Interview de Laurent Ferrier

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An interview with Laurent Ferrier - Laurent Ferrier
Bien installé dans ses locaux à Genève, l’artisan horloger Laurent Ferrier a reçu WorldTempus pour un entretien et une visite des lieux sous le signe de la convivialité.

Fils et petit-fils d’horlogers, Laurent Ferrier n’était pourtant pas parti dans sa carrière professionnelle pour devenir artisan horloger lui-même. Bien qu’ayant travaillé dans le milieu, chez Patek Philippe, pendant plus de trente ans, il ne s’est porté sur le travail d’horloger artisan que bien tard, non loin de l’âge de la retraite. En 2010, il signe sa première pièce horlogère, sous le nom de sa marque éponyme. Récompensé en 2015 par le Grand Prix d’Horlogerie de Genève pour sa pièce Galet Square dans la catégorie Révélation Horlogère, Laurent Ferrier compte bien aller plus loin encore. Récit.

Racontez-nous la naissance de Laurent Ferrier, marque horlogère suisse…
J’ai travaillé pendant quarante ans avec les meilleurs horlogers et artisans, notamment plus de trente ans chez Patek Philippe où je suis devenu responsable du développement de la création. Mon père et mon grand-père étaient également issus du milieu horloger. Alors concevoir ma propre montre était un rêve depuis fort longtemps. En 1979, alors que j’étais un passionné de courses automobiles, je suis arrivé 3ème au classement des 24 heures du Mans avec mon coéquipier, à qui j’ai offert une Patek Philippe Nautilus pour l’occasion. Nous nous étions alors dit qu’un jour on créerait une montre, une belle montre comme on se l’imagine. En 2009, cet ami m’a appelé et dit « Alors, on la fait cette montre ? ». 

C’est bien parce qu’il m’a donné carte blanche que je me suis lancé dans cette aventure à trois ans de la retraite. Car se lancer dans un tel projet en fin de carrière, c’est un peu fou non ? Mon ami, qui n’est ni collectionneur de montres ni même amateur, m’a dit de faire ce que je voulais. Comme j’ai un fils, qui était à l’époque constructeur de mouvements chez Roger Dubuis, je me suis dit que cela pourrait également l’intéresser. Et c’est ainsi qu’a été lancée Laurent Ferrier. Le grand avantage de cette aventure, c’est que j’ai pu réaliser la montre que j’avais eu envie de faire depuis toujours ! Il s’agit du Galet Classic Tourbillon Double Spiral.

Quels sont vos goûts en termes d’esthétique et de mécanique horlogère ?
J’ai toujours aimé les montres de poche, les pièces classiques, avec cadran en email blanc et des aiguilles fines, qui soient agréables à toucher, agréables à remonter. En fait nous avons pris des codes relativement simples de l’horlogerie. Et nous sommes partis avec l’idée de réaliser une montre tout simplement bien conçue, avec un mouvement pas forcément compliqué mais bien terminé. D’entrée de jeu les collectionneurs ont eu de l’intérêt pour ce que nous créons. 

Comment  évoluez-vous dans vos créations ?
Pour le moment, nous avons créé quatre mouvements. Quatre mouvements pour une toute petite société comme nous, c’est beaucoup ! Il faut être raisonnable avec les ambitions. Les clients n’attendent pas obligatoirement un nouveau mouvement tous les six mois. Ils sont contents de ce que nous leur proposons pour le moment. Il faut savoir évoluer sereinement et ne pas se prendre pour les champions du monde à trop vouloir en faire. Nous réalisons nous-mêmes nos pièces et nous aimerions le faire bien. Pour cela, il faut du temps. La qualité est primordiale. 

Calibre Laurent Ferrier

Comment s’est passé ce début d’année avec le SIHH et Baselworld ?
Ce début d’année s’est très bien passé. Ce qu’il y a de bien à être au SIHH en janvier, c’est que nos clients et prospects passent commande au mois de janvier, et lorsqu’ils reviennent nous voir en mars à Baselworld, ils révisent leur commande et souvent à la hausse. Pour nous, c’est extraordinairement bien. L’avantage du SIHH, c’est que nous sommes très peu d’indépendants à être présents. C’est également une manière plus avantageuse d’être visible. Et à Baselworld, il y a d’autres détaillants, une autre presse…ce sont en soi deux événements incontournables pour nous ! 

Vos commandes s’annoncent donc positives.
Nous ne sommes qu’en milieu d’année, mais oui, à l’heure actuelle, nous avons atteint un haut niveau du chiffre d’affaires pour l’année. Donc nous en sommes ravis. L’année dernière, nous avions produits environ 120 pièces. Nous allons en produire près de 150 cette année, dans le but d’augmenter normalement et raisonnablement la production. 

Quelles sont les nouveautés pour la fin de l’année ?
Nous allons sortir une pièce en octobre, peut-être une nouveauté pour le GPHG. Nous allons sûrement sortir également un nouveau mouvement pour l’année prochaine. À voir….

Comment définiriez-vous votre marque en trois mots ?
Discrète, classique et de qualité !

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