20 ans, 10 minutes et 10 questions à... Max Büsser

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20 years, 10 minutes and 10 questions for  Max Büsser - MB&F
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Pour fêter ses 20 ans, WorldTempus passe 10 minutes à évoquer de façon personnelle, parfois intime, le parcours de grands acteurs horlogers. Top chrono !

Où étiez-vous il y a 20 ans ?
J’étais à Genève, en train de lancer la Opus 1 avec Harry Winston. C’était donc une période particulièrement euphorique de ma vie. J’avais pris trois ans, 1998 à 2000, pour sauver l’horlogerie Harry Winston. Et l’année suivante, en 2001, cela allait devenir le début d’une très belle aventure, mais également le début de la folie – vous connaissez la suite avec MB&F. J’étais en quelque sorte au tout début du voyage à la découverte de moi-même.

Quelles sont les montres que vous portiez à l’époque ?
Je pense que je portais une Harry Winston Excenter Timezone. J’avais beaucoup d’autres envies mais clairement pas les moyens de mes ambitions !

Justement, quelles étaient vos ambitions il y a 20 ans ?
J’étais en train de découvrir que j’étais capable d’être un CEO et de sauver une entreprise. C’était la fin d’un cycle et le début du suivant, où je commençais à rêver de lancer quelque chose qui deviendra MB&F. Mon père allait décéder quelques mois plus tard, fin 2001, et cela a été un déclencheur pour m’engager dans la création de MB&F. 

Quelles étaient vos passions à ce moment-là ?
Il n’y en avait pas véritablement, non pas par manque d’idées, mais par manque de temps. J’étais complètement accro au travail, je travaillais 16 heures par jour et il n’y avait tout simplement pas la place pour autre chose.

20 ans, 10 minutes et 10 questions à... Max Büsser

Aviez-vous une idée d’où vous seriez 20 ans plus tard ?
Non, pas encore. J’avais 34 ans. Je commençais à me rendre compte de ce dont j’étais capable. Si je n’avais pas de responsabilité directoriale chez Jaeger-LeCoultre, mon nouveau poste de CEO chez Harry Winston m’a fait découvrir que j’étais capable de diriger une boîte. Ma principale ambition à l’époque était de rendre à Monsieur Winston, qui m’avait engagé, la confiance qu’il m’avait donnée. C’est ce que j’ai fait, du mieux que j’ai pu. 

Quel est votre principal accomplissement de ces 20 dernières années ? 
D’avoir réussi à créer un véritable équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle. Il y a huit ans, j’ai eu ma première fille. Il y a quatre ans, la seconde. Réussir à équilibrer un entreprenariat fou et délirant et ma vie de famille, voilà le principal accomplissement de ces dernières années. Si je n’avais répondu qu’en citant MB&F, je n’aurais eu que la moitié de la réponse. 

Comment votre vie personnelle a-t-elle changé en 20 ans ?
Dans la vie, il y a ceux qui donnent et ceux qui prennent. Il y a 20 ans, j’appartenais à cette seconde catégorie. Aujourd’hui, je suis heureux de faire partie de la première, de ceux qui donnent. 

Quelle a été selon vous la principale mutation horlogère de ces 20 dernières années ? 
Je pense qu’il y a eu une polarisation sans précédent entre les grandes maisons horlogères industrielles et les micro marques artisanales. Avant, il y avait beaucoup plus de marques qui naviguaient entre les deux. Aujourd’hui, on appartient soit à un monde soit à l’autre, mais entre les deux, il n’y a presque plus rien.

Que pourrions-nous souhaiter de mieux à l’horlogerie pour les 20 années à venir ?
Qu’elle retrouve le goût de la créativité. C’est pour moi le plus important. Aujourd’hui, force est de constater que d’autres considérations ont pris le dessus...

Où pourriez-vous être dans 20 ans ?
Il y a 20 ans, j’étais un jeune homme pétri de certitudes. Et je les ai toutes dynamitées ! Aujourd’hui, la seule chose dont je suis sûr, c’est que je ne suis sûr de rien. Et j’adore ça ! Le jeune homme de 30 ans bourré de certitudes a laissé sa place à un homme qui a un plaisir fou à naviguer librement vers son avenir.

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