Besoin de vitesse

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The need for speed - Omega
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Comment une montre "Frankenstein" a engendré une étonnante collection Omega Speedmaster.

En 2013, lorsqu'Ivan publie pour la première fois des photos de son Omega Speedmaster ST 105.012 sur des forums Omega, il est très surpris par les réactions des internautes. «Beaucoup se sont moqués de ma montre. Les 90% qui l'ont fait se sont demandé comment j'avais le culot de poster les photos sur les forums, tandis que les interventions des 10% restants ont été utiles pour mettre en évidence les erreurs de ma montre. Certains m'ont même gentiment dit ce qui n'allait pas avec le cadran, les aiguilles, la lunette, le bracelet, les poussoirs et la couronne. ”

C’est un coup dur pour Ivan, alors novice dans les montres vintage Omega. De plus, la Speedmaster ST 105.012 était un cadeau de son père qui l’avait achetée sur recommandation d’un ami.

« Oui, c’était une Speedmaster "à la Frankenstein" », concède Ivan. « Malheureusement, mon père connaissait bien les montres Rolex, mais pas les Omega. La montre comportait de nombreuses pièces de rechange. Le logo Omega sur la couronne avait une base incurvés, alors que celle de l’original est plate. La lunette était une fausse pièce de rechange et même le bracelet n'était pas d’époque. En gros, tout était faux sauf le boîtier et le Calibre 321. »

Inébranlable, Ivan décide alors que la meilleure chose à faire est de corriger les erreurs. « Après avoir beaucoup lu, consulté des forums Omega et fait des recherches approfondies sur les Speedmasters, j'ai fini par déterminer quels étaient les bons cadran, aiguilles et poussoirs d’époque. »

« Le bon cadran est probablement l’élément le plus important de la montre. J'étais sur eBay depuis près de deux mois quand le cadran que je recherchais y a été mis aux enchères. Une partie du cadran était en train de changer de couleur et j'en suis tombé amoureux. » Ivan parvient à remporter l’enchère sur eBay.

« Avoir le cadran correct était le point de départ de ce projet. Cependant, comme je ne savais pas où trouver les bons poussoirs et la bonne couronne, j’ai envoyé ma montre à STS, un service après-vente officiel Omega basé au Royaume-Uni. Ils avaient la couronne et les poussoirs d’occasion, mais en parfait état. J'ai pu les obtenir pour ma montre, bien que STS les réservent habituellement aux clients qui leur confient leur montre pour une révision complète du mouvement », explique Ivan.

Les montres Omega équipées du Calibre 321 se distinguent par un point situé au-dessus du chiffre 90 sur la lunette, alors que sur les modèles plus récents, le point est à côté du 90. Ivan apprend à ses dépens qu'il est encore plus difficile de trouver une lunette en bon état qu’un cadran. Il finit par en trouver une en relativement bon état, mais devra débourser 2000 USD.

« Je pensais alors que ce que j’avais payé était le maximum pour une lunette avec un point au-dessus du 90. Aujourd’hui pourtant, ces lunettes, dans le même état que la mienne, se négocient entre 4000 et 5000 USD. Les montres anciennes rares et leurs pièces de rechange prennent toujours plus de valeur. Un prix jugé exorbitant aujourd'hui ne le sera peut-être pas nécessairement dans quelques années », explique Ivan. Dans la foulée, il trouvera aussi un bracelet d'époque original sur eBay pour sa Speedmaster.

Presque six mois plus tard, la Speedmaster ST 105.012 d’Ivan est entièrement corrigée (photo ci-dessus). « Cette pièce a une grande valeur pour moi, car c’est mon père qui me l’a offerte, et j’ai réussi à lui redonner tous ses éléments des années 1960, l’époque où elle a été réalisée. L'astronaute américain Buzz Aldrin portait le même modèle quand l'Omega Speedmaster devint la première montre-bracelet sur la lune, en juillet 1969. Pour moi, cette montre a une valeur sentimentale et historique capitale. »

« Une fois la montre totalement restaurée, je l’ai montrée à mon père. Il était fier de moi. Nous étions tous les deux contents. Par la suite, j'ai eu de plus en plus faim de montres vintage Omega. Mon voyage avec Omega avait commencé », déclare Ivan.

Son rite de passage horloger effectué, son père lui offre une autre montre: une Rolex Submariner militaire, qui va déboucher sur une autre Speedmaster.

Avec sa Speedmaster restaurée et sa Rolex issue du monde militaire, l’intérêt d’Ivan pour les montres militaires se renforce.  Il achète aux enchères deux Omega Seamaster militaires. «Je me suis alors demandé s'il y avait déjà eu une Speedmaster militaire. J'espérais vraiment que ce soit le cas », se souvient Ivan.

Cette Speedmaster militaire fait surface quand une personne ayant servi avec la mission de maintien de la paix des Nations Unies dans la bande de Gaza lui en propose une. « Le vendeur appartenait à la Force d’uurgence des Nations Unies (FUNU) et avait reçu une Speedmaster 2998-3 pendant sa mission. L’important dans cette pièce est l’aiguille blanche « sucette » du chronographe. Ma collection de montres anciennes Omega avait commencé avec une Speedmaster, et avec cette Speedmaster d'origine militaire, j'ai redécouvert mon affection pour ces modèles », note Ivan.

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Ivan acquiert la Speedmaster ST 105.003 « Ed White » et sa recherche de montres associées à l’expédition sur la lune le mène à la BA 145.022, la toute première Speedmaster en or, réalisée en hommage aux astronautes de la mission Apollo XI. Il s’agissait d’une série en or jaune 18 carats limitée à 1014 exemplaires et Ivan n'en possède pas moins de trois !

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En plus des montres anciennes Omega, la collection d’Ivan comprend également des Speedmaster contemporaines très importantes, comme la « Tintin », la « Speedy Tuesday », l’ Apollo 13 Silver Snoopy et même deux pièces  Speedy Tuesday « Ultraman », pour n'en citer que quelques-unes.

En parlant de la Speedmaster « Ultraman », Ivan a également réussi à mettre la main sur la 145.012-67 SP, la toute première série « Ultraman » de 1968. Ainsi nommé en raison de l'aiguille centrale du chronographe de la même couleur que le costume d'Ultraman,  ce modèle extrêmement rare n’a été édité qu’à moins de 50 pièces.

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Si vous n’avez toujours pas compris ce véritable amour d’Ivan pour les Speedmasters, peut-être est-il temps de mentionner sa Speedmaster Missions Collection ST 145.0022. Sortie en 1997 pour commémorer le 40e anniversaire de la Speedmaster, elle s’assortit d’une valise en tissu blanc utilisé pour les combinaisons spatiales et abrite 23 Speedmasters en acier inoxydable, dont l’une avec un mouvement à remontage manuel Calibre 1861, logée dans un support en plastique.

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Les 22 premières Speedmasters arborent chacune sur leur cadran le logo des différentes missions de la NASA, tandis que la 23ème pièce est une reproduction de la première Speedmaster, la CK 2915 de 1957. Bien que 40 lots de Speedmaster Missions aient été produits, cinq autres ont été fabriqués et marqués  « Epreuves d'artiste » - également connus comme les éditions « Artist » – et qui n’ont pas été commercialisés.

Ivan a acquis ce lot spécial Missions et quelques autres montres Omega aux enchères. Ils appartenaient au même vendeur, un baron européen. Le set spécial Missions Speedmaster qu’Ivan s’est procuré est l’une des 5 éditions « Artist », qui, suppose-t-il, avait été offerte au baron.

Ce lien avec le baron explique pourquoi le nom d’Ivan sur Instagram est @sgwatchbaron. C’est là que l’on peut admirer sa collection de garde-temps rares, en constante évolution. Ce jeune homme de 27 ans n'a commencé à collectionner des pièces anciennes qu’il y a environ six ans. Une preuve de son besoin manifeste de vitesse.

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