Interview avec Luc Pettavino

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Interview with Luc Pettavino - Only Watch
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Le fondateur d'Only Watch se confie sur la vente aux enchères caritatives qu’il a mise sur pied

Parmi les huit précédentes éditions d’Only Watch depuis 2005, laquelle vous a le plus marqué ?
La première et la dernière ! Malgré l’improbabilité qu’une idée devienne réalité inhérente à tout projet, la première incarnait ce rêve devenu réalité ! Cet élan fondateur a immédiatement été soutenu. Presque à chaque nouvelle édition, les enchères ont augmenté considérablement, allant même jusqu’à doubler d’une édition à l’autre. La dernière a brisé un plafond de verre avec un total de 38,5 millions de francs suisses, ce qui était vraiment incroyable ! Son intensité et son ampleur ont agi comme une lame de fond qui a fait d’Only Watch un événement de référence en termes de créativité horlogère. Son objectif le place solidement sous le feu des projecteurs et nous recevons effectivement une énorme quantité de demandes d’acheteurs potentiels désireux de s’inscrire pour la vente du 6 novembre pour y assister en personne et en plus grand nombre. La plus jeune génération en particulier souhaite donner du sens à ses achats et entrer dans le cercle des collectionneurs à l’occasion d’Only Watch. C’est un moment charnière et quelque chose est décidément en train de se passer.

Interview de Luc Pettavino

Comment l’expliquez-vous ?
Probablement un mélange de cohérence, d’intelligence émotionnelle et d’un argumentaire simple qu’un enfant de cinq ans peut comprendre : avec Only Watch nous allons demander aux gens de créer une montre, de nous la donner afin qu’elle puisse être vendue dans le but d’aider et, un jour, de guérir des enfants malades. Au fil des années, nous avons vu de nouvelles possibilités s’ouvrir dans un processus qui s’est mis en place naturellement et avec confiance. Le bouche à oreille s’est accompagné d’une transmission parallèle du genre d’énergie inhérente au projet, chacun d’entre nous devenant un gardien responsable. Only Watch est comme une maison qu’horlogers, médias, partenaires et collectionneurs ont construite ensemble dans un esprit de respect mutuel. C’est magnifique à voir, à animer, à coordonner. C’est un privilège et une source de grande satisfaction dans ma vie.

Avant vous dirigiez le Monaco Yacht Show. Qu’est-ce que vous appréciez particulièrement dans l’horlogerie ?
Il y a du vrai génie dans l’horlogerie, ainsi qu’un savoir-faire exceptionnel et une grande intelligence, par exemple pour concentrer toutes ces complications dans un si petit espace, même si je n’essaie pas de comprendre tous les tenants et aboutissants techniques. Ma mission dans ce projet est de réunir, de libérer les énergies, de favoriser l’excellence. J’aime le rapport humain qui est très délicat et fugace, parce que je ne reste jamais assez longtemps pour laisser mon empreinte. Je fais confiance aux gens que j’interroge et je salue leur attitude généreuse et leur style lorsqu’ils répondent rapidement : « Oui, nous allons créer une montre unique ET époustouflante ». Ils ont tous un véritable talent pour raconter la même histoire de façons différentes.

Interview de Luc Pettavino

Quel est le commentaire le plus agréable que vous ayez entendu de la part d’une marque participante ?
Si je devais choisir une réaction plutôt qu’une autre, je mentionnerais celles qui ont suivi mon appel sur scène lors de la cérémonie du Grand Prix d’Horlogerie de Genève de 2019 lorsque j’ai reçu le Prix spécial du Jury. Du coup j’étais la dernière personne à quitter le Théâtre du Léman, parce que le discours que j’ai improvisé a touché beaucoup de cœurs. L’un après l’autre, les gens sont venus vers moi pour partager les histoires de leur vie ou pour me dire à quel point il était rassurant de voir autant d’énergies s’épanouir sans entraves ; et réaliser que la simplicité, l’excellence et le succès pouvaient s’exprimer de manière aussi rafraîchissante. Only Watch est l’exemple typique d’une histoire personnelle devenue universelle.

Par ailleurs le soutien inconditionnel du chef de l’Etat monégasque depuis l’idée de départ en 2004 signifie beaucoup pour moi. Malgré le fait qu’il est de plus en plus occupé, il est toujours très ouvert et bienveillant, approuvant tous les programmes qu’on lui soumet, écrivant des mots de bienvenue, incluant systématiquement Only Watch dans son agenda et demandant comment il peut aider à chaque occasion. Le projet a de la chance de bénéficier de sa confiance et de son amitié.

Interview de Luc Pettavino

En quoi l’édition 2021 est-elle différente ?
Elle est différente d’abord parce qu’elle intervient après le moment charnière de 2019 que j’ai mentionné avant, mais aussi à cause du nombre record de marques et de la qualité globale encore plus grande des montres. C’est la meilleure garantie de longévité pour Only Watch. Cette édition se distingue aussi du fait de la nouvelle capacité des enchères qui se tiendront pour la première fois à Palexpo à 14h00 le 6 novembre. Tandis que nous maintenons l’exposition horlogère – du 4 novembre au 6 novembre à midi – à l’Hôtel des Bergues avec son équipe magique et son extraordinaire confort, les salles modulaires de Palexpo nous permettront d’accueillir davantage de participants.

Quelle proportion du produit de cette vente biennale est-elle versée à la recherche contre la dystrophie musculaire ?
Environ 99% du montant est donné à la recherche, c’est-à-dire 74 millions de francs suisses depuis 2005 ! Only Watch n’a pas de bureaux, un employé tous les deux ans, et tous les participants travaillent bénévolement : les horlogers ; Christie’s qui accueille une partie de l’exposition itinérante et les ventes aux enchères ; Ferrari qui s’occupe du transport des montres ; Air France pour mes voyages ; ou les médias, qui fournissent la visibilité. Mon travail pour ce projet est aussi bénévole.

Les chercheurs bénéficiant du soutien d’Only Watch ont une occasion unique de donner le meilleur d’eux-mêmes sur le long terme grâce à des fonds substantiels tout en surveillant soigneusement les dépenses.

Et la vie leur offre maintenant une opportunité de voir le fruit de leur labeur transformé en essais cliniques sur des humains déjà en 2022. C’est si rare d’être capable d’offrir un véritable espoir de thérapie pour une maladie grave !