Est-ce que la montagne que vous avez récemment choisie comme territoire d’expression permet à Montblanc d’atteindre de nouveaux sommets ?
Oui, et lorsqu’un sommet est atteint, nous en visons un autre ! L’an passé, pour notre première montre de plongée, la 1858 Iced Sea Automatic Date, nous sommes partis d’un concept basé sur la Mer de Glace, dans le massif du Mont-Blanc, et nous avons développé le premier cadran glacier de l’horlogerie. Nous utilisons une technique ancestrale propre aux cadraniers pour capturer la lumière (technique du gratté-boisé) et nous travaillons les couches de laque comme si c’étaient des couches de glace. Les trois couleurs qui ont été choisies (le vert, le bleu et le noir) sont toutes des couleurs naturelles que l’on retrouve dans les icebergs du monde entier. Le succès des modèles a dépassé toutes nos attentes, c’est pourquoi cette année nous continuons avec une couleur encore plus épatante. Dans le sillage, d’autres développements ont émergé, visibles sur des modèles dévoilés à Watches and Wonders 2023 et liés à l’histoire de la marque. Nous espérons que le succès sera sans sommet, mais plutôt une ascension permanente !
En quoi le concept 0 Oxygen parle-t-il aux clients ?
Là encore, rien n’est arrivé par hasard, et les clients l’ont bien compris quand nous avons lancé la Geosphere 0 Oxygen l’an passé. Cette série limitée a tout de suite trouvé preneurs auprès de clients sensibles à cet univers de la montagne et de l’alpinisme traditionnel. L’étendre cette année était une évidence. Reinhold Messner me racontait ses ascensions vers les 14 plus hauts sommets du monde sans oxygène, un exploit incroyable. En cherchant comment renforcer le lien entre cet explorateur hors du commun et Montblanc, tout en lui rendant hommage, nous avons imaginé une montre sans oxygène. Mes équipes ont étudié plusieurs voies et ont constaté qu’il fallait remplacer l’oxygène par un autre gaz. Nous avons choisi l’azote (nitrogen) qui est un gaz neutre. Le retrait de l’oxygène permet de ralentir sensiblement le processus d’oxydation des huiles, tout en supprimant l’humidité dans la montre. C’est un atout quand on voyage et lorsque la montre subit des changements drastiques de température : la buée n’apparaît plus à l’intérieur et les pièces résistent au temps sans oxydation. L’une de ces montres se trouvait d’ailleurs au poignet de notre autre ambassadeur Nimsdai Purja pour sa première ascension de l’Everest sans oxygène. Nous présentons donc cette année la collection « Les 8000 » composée de quatre montres sans oxygène, avec quatre fonds spécifiques. Elles se distinguent par un joint bleu autour de la glace, qui souligne l’absence d’oxygène à l’intérieur de la boîte, et de discrètes touches orange, qui rappellent les colliers népalais. Le modèle automatique à cadran glacier, avec lunette céramique, bracelet ajustable et interchangeable, fond gravé en 3D, est accessible à moins de 3’000 francs, c’est unique dans l’horlogerie.
Comment évolue la Geosphere ?
Parfaitement bien. C’est une collection phare jalonnée par les exploits de nos ambassadeurs et pour laquelle la demande s’avère supérieure à la disponibilité. La couleur grise de cette année reflète celle qui s’observe à plus de 8’000 mètres d’altitude, quand la roche est mélangée avec la glace et la neige. Nous proposons également cette année une édition boutique avec un cadran bleu ciel et le premier bracelet titane sur cette collection. Il s’agit d’un modèle inspiré de la traversée du Pôle Sud, en autonomie complète sur 2’800 km, réalisée par Reinhold Messner en 1989. Il y a observé des glaciers dans ces teintes, ainsi que des aurores australes. Nous avons donc créé un fond unique dans les tons bleu et rouge avec une aurore australe réalisée par oxydation du titane, image extrêmement complexe obtenue après plus de 3 mois de travail acharné.
Vous avez lancé l’an passé avec succès la première montre de plongée Montblanc, la Iced Sea : est-elle là pour durer ?
La Mer de Glace et le massif du Mont-Blanc nous ont inspirés à nouveau pour l’une des deux nouveautés Iced Sea que nous lançons pour compléter la collection. Nous sortons en outre un coffret de trois Iced Sea de couleurs différentes illustrant chacune une montagne du massif du Mont-Blanc, une série limitée que de nombreux clients attendent avec impatience. Le succès de cette collection s’avère total et global, notamment dans une vingtaine de pays où les clients collectionnent les Iced Sea. Les caractéristiques du produit séduisent unanimement, pas seulement par le son du dauphin qu’émet la lunette quand on la tourne ! Il y a beaucoup d’émotion derrière cette montre.
Vous avez été submergés par les demandes de séries limitées sur ce modèle, et ce sont les lecteurs de GMT et de WorldTempus, à travers leur club, que vous avez choisis pour la toute première série limitée Iced Sea, pourquoi ?
Effectivement, nous ne souhaitions pas réaliser de série limitée avec la Iced Sea, mais, là encore, tout se tient. Nous entretenons tout d’abord une relation très privilégiée depuis de longues années avec GMT et vous-même, Brice, qui en êtes le fondateur. Vous nous avez par ailleurs accompagnés dès le départ dans une coproduction du film sur la genèse de cette nouvelle collection. Non seulement GMT possède une légitimité reconnue dans le milieu horloger, mais la Iced Sea a également été sélectionnée dans les musts de son Millennium Watch Book consacré aux montres de plongée. Enfin, les membres de son club sont venus visiter la manufacture et nous avons beaucoup apprécié leur intérêt. Pour l’ensemble de ces raisons nous avons décidé de leur créer une série spéciale de 23 pièces dévoilées à Watches and Wonders 2023. C’est la seule et unique fois que nous modifions le cadran de cette collection, il s’agit vraiment d’une exception.
Que dire à un amateur de montres de sports qui n’a pas encore de Montblanc dans sa collection ?
Le destin ne dépend pas des circonstances mais des actes. Je crois qu’aujourd’hui, on a clairement démontré chez Montblanc que la marque n’est pas une suiveuse mais crée sa propre histoire. Elle est honnête, durable, liée aux montagnes, dans l’univers très particulier qu’est celui de l’exploration, du défi, de personnes comme Messner qui ont gravi les pentes en traçant leur propre voie et à leur manière, sans artifice, par amour de la montagne. C’est ce qui animait les fondateurs de la marque. Je pense que les personnes qui recherchent à la fois cette simplicité et cette complexité se sentiront comme chez eux avec Montblanc. C’est ce qui m’intéresse. S’ils n’ont pas encore de montres Montblanc au poignet, c’est qu’ils ne connaissent pas encore cette histoire incroyable, nous les attendons en boutique pour la leur raconter.
Est-ce que le rapport qualité-prix fait partie du succès de vos nouveautés ?
Je pense que oui, même si ce n’est pas déterminant. Je crois que c’est un élément qui a son poids dans la balance : avant d’acheter une montre, on l’évalue. Nos clients nous disent comparer les bracelets, les cadrans, les fonds etc.., et Montblanc offre clairement des avantages.
La manufacture Minerva qui appartient à Montblanc depuis 2007 est très prisée par les collectionneurs. Quels trésors en sortent cette année ?
Ils vont découvrir deux nouveautés passionnantes. La première avec le mouvement retourné 16.29, le premier mouvement chrono retourné au monde. Chaque calibre est assemblé à la main par un seul horloger. Chacun des 88 collectionneurs acquérant ce modèle pourra rencontrer son horloger, discuter avec lui. Cette pièce est très particulière avec sa lunette cannelée Minerva en or gris, un boîtier distressed en DLC noir dont la patine très singulière est obtenue au contact des pierres du Mont-Blanc et des pierres de Villeret qui frottent le boîtier. Chacune des boîtes est façonnée grâce à la nature et elle abrite un mouvement spectaculaire.
La seconde nouveauté propose à travers deux séries limitées une complication avec un mécanisme totalement inédit : le chronographe est actionné par la lunette, une grande première dans l’horlogerie !
Qu’attendre d’autre à Watches and Wonders ?
Avec les autres collections Star Legacy, Tradition et Nicolas Rieussec, nous présentons au total près de 30 nouveautés.
