Goûter à l’art de l’horlogerie

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Watch Art Appreciation - Patek Philippe
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Contempler l’art à l’exposition Patek Philippe Watch Art.

La Watch Art Grand Exhibition de Patek Philippe à Singapour ne se limite pas à l’art de l’horlogerie, elle s’intéresse aussi à l’art en horlogerie. D’où le nom « watch art » de cette exposition. La grande attention portée à l’art va bien au-delà du business, car elle sert aussi à préserver l’héritage et la culture des objets fabriqués à la main par des artisans qui ne deviennent de véritables maîtres qu’après des années d’exercice et d’expérience.

« Prenons par exemple la peinture sur émail, sans Patek Philippe elle ne serait plus pratiquée aujourd’hui car nous avons employé les derniers peintres sur émail il y a plus de 50 ans », relève Peter Friess, directeur et conservateur du Musée Patek Philippe.

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Parmi les six Editions spéciales Singapour 2019 présentées à la Watch Art Grand Exhibition, cinq mettent en valeur le savoir-faire horloger de Patek Philippe tandis qu’une seule, la Ref. 5531 Répétition Minutes Heures du Monde, affiche une véritable œuvre d’art faite main grâce à la technique de l’émail cloisonné. Il est intéressant de noter que la pièce maîtresse, la Ref. 5303 Tourbillon Répétition Minutes, est limitée à 12 exemplaires mais qu’il n’existe que cinq pièces de la Ref. 5531 Répétition Minutes Heures du Monde avec cadran en émail cloisonné reproduisant la carte de Singapour, probablement à cause des défis que suppose la fabrication à la main d’un tel cadran avec des techniques traditionnelles.

Si ces six éditions spéciales sont à vendre, la manufacture horlogère Patek Philippe ne l’est absolument pas. « Patek Philippe demeure une entreprise familiale. Elle n’est certainement pas à vendre », a affirmé Thierry Stern pendant la Watch Art Grand Exhibition.

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En fait il y a des pièces encore plus rares à la Watch Art Grand Exhibition dont la plupart, si ce n’est toutes, sont des pièces uniques. On en trouve par exemple dans la section des métiers d’art rares : la pendulette dôme « Bay of Singapore » Ref. 20094M ; les montres de poche « Gold Birds », Ref. 992/145J et Ref. 992/146G, avec des décorations faites à la main et émail champlevé ; la Ref. 992/144G « Orchids and Hummingbirds » (orchidées et colibris) avec de la peinture sur émail miniature ; la montre de poche « White Tiger » Ref. 992/153G et la montre bracelet « Dragon » Ref. 5089G-083 avec marqueterie en bois sur le cadran. Toutes ces pièces sont uniques.

De plus, quelques artisans de Patek Philippe venus d’Europe, chacun spécialisé dans son propre métier d’art, que ce soit le guillochage, la gravure à la main, l’émail ou la marqueterie en bois, étaient présents pour montrer comment se réalisent ces techniques. « C’est une exposition vivante qui présente des artisanats rares et des maîtres artisans pratiquant des arts ancestraux », souligne Deepa Chatrath, directrice générale de Patek Philippe South East Asia.

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Même la machine à guillochage vieille de plus d’un siècle et l’immense appareil à découper le bois précieux en marqueterie, tous deux d’utilisation manuelle, ont été envoyés à Singapour uniquement pour cette exposition. « Les artistes sont là simplement parce qu’ils sont bons. Nous voulons partager notre passion et notre savoir-faire », explique Sandrine Stern, directrice de la création chez Patek Philippe.

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Anita Porchet, maître émailleuse indépendante qui collabore avec Patek Philippe depuis environ 25 ans, était présente à l’exposition pour expliquer son art et les travaux qui lui ont été commandés : la Ref. 992/144G « Orchids and Hummingbirds » (orchidées et colibris), les pendulettes de table, chacune affichant les cartes de Singapour, Kuala Lumpur, Djakarta, Manille, Hanoi et Bangkok grâce à la technique de l’émail cloisonné et flinqué, le cadran en émail cloisonné de la Ref. 5531 Répétition Minutes Heures du Monde Edition Spéciale Singapour 2019 et la Ref. 7000/50R « Titmice in the reed » (mésanges sur le roseau).

Anita Porchet a plus de 45 ans d’expérience dans l’émail, elle a commencé l’apprentissage de son art lorsqu’elle était encore une jeune adolescente. La peinture sur émail miniature sur la Ref. 992/144G « Orchids and Hummingbirds » se base sur le travail du peintre américain Martin Johnson Meade (1819-1902). L’orchidée qu’il a choisie est la Cattleya rose représentée au premier plan avec des colibris à l’arrière-plan.

« La difficulté majeure est de réussir le rouge profond car c’est, avec le rose, l’une des teintes les plus difficiles à obtenir. Ces deux couleurs peuvent être placées très près l’une de l’autre, mais elles ne peuvent pas se toucher. J’ai dû créer du volume et cela se voit dans les détails, particulièrement dans les différentes couleurs de la végétation verte », explique Mme Porchet.

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Quant à la Ref. 7000/50R « Titmice in the reed », une répétition minutes pour dames avec un cadran en émail cloisonné, ce fut un défi technique pour Anita Porchet. Pour sculpter les oiseaux et les feuilles, un fil d’or plat d’environ 60 à 70 cm a été coupé en minuscules morceaux utilisés pour façonner les formes. « Le plus difficile était de réunir tous les compartiments en or. Comme le fil d’or est si fin, il bouge très facilement lorsqu’il est placé sur le cadran, explique Mme Porchet. J’ai utilisé toutes les différentes couleurs d’émail en ma possession. J’ai pu jouer du transparent à l’opaque et créer des ombres sans utiliser le cloisonné. Finalement j’ai vraiment apprécié de travailler sur cette pièce unique. »

En ce qui concerne la Ref. 5531 Répétition Minutes Heures du Monde Edition Spéciale Singapour 2019, Mme Porchet estime que c’est le cadran en émail cloisonné le plus petit sur lequel elle ait jamais travaillé. On imagine dès lors les difficultés techniques qu’elle a affrontées pour créer chacune des cinq cartes sur les cadrans en émail cloisonné.

Un certain équilibre est nécessaire dans l’emploi des différentes techniques artisanales. « Lorsque nous commençons un nouveau design, nous devons trouver les justes défis pour chaque artiste et comment réaliser la qualité que nous recherchons. On peut utiliser un mélange de techniques, mais ce n’est pas bien de le faire à chaque fois. Parfois, pour certaines montres de poche ou pendulettes, il est préférable de n’utiliser qu’une seule technique. Il faut trouver les bonnes proportions pour équilibrer les techniques. Par exemple, nous utilisons l’émail pour la profondeur et la couleur et la gravure pour les détails derrière l’émail ou sur l’émail. Le souci principal est la qualité. Nous ne ferons jamais de compromis sur la qualité », affirme Sandrine Stern.

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