Les garde-temps et instruments d’Urban Jürgensen

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Urban Jürgensen’s timekeepers and instruments - Urban Jürgensen
Tour d’horizon des garde-temps et instruments signés Urban Jürgensen.

La distinction a toute son importance car Urban Jürgensen produisait évidemment déjà des garde-temps lorsqu'il travaillait avec son père. Cependant, ce dernier était plus intéressé par la vente de montres simples et de qualité à usage quotidien que par l'horlogerie de précision, chronomètres de marine ou instruments scientifiques complexes.

Lorsqu’il créa son entreprise en 1811, Urban Jürgensen commença à signer ses produits de son nom. L'une de ses créations les plus significatives n'est cependant pas une pièce d'horlogerie mais un thermomètre de poche bi-métallique qu'il avait développé pour la première fois en Suisse. Ceux-ci sont signés "Larpent & Jürgensen", "Urban Jürgensen" ou "Louis Urban Jürgensen" et bien que l’on ignore le nombre total de pieces réalisées, la répartition entre ces trois signatures est probablement à peu près égale.

Les garde-temps et instruments d’Urban Jürgensen

Toutes les montres de poche Urban Jürgensen étaient signées sur le cadran. Mais il n’en allait pas de même pour les mouvements. Les mouvements entièrement réalisés en interne étaient signés sur la platine, alors que ceux basés sur des calibres importés portaient la signature sur le cache anti-poussière. Si une montre Urban Jürgensen ne porte pas de signature sur le cadran, on peut en déduire que ce dernier a été remplacé.

L'entreprise d’Urban Jürgensen démarra rapidement et produisit 260 montres en trois ans - un exploit impressionnant étant donné les sombres perspectives économiques de l'époque. Toutefois, dans les années 1820, ce nombre dégringola rapidement à 20 montres par an au maximum, à mesure que l'entreprise approfondissait ses recherches sur le chronométrage de précision et se chargeait de la réparation, du nettoyage et du réglage de garde-temps venant d'ailleurs.

Le fameux chronomètre de poche Urban Jürgensen est peut-être l’un des meilleurs exemples de cette dernière période. Il s’agit du chronomètre «Krusenstern» de 1820 que Frederik VI, roi du Danemark, offrit au baron Krusenstern de Russie, premier Russe à avoir fait le tour du monde.

Urban Jürgensen avait appris à fabriquer des échappements à tourbillon, mais il n’en réalisa très peu, et un seul exemple est connu, qui utilise un mouvement Houriet. Il se concentra plutôt sur les chronomètres de marine et privilégiait les échappements de chronomètres aux mécanismes à force constante. Il préférait le design de Thomas Earnshaw à celui de John Arnold, mais estimait néanmoins qu’il pouvait encore être amélioré. Sa contribution fut l’échappement de chronomètre duplex à double roue détaché, une combinaison de l’échappement de chronomètre d’Earnshaw et de l’échappement duplex de Dutertre. Il était composé de deux roues d'échappement montées sur le même arbre - une petite roue pour donner l'impulsion et une roue plus grande (deux fois le diamètre de la petite roue) pour le verrouillage, ce qui réduisait la pression sur la pierre de blocage.

Bien que présenté comme une amélioration de l'échappement d'Earnshaw, l'échappement duplex à deux roues ne se généralisa pas, en premier lieu parce qu'il impliquait plus de travail mais, surtout, une plus grande inertie. Il s’avéra que le même résultat pouvait être obtenu avec une seule roue et Earnshaw lui-même émit des réserves sur la valeur réelle de l'invention.

Côté grandes complications, Urban Jürgensen n’a fabriqué que six régulateurs d’observatoire. La raison de ce petit volume est la même que celle du nombre relativement faible de montres qu'il a produites: étant sans doute le seul dans le pays capable de faire de tels instruments, il devait d'abord fabriquer ses propres outils. Pour les régulateurs d'observatoire, le pyromètre, nécessaire pour ajuster le pendule de compensation, était crucial. Il n’est même pas certain que les deux derniers mouvements de ce type aient été emboîtés du vivant d’Urban, et le cinquième porte la signature “Louis Urban Jürgensen”. Les deux pièces renfermant ces mouvements étant en mains privées, un air de mystère demeure. 

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