Rodolfo Festa Bianchet explique ce qui fait tictaquer la marque

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Rodolfo Festa Bianchet on What Makes the Brand Tick - Bianchet
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Et ce que prépare cette jeune marque émergente pour le futur

Commençons par le début, comment la marque est-elle née ?

Nous avons vendu notre entreprise de fintech en 2017 et je me demandais quoi faire après. Après 30 ans dans ce secteur, j’ai décidé de me tourner vers les montres. A l’époque je regardais les montres sur internet et j’ai réalisé que le marché avait changé. J’ai commencé à acheter des micro marques et un soir, alors que je vivais à Majorque, j’ai pensé : « Je peux le faire ! Je peux créer une marque horlogère ». Les montres sont l’amour de ma vie, elles l’ont toujours été. En fait, mon premier travail était de vendre des montres.

Quand était-ce ?

Quand j’avais 19 ans, quelques amis ont lancé une entreprise horlogère appelée Locman en Italie. J’ai été leur tout premier vendeur, et le président et fondateur, Marco Montovani, est un ami d’enfance. Alors tout s’est imbriqué et je n’y ai pas trop réfléchi, je l’ai juste fait. La première idée était de réaliser une montre pour environ $ 600 et nous avons fini avec une montre à $ 55'000 dotée d’un tourbillon haut de gamme !

Comment se déroule l’aventure jusqu’ici ? Les deux dernières années ont été rock’n’roll pour tout le monde.

Le covid a été bon pour nous. Après avoir présenté le premier prototype à Bâle en 2019, nous avons eu beaucoup de réactions. En fait nous ne connaissions pas bien l’industrie, donc c’était une bonne chose. Nous avons acheté une machine CNC. Nous avons changé le design et réalisé quelques prototypes. Nous avons appris comment construire une montre du mécanisme jusqu’au boîtier. Cela nous a vraiment aidés, car dans la deuxième phase, lorsque nous avons commencé à travailler avec des sous-traitants, je savais vraiment de quoi ils parlaient. Donc cela a été un parcours magnifique et ces deux années à travailler dur, sans la pression de devoir vendre, nous ont permis de nous concentrer sur le produit et d’augmenter sa qualité, d’améliorer de nombreux détails, ceux dans lesquels le diable se trouve. Cela a payé. L’an dernier nous avons vendu notre entière production de 126 montres ainsi que 10 pièces sur mesure.

Vous travaillez avec votre épouse. Avez-vous des talents différents ?

Nous travaillons ensemble depuis 25 ans. Nous faisons tout ensemble, mais nous partageons les responsabilités. Je m’occupe de la stratégie et de la créativité car je sais où je veux aller. Elle a l’esprit d’un ingénieur, mais c’est aussi une artiste, car elle est musicienne et peintre. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi attentif aux détails. En plus d’être d’origine française, son goût sophistiqué, sa classe et ses aptitudes naturelles ont énormément aidé Bianchet à entrer dans le segment de la haute horlogerie.

Comment décririez-vous les montres ?

Je crois que c’est un mélange de classicisme puisque nous utilisons le nombre d’or, mais aussi de high-tech étant donné les matériaux que nous employons. Donc c’est un alliage contemporain et intemporel. C’est ainsi que je les décrirais. C’est un peu comme une Maserati Gran Turismo, dont le design recourt aussi au nombre d’or. La conception est très classique avec ses lignes fluides, mais elle est aussi high-tech et d’avant-garde. Le résultat est un style sophistiqué décontracté.

Rodolfo Festa Bianchet explique ce qui fait tictaquer la marque

Où fabriquez-vous vos mouvements ?

Nous avons commencé avec Tech Ebauche mais maintenant nous faisons nos propres mouvements à tourbillon complètement à l’interne et nous avons environ 15 à 20 fournisseurs en Suisse qui nous procurent tous les composants que nous concevons. C’est un gros travail car il faut contrôler chaque élément, mais nous avons ainsi un meilleur contrôle de la production et de la qualité.

Lorsque vous jetez un regard en arrière sur les deux années écoulées, qu’est-ce qui vous surprend le plus ?

Le fait que je sois encore là ! Je n’étais pas conscient de la difficulté que cela représenterait. Je pensais que les logiciels étaient compliqués mais ça c’est beaucoup plus complexe. Si vous avez un bug dans un logiciel, vous réécrivez juste le code, ce qui, je dois l’admettre, n’est pas toujours si simple, mais au moins vous n’avez pas à refaire complètement une pièce comme vous devez le faire en horlogerie.

Y a-t-il des projets en cours dont vous pouvez nous parler ?

Nous allons lancer un nouveau modèle cette année. Je ne veux pas trop vous en dire à ce stade, mais c’est un nouveau pas dans la bonne direction.

Si vous rencontriez quelqu’un qui réfléchissait à lancer sa propre marque horlogère, quel conseil lui donneriez-vous ?

C’est une question difficile. Je crois qu’il faut vraiment suivre son coeur. Si vous le faites pour le business, ce n’est probablement pas une bonne idée. C’est une industrie ultra compétitive. Donc, avec le recul, c’est un incroyable parcours d’apprentissage. Je comprends maintenant pourquoi les montres sont fabriquées en Suisse parce que tout le savoir-faire est ici et les gens issus de l’industrie ont un avantage clair. A un nouveau venu je souhaiterais bonne chance. Mais encore une fois, si quelqu’un a quelque chose dans son cœur et qu’il veut vraiment le faire, ça finira par marcher.

 

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