15'000 à 20'000 euros : c’est ce qu’il faudra débourser pour une Mathey-Tissot Type XX des années 50 à 60. Une cote qui témoigne de la vitalité du marché de l’occasion de cette maison dont les montres mécaniques restent peu connues du grand public, mais très recherchées des collectionneurs.
Remettre la belle mécanique en scène, voilà donc l’un des objectifs d’Alberto Frigerio, CEO et propriétaire de la marque. L’homme n’est pas récemment arrivé à la tête de la marque pour « revenir à ses fondamentaux », comme tant de dirigeants parachutés croient bon de faire : Alberto Frigerio est arrivé chez Mathey-Tissot il y a près de 30 ans, en 1994. Il en est devenu propriétaire il y a 5 ans.
D’abord centré sur l’exploitation de la marque pour les marchés suisse, allemand et autrichien, il la rachète en 2016 et en prend la direction générale. Il engage alors un large travail consistant à rassembler toutes les archives, qui vont notamment permettre de mettre l’accent sur le colossal patrimoine de la marque, d’où renaîtront certaines pièces iconiques aujourd’hui très recherchées. Il en va ainsi du Type XX évoqué, de la Mergulhador, une plongeuse rare éditée pour le marché portugais, de montres de bord 8 jours, de chronographes édités pour le Spitfire, etc.
La communauté Mathey-Tissot suit ces pièces avec un intérêt féroce. Le marché anglais en est l’un des plus friand. Il n’est pas rare que la marque y vende de séries limitées de prestige – parfois plusieurs dizaines de pièces – en deux ou trois jours. Le marché allemand est également très actif, en raison historique d’un représentant qui y a beaucoup travaillé, capitalisant notamment sur un partenariat avec Sinn qui fut noué en 1964.
Mais la marque est aussi très recherchée des amateurs des grandes maisons que Mathey-Tissot a fourni pendant des années, comme Breguet, Breitling, Girard-Perregaux, IWC ou Vacheron Constantin. S’y joignent les collectionneurs thématiques, notamment ceux des montres militaires : Mathey-Tissot a fourni l’armée américaine, l’aéronavale britannique (RAF), a collaboré avec l’illustre maison Dodane, spécialiste historique du chronographe de bord, parmi d’autres. Mathey-Tissot a même racheté au siècle dernier une usine d’Audemars Piguet, au Brassus !
Aujourd’hui, la marque est très présente dans le monde (environ 300 points de vente). Depuis quelques années, elle poursuit son développement sur le web, avec un site e-commerce, en complément de ceux de ses partenaires. Le retour à la montre mécanique, toujours abordable mais de belle qualité, se programme tout au long de l’année 2022, plusieurs rééditions étant déjà en cours. La marque va travailler avec ses partenaires habituels, Ronda et Sellita, comme elle le faisait avec Valjoux par le passé. On devrait ainsi assister à une montée en gamme progressive de Mathey-Tissot, mais toujours dans l’esprit maison : une enseigne 100% indépendante, de type familial, reposant sur de belles archives qui légitiment son approche actuelle...et future.
