Interview de Thierry Stern, 1ère partie

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Interview with Thierry Stern, part 1 - Patek Philippe
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Dans la première partie de notre interview, Thierry Stern revient sur les festivités du 175e anniversaire de la marque et aborde quelques pièces phares de la collection 2016.

Les festivités du 175e anniversaire de Patek Philippe ont pris fin l’année passée. Comment résumeriez-vous cette période riche en événements pour la marque ?
Nous sommes très contents et je crois que ces festivités vont laisser une belle empreinte. Nous avons rassuré les gens qui ont pu voir que notre maison vieille de 175 ans n’en est pas poussièreuse pour autant, et c’est très important pour moi. Certaines marques sont aussi vieilles que nous, mais toutes ne sont pas aussi proactives et je crois que là réside une de nos forces. Bien sûr, nous avons présenté plusieurs nouveaux modèles, notamment quelques vraies éditions limitées, et tous sont été livrés au cours des deux dernières années. J’ai été ravi de voir certains clients avec ces montres au poignet à Baselworld.
Nous avons organisé de nombreux événements, ce qui, je pense, n’est pas une mauvaise chose dans le climat économique actuel. Ce n’est pas en réduisant les coûts et en fabriquant des montres en acier moins chères que vous survivrez à la crise. C’est impossible. Chez Patek Philippe, nous faisons exactement l’inverse, et ça marche. Nous avons atteint nos objectifs à Baselworld parce que les gens privilégient les valeurs sûres, complétées d’une touche d’innovation. C’est à nous de montrer que nous sommes actifs.

Vous avez dévoilé la Grandmaster Chime aux cours des festivités du 175e anniversaire et nous découvrons aujourd’hui qu’un modèle similaire est entré dans votre collection. Etait-ce prévu ?
Oui. Quand vous développez un mouvement comme celui-ci, qui nécessite 9 ans de travail (dans notre communication, nous parlions de 7 ans, mais en fait c’est de 9 ans qu’il s’agit), vous ne pouvez pas vous limiter à produire 7 pièces. Ce n’est juste pas rentable. Nous avons donc informé nos clients à l’avance que le modèle anniversaire serait suivi par un modèle standard. Le premier avait un boîtier gravé spécial, et un écrin, ce qui le distingue du modèle standard. Ce type de projet se prépare des années à l’avance. Pour moi, la collection 2017 est déjà finalisée et je travaille sur celle de 2018.

Patek Philippe GrandMaster Chime Baselworld

Mais je suppose que votre capacité de production de la Grandmaster Chime est limitée ?
Oui, bien sûr. Même si nous ne communiquons pas sur nos capacités de production, il s’agit là de pièces extrêmement complexes, et même si j’avais les moyens d’en produire un grand nombre, je ne le ferais pas.

Deux autres anniversaires se profilent cette année : les 40 ans de la Nautilus et les 20 ans du Quantième Annuel. Comment allez-vous les célébrer ?
Nous n’avons rien fait à Baselworld pour les 40 ans de la Nautilus. Ces anniversaires ne sont en fait pas très importants pour Patek Philippe ; 40 ans, ce n’est pas si vieux à nos yeux. En revanche j’aime bien les quantièmes annuels car on n’en voit pas tant que cela. Une grande sonnerie, par exemple, est un concept relativement simple ; la fabriquer et la faire marcher, voilà les vrais challenges. Mais les complications utiles sont bien plus difficiles à trouver et à développer, et c’est ça, je crois, qui mérite d’être fêté : le fait que d’un côté Patek Philippe sache fabriquer des montres ultra compliquées, mais soit aussi capable de simplifier des complications pour les rendre plus accessibles et plus pratiques.
Pour les jeunes qui n’ont peut-être pas les moyens d’investir dans un quantième perpétuel, un calendrier annuel est la solution parfaite. C’est aussi un des rares modèles qui séduit les hommes et les femmes à part égale.

Patek Philippe Annual Calendar

Est-ce à dire que vous essayez de cibler une clientèle jeune ?
Non, ce n’est pas ce que j’essaie de faire, c’est ce que je fais, et ce depuis plusieurs années. Nous avons constaté que l’âge moyen de nos clients avait baissé. Quand j’ai commencé chez Patek Philippe, il était à plus de 50 ans, voire à plus de 60 ans. Aujourd’hui, il démarre à 25 ans.

Ces groupes d’âges différents ont-ils des modèles de prédilection ?
C’est assez mélangé car tous nos fans n’ont pas nécessairement les moyens. Ils vont donc commencer avec une Aquanaut ou une jolie Calatrava, et aller jusqu’au calendrier annuel. Mais on voit aussi de plus en plus de jeunes avoir la chance de commencer une brillante carrière tôt et qui peuvent aisément s’offrir une répétition minutes. Dans ces cas, j’aime bien m’assurer qu’ils comprennent ce qu’ils achètent. Idem quand vous autorisez votre fils de 18 ans à acheter une Ferrari – il doit comprendre ce qu’il fait.

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