"La beauté et la pureté des formes sont éternelles"

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“Beauty and Purity of Shape is Eternal” - Bulgari
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Discussions à bâtons rompus avec Fabrizio Buonamassa, Product Creation Executive Director de Bulgari

Dévoilées à Singapour lors de la LVMH Watch Week, les nouvelles montres joaillières de Bulgari se sont envolées pour Rome où elles puisent leur inspiration. WorldTempus était là pour les découvrir.

Bulgari met en avant ses origines romaines. Comment définissez-vous ce fameux « style italien » qui caractérise vos créations ?

Les Italiens sont extrêmement sensibles à la beauté et, si vous regardez Rome, c’est un musée à ciel ouvert. Mais pour nous, la beauté n’est pas un simple concept philosophique. C’est quelque chose qu’on aime toucher, ressentir, et cela se manifeste dans notre façon de faire les choses. Le style italien, c’est l’odeur d’un café bien fait, c’est un paysage florentin qu’on admire à travers la fenêtre, c’est une chanson de Pavarotti qui s’échappe de la radio pendant que vous préparez des fettuccine dans la cuisine. C’est avant tout une expérience physique des choses simples mais toujours bien faites, « bello e ben fato ». Un certain art de vivre que nous insufflons dans nos créations.

Comment cela se manifeste-t-il concrètement ?

En joaillerie, par exemple, Bulgari a décidé d’emprunter une voie très différente de la joaillerie française qui constitue la référence historique. Notamment à travers l’usage des pierres de couleurs et des pierres cabochonnées. Dès les débuts, nous avons réussi à créer une esthétique puissante et radicalement différente nécessitant un savoir-faire super complexe sous des dehors d’une grande simplicité. Si vous regardez nos bijoux, ils reprennent des éléments géométriques historiques avec un savoir-faire extraordinaire. Pour les finitions, c’est la même chose. En horlogerie, nos montres ultra-plates présentent un design à la fois très épuré et d’une extrême complexité avec une multitude de niveaux de lecture. Pour Bulgari, le plus important est de trouver le bon mix entre l’approche artistique et les contenus technologiques qui reflètent notre expertise horlogère.

De manière générale, quelles sont vos sources d’inspiration ?

Je suis né à Naples, j’ai grandi à Rome où j’ai passé plus de trente ans de ma vie. C’est une ville comme figée dans le temps et les Romains sont attachés au passé. C’est pour cela qu’on la surnomme d’ailleurs la Ville Éternelle. Une des racines les plus importantes de Bulgari remonte à la période du rationalisme italien, dans les années 1920-1930. Cette période architecturale suit les principes du fonctionnalisme, sans éléments décoratifs ajoutés. Un élément décoratif est toujours amené à vieillir et devenir obsolète. La beauté et la pureté des formes sont éternelles. Chez Bulgari, nous aimons les formes géométriques qui, à travers leur simplicité, confèrent une certaine sensualité à l’objet. Le bracelet Tubogas en est un exemple parfait.

Le Tubogas que nous retrouvons d’ailleurs dans les nouveautés que vous avez présentées à la LVMH Watch Week…

En effet ! C’est une histoire qui a commencé il y a presque 70 ans et cette année, pour la première fois, nous avons trouvé le moyen de sertir des pierres précieuses sur un Tubogas. La construction est donc très différente du Tubogas original avec ses deux éléments d’or qui font le tour du poignet autour de ressorts. Aujourd’hui, cela s’approche plus d’un bracelet de montre traditionnel avec une séparation de chaque maillon, ce qui nous permet une versatilité qui était totalement impossible à l’époque. On peut donc changer les pierres, les couleurs, les terminaisons sur la Serpenti Tubogas Infinity, ce qui nous ouvre un champ infini de possibilités.

Qu’en est-il des autres nouveautés de ce début d’année ?

Sur la Divas' Dream, l’inspiration vient clairement de la joaillerie. Les pétales de pierres précieuses qui bougent autour du boîtier racontent l’unicité de la marque. Ce qui fait notre force et notre différence, c’est cette capacité à mêler l’expertise suisse avec le savoir-faire joaillier italien. Quant aux pierres de couleurs, c’est notre ADN. Nous les avons utilisées dès les débuts de Bulgari, tout comme les pierres cabochonnées que l’on retrouve sur les nouvelles montres Allegra. Tourmalines, topazes, tanzanites, améthystes, la versatilité de cette montre est également très importante puisqu’elle offre l’opportunité de jouer avec les pierres de couleurs et les pierres dures. Jusqu’à présent, c’est un grand succès.

Les clientes des montres joaillières sont-elles sensibles à l’aspect mécanique ?

Oui, aujourd’hui c’est certain : une grande partie de notre clientèle souhaiterait avoir un mouvement mécanique dans les montres joaillières. C’est la raison pour laquelle nous avons développé le calibre Piccolissimo. La mécanique est d’autant plus importante sur des montres joaillières qui ne sont pas portées quotidiennement car il suffit de remonter le mouvement pour que la montre fonctionne. Ce n’est pas forcément le cas avec un mouvement à quartz : si vous ne portez pas votre montre pendant deux ans, il vous faudra changer de pile.

Le Piccolissimo va-t-il être de plus en plus présent dans vos collections ?

On l’utilise beaucoup dans les collections haut de gamme. Mais le Piccolissimo, qui est le plus petit tourbillon au monde, a une forme ronde qui ne convient pas à toutes nos collections. Si on met un mouvement rond dans la Serpenti Seduttori par exemple, on déforme complètement la boîte qui est très étroite à 12h. Ce calibre constitue un axe de développement incroyable et nous travaillons beaucoup pour pouvoir l’utiliser de façon plus importante dans nos montres joaillières et de haute joaillerie. Il est produit in-house et nous devons également trouver la capacité de le produire. 

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