Jean-Marc Jacot, l'enfant du Locle

A la tête de Parmigiani Fleurier, il rêve d'une horlogerie authentique dont le succès se construit sur le long terme.



SWISS SEASONS - No 3, 21 septembre 2012

Marco Cattaneo

C'était il y a une douzaine d'années, au tout début de ce nouveau siècle. Jean-Marc Jacot rejoignait la Fondation de famille Sandoz et prenait en charge ses activités horlogères avec, en point de mire, le développement de Parmigiani Fleurier. « Mais on ne crée pas une marque juste avec de la publicité, il faut y mettre toute son énergie, proposer le bon produit au bon moment, appuyé par un réseau de distribution qui seul pourra en assurer le succès. » Bref, le chantier est d'envergure, et Jean-Marc Jacot l'aborde par la production qu'il verticalise rapidement jusqu'à atteindre une autonomie complète.

Parmigiani_333529_0



Silhouette élancée, sourire conquérant, qui est donc Jean-Marc Jacot ? « Je suis un homme d'équipe, je ne sais pas travailler seul. » Avant même que l'entretien ne commence, il en pose les règles : pas de personnalisation à outrance, pas de « je » en excès, et un hommage appuyé aux deux personnes sans qui, souligne-t-il, rien n'existerait : l'horloger et l'investisseur, Michel Parmigiani d'un côté, Pierre Landolt de l'autre, qui a décidé de soutenir le projet, assumant les investissements à long terme que cela suppose. Ayant ainsi rendu à César ce qui lui appartenait, le CEO de Parmigiani Fleurier accepte enfin de se raconter, avec cette épaisseur particulière, mélange de grande gueule, de grand cœur, de franchise et de retenue. Né au Locle en 1949, il adore la ville de son enfance. Sans doute l'idéalise-t-il un peu, lorsqu'il décrit ce lieu où riches et pauvres vivaient ensemble, et son enfance rêvée, rythmée par les saisons : « Le printemps venu, on allait aux jonquilles, aux champignons l'automne. Et quand le cirque s'installait, on aidait à monter le chapiteau contre un billet d'entrée. »

« Turbulent. » C'est l'euphémisme qu'il choisit pour expliquer son adolescence en internat, dans un collège broyard d'abord, à Genève ensuite, à l'institut Florimont. Il poursuit ses études à Paris atterrit au Japon dans une filiale de Seiko. Il enchaîne les expériences, Bulova, Cartier, Omega, avant de rejoindre la direction générale d'Ebel, « la chance de ma vie ». La marque est alors en pleine expansion, mais la machine s'emballe. « Nous avons cru que tout ce que nous ferions marcherait aussi bien que l'horlogerie. » Ebel se diversifie, investit, son management aborde tous les rivages, on le retrouve dans le cinéma, dans la télévision, à la tête des skis Authier ou des fixations Look. Une décennie dorée qui voit l'équipe d'Ebel rouler en Bentley, se déplacer en jet privé, en yacht. « Et puis du jour au lendemain, tout s'est arrêté », se souvient Jean-Marc Jacot qui quitte l'aventure en 1992.

Le groupe qu'il dirige aujourd'hui compte 550 personnes et livre ses mouvements bien au-delà de Parmigiani Fleurier. La marque poursuit sa croissance ; elle produit chaque année 5'000 montres dont le prix public moyen oscille autour de 55'000 francs, distribuées par un réseau de 220 points de vente, en phase d'intégration lui aussi. Sa stratégie de communication, plutôt étonnante pour une marque de luxe, la propulse au rang des sponsors principaux de plusieurs événements populaires, du Montreux Jazz Festival aux Montgolfières de Château d'Oex, en passant par la fédération brésilienne de football ou le Zermatt Unplugged qui a vu ce printemps une Amy McDonald plus écossaise que jamais séduire le public du chapiteau.

 

Parmigiani_333529_1

Marque
Parmigiani