L'esprit des machines

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La Palace, dernière née de la marque, plonge ses racines dans l'évolution industrielle de la fin du 19e siècle.

WORLDTEMPUS – 17 mars 2010

Louis Nardin

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La révolution industrielle amène dans son sillage une utilisation effrénée de l'acier pour construire machines, moteurs, trains et voies ferrées, navires ou bâtiments. Eléments modulaires basiques, la poutrelle et le rivet deviennent les Legos de base permettant des constructions impensables jusqu'alors. Ponts, verrières, édifices spectaculaires tels la tour Eiffel, ingénieurs et architectes découvrent un nouveau terrain de jeu. Dans la foulée, le travail à la chaîne est instauré dans les fabriques. La technique et la mécanique s'invitent dans le quotidien de chacun à une époque où le Progrès annonce un monde radicalement nouveau. La Palace, dernière nouveauté de Jean Dunand, tire ses formes intérieures et extérieures de l'architecture, du génie civil, des transports et du développement industriel propres à la fin du 19e siècle.

A entendre Thierry Oulevay, CEO de la marque, présenter la Palace, on distinguerait presque de la vapeur sortant des jointures du boîtier. «Après avoir mis en avant l'Art déco, nous avons choisi de nous intéresser à la période qui le précède en nous tournant vers les débuts flamboyants de l'ère industrielle. En grandissant, ce monde de technique pure a créé ses propres codes esthétiques, forts et spécifiques à la fois. La Palace les concentre pour en tirer sa quintessence.»

Initié en 2007, le projet a mobilisé le manufacturier Christophe Claret, par ailleurs coactionnaire de la marque, pour réaliser le mouvement, et le designer David Notario, connu entre autres pour ses réalisations chez Jorg Hysek. Chaque pièce a été réfléchie et dessinée pour incarner cet esprit des «Temps modernes», titre d'un célèbre film de Charlie Chaplin et autre source d'inspiration importante du projet. «Pour exécuter certaines finitions, nous avons dû notamment mettre au point une technique inédite. Elle a servi à rapporter une décoration en or sur des pièces en titane.»

Composé de 67 éléments, le boîtier, de grande taille avec ses 48mm sur 49mm, a été source de longues réflexions pour lui trouver les formes justes. Après une multitude d'essais pour un résultat toujours insatisfaisant, la solution est venue d'un croquis imaginé spontanément par l'un des ingénieurs. Les aiguilles n'ont pas été en reste puisqu'il a fallu 6 semaines et 250 esquisses pour obtenir les lignes parfaites.

Joyau mécanique, le calibre de la Palace abrite un tourbillon volant et les fonctions chronographe, dans une configuration monopoussoir, ainsi qu'un second fuseau horaire. Muni, en particulier, d'une chaîne de transmission apparente, il a coûté trois ans de recherche et de développement. «Aucun calibre Jean Dunand n'avait demandé autant d'efforts puisqu'ici l'esthétique de tous composants a été individuellement étudiée. Grâce à un fond saphir, il est intégralement visible. Pour souligner encore ce travail artistique, nous avons renoncé au cadran.» L'information s'affiche d'ailleurs via un système d'«ascenseurs» révolutionnaire. Thierry Oulevay compte livrer une quinzaine de pièces par an pour un prix estimé à 400'000 francs suisses hors taxes.

Retrouvez plusieurs vues de la Palace ainsi que des commentaires et d'autres images liées à l'époque qui l'a inspirée sur la page facebook de la marque en cliquant ici.


A propos de Jean Dunand
La marque est née de la volonté de Thierry Oulevay et Christophe Claret d'offrir des garde-temps hors du commun et réservés à une élite de connaisseurs. Fondée en 2003, la marque présente d'entrée l'une des montres les plus compliquées du monde aujourd'hui encore, la Grande Complication. En 2006, le Tourbillon Orbital avec sa cage excentrée effectuant une révolution complète de cadran en une heure et ses cadrans exceptionnels taillés dans des pierres rares ou réalisés en faisant appel à des techniques peu communes comme la laque chinoise marque une seconde étape. La Shabaka, le premier quantième perpétuel à affichage par cylindres et doté d'une répétition minutes, est dévoilée en 2008. Partisan d'une philosophie guidée par la quête d'exceptionnel, Thierry Oulevay souligne la rareté et l'exclusivité des montres Jean Dunand.