Interview de Michel Parmigiani

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Interview with Michel Parmigiani - Parmigiani Fleurier
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Lors du Festival de Jazz de Montreux, qui a fêté son 50ème anniversaire cette année, nous avons interviewé l’homme derrière la marque Parmigiani Fleurier, qui elle célèbre ses 20 ans.

Parmigiani Fleurier a fêté ses 20 ans fin mai. Pouvez-vous nous dire comment l’aventure a commencé ?
Avant les débuts de Parmigiani Fleurier, il y a déjà 20 ans d’histoire, donc il s’agit plutôt d’un anniversaire de 40 ans d’activité. J’ai commencé en 1975 et j’ai découvert le patrimoine de l’horlogerie traditionnelle, une révélation qui m’a encouragé à poursuivre la tradition de ces somptueux objets mécaniques. A l’époque les choses étaient très difficiles et l’industrie s’apprêtait à vivre ses heures les plus sombres. Les gens essayaient de me dissuader de choisir cette profession, mais j’étais bien décidé à perpétuer une tradition qui, à mon sens, ne devait être abandonnée à aucun prix.

C’était difficile, bien sûr, mais lorsque l’on se lance dans ces conditions, il faut avoir l’âme d’un aventurier. Au même moment, parallèlement au travail de restauration que j’effectuais sur la collection du « Technicum », avant même que celui-ci ne soit finalement intégré au Musée international d’horlogerie de la Chaux-de-Fonds, j’ai commencé à produire des pièces uniques et de très petites collections pour quelques marques et collectionneurs. Je voulais continuer à faire cela parce qu’avec la restauration on ne peut pas s’exprimer, on ne fait que rétablir une fonction sur un mécanisme existant. Avec mes propres montres, je pouvais m’exprimer et transmettre un peu du savoir-faire acquis pendant mon travail de restauration.

Parmi les nombreuses marques suisses de haute horlogerie, Parmigiani Fleurier est relativement jeune avec ses 20 ans. Avez-vous jamais imaginé que cela décollerait comme cela a été le cas ?
Non, pas à ce point. Parmigiani Fleurier a acheté quelques entreprises au fil des années pour garantir sa capacité de production. Je n’aurais jamais imaginé que nous les acquerrions. Je croyais que nous ferions tout à l’interne, mais à une plus petite échelle, comme je l’avais déjà fait avec Parmigiani Mesure et Art du Temps en 1990. En 2003 cette entreprise s’est divisée en deux entités distinctes avec la marque Parmigiani Fleurier séparée de ses usines de production qui ont continué leurs opérations sous le nom de Vaucher Manufacture.

Quelle importance Parmigiani a-t-il eue dans la renaissance de l’horlogerie à Fleurier ?
Lorsque j’ai commencé, il ne restait que l’usine de la Côte-aux-Fées qui se battait pour survivre. C’était la seule usine de production horlogère restant dans les 11 districts du Val deTravers. Lorsque j’ai lancé mon affaire, j’ai été contacté par Karl-Friedrich Scheufele de Chopard pour travailler sur les premiers calibres L.U.C. J’ai alors contribué à créer un petit réseau et Cartier et le groupe Richemont ont suivi plus tard.

Parmigiani Fleurier plonge ses racines dans les traditions de la haute horlogerie. Comment des projets de haute technologie comme la Bugatti SuperSport et la Senfine s’intègrent-elles à la marque ?
La collection est composée de plusieurs familles. Il y en a une classique, une plus avant-gardiste, et les montres Bugatti qui sont presque comme les bouffons du roi au sein de la collection. Cela nous permet de faire des choses qui ne correspondent pas nécessairement à notre identité habituelle. Quant à Senfine, cette technologie nous permettra de développer une toute nouvelle série de montres.

La marque Parmigiani Fleurier est très liée à votre personne. Y aura-t-il encore une collection familiale dans les vingt prochaines années ?
Oui, ma fille aînée est responsable des projets spéciaux au sein de la marque. Elle est horlogère et elle est déjà activement impliquée dans la société. J’estime qu’il est important qu’il y ait un représentant de la famille dans la compagnie.

Vous avez produit plus de 30 calibres en 20 ans, ce qui est un exploit impressionnant en soi. Votre développement le plus récent (un calibre de chronographe intégré produit à l’interne) est-il le plus impressionnant ?
Développer un mouvement chronographe à l’interne est plus difficile que développer un tourbillon ! C’est une étape importante et elle nous sera utile pour les années à venir.

Comment voyez-vous l’avenir étant donné la déprime actuelle sur le marché horloger ?
Je crois que l’industrie se trouve devant un tournant qu’elle doit négocier et je ne sais pas trop comment certaines marques vont le faire, ou même si elles vont le tenter. Chez Parmigiani Fleurier nous allons probablement plutôt diminuer un peu la  production. Certaines marques ont inondé le marché et les détaillants en paient aujourd’hui les conséquences.

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Parmigiani