cornes articulées dont le débattement permet d'épouser toutes les formes de poignet. Comme elles sont attachées au plus près du fond de boîtier, elles fabriquent à elles seules la continuité entre peau, corne et montre.

DeBethune DB28 Digitale

Un modèle est récemment venu rappeler l'importance des cornes. La Vacheron Constantin Historiques Cornes de Vache 1955 porte un nom franchement peu poétique. Mais que ses cornes servent à l'identifier est un indicateur de la culture de cette marque. Plus qu'aucune autre, elle en a expérimenté formes, géométries et courbes au long de son histoire, et a fait de la corne un attribut identitaire. Il y en a des papillons, des gouttes d'eau, des larmes et on en passe. Parce que quand la corne se distingue, elle entraîne tout le design de la montre avec elle. S'il y en a trois, on identifie une Roger Dubuis Excalibur. Quand il n'y en a qu'une seule, c'est une Pierre Arpels de Van Cleef & Arpels, une Bovet Amadeo ou encore une Grande Classique de Longines. Et quand il y en a deux...eh bien cela dépend de leur forme.

cornes roger dubuis van cleef & arpels longines

La Radiomir de Panerai n'a pas de cornes à proprement parler, mais plutôt une anse. En forme de large U, elle se referme sur le bracelet. Elle se dévisse du boîtier pour s'ajuster. Pas pratique, mais c'est une signature Panerai. Celles de Breguet, en forme de crosse épiscopale, sont soudées à la boîte et leur tranche est cannelée. Pour moderniser le design de certains modèles comme sa 5208, Patek Philippe ajoure les siennes, ce qui est un geste généralement réservé aux montres plus sportives, à la recherche d'une légèreté de fait et aussi suggérée par le design.

cornes panerai patek philipe

Reste un cas particulier, celui des montres conçues pour un bracelet métal : certaines n'ont pas vraiment de cornes, comme la Nautilus de Patek Philippe ou la North Flag de Tudor. L'intégration du bracelet à la boîte les fait disparaître, moitié avalées par l'une, moitié phagocytées par les maillons de l'autre. Cartier va encore plus loin, puisque sa Crash Squelette n'en a tout simplement pas. Mais avec un boîtier aux formes aussi fortes et inclassables que cela, il fallait savoir s'éclipser pour mieux permettre à la montre d'exister.