Interview de Wilhelm Schmid

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Interview with Wilhelm Schmid - A. Lange & Söhne
Premier chronographe automatique et réflexions stratégiques accompagnent une année forte en événements

Vous présentez à Watches and Wonders votre premier chronographe automatique, qui équipe la collection Odysseus, quelles sont les caractéristiques que vous préférez ?

Commençons par préciser que nous travaillons depuis six ans sur ce calibre L156.1 et qu’il n’équipera que ce modèle ; il a été conçu spécifiquement pour l’Odysseus et le design de son cadran. La manufacture a donc développé un calibre sur mesure avec les deux aiguilles du chronographe au centre, supprimant les habituels compteurs à 3 heures et 9 heures pour réaffirmer le choix stylistique de la grande date et du jour. Nos horlogers ont aussi innové avec la fonction mise à zéro : le poussoir à 4h déclenche le retour de l’aiguille des secondes qui survole en un clin d’oeil la totalité de la distance parcourue auparavant, un tour complet pour chaque minute mesurée. C’est spectaculaire ! Ces poussoirs bénéficient d’autre part d’une double fonction : avec la couronne vissée en position normale, ils contrôlent les fonctions du chronographe (démarrage, arrêt et remise à zéro), mais en tirant la couronne ils corrigent la date et le jour. L’architecture du calibre et du cadran, tout en profondeur, le rend absolument unique.

Pourquoi seulement 100 pièces ?

Il s’agit de notre premier chronographe automatique, c’est un calibre très compliqué et long à fabriquer, et notre capacité de production est déjà soumise à rude épreuve. Il nous faut compter plus de deux ans pour réaliser cette série limitée, ce serait indélicat de s’engager sur de plus grandes quantités vis-à-vis de nos clients et de les faire attendre trop longtemps.

Doit on s’attendre à des versions en or dans le futur ?

Pour l’instant nous nous concentrons sur les 100 exemplaires en acier, et rien n’est exclu pour la suite, maintenant que ce calibre a été conçu.

Quelles autres nouveautés présentez-vous à Watches and Wonders ?

Cette année est très particulière, car le chronographe Odysseus est la seule nouveauté que nous dévoilons à Watches and Wonders, même si d’autres pièces sont prévues pour le reste de l’année bien sûr. Comme nous avons travaillé six années de suite pour le voir naître, nous tenons à lui réserver une place spéciale. Par ailleurs, étant donné que la crise sanitaire a empêché depuis trois ans la tenue de vrai salon avec une audience internationale (dans une moindre mesure l’an passé), nous mettons en scène sur notre stand à Watches and Wonders toutes les nouveautés de ces trois dernières années, 24 références ! Je crois que personne ne les a vues réunies jusqu’à présent, le spectacle promet.

Quels sont les défis et temps forts de 2023 pour A. Lange & Söhne ?

Nous sommes tellement heureux de pouvoir à nouveau voyager et rencontrer nos clients et collègues des filiales, c’est un vrai bonheur d’organiser à nouveau des événements physiques, même si cela requiert beaucoup d’énergie. Je viens de revenir des Etats-Unis, et nous prévoyons après Watches and Wonders d’associer à nouveau A. Lange & Söhne aux concours d’élégance automobile de Villa D’Este en Italie, de Hampton Court en Angleterre, certainement un nouveau partenariat aux USA, sans oublier Watches and Wonders à Shanghai, pour n’en citer que quelques uns.

Interview de Wilhelm Schmid

Le CPO est un enjeu majeur pour de nombreuses marques, réfléchissez-vous à une autre approche que la solution Watchfinder du groupe Richemont ?

Vous savez, on trouve très peu de nos montres d’occasion. Nos clients Lange en font l’acquisition pour eux-mêmes, parce qu’ils les aiment, pas pour les revendre. En outre, nous mettons à leur disposition un service après-vente exceptionnel, avec des possibilités de rénovations sur-mesure. Ils peuvent ainsi choisir de remplacer certains composants avec des pièces neuves ou pas, de voir leur montre polie ou pas, d’en obtenir une pratiquement comme à l’état neuf ou juste restaurée de manière fonctionnelle. Si nous devions étendre davantage l’utilisation de nos ateliers pour les montres d’occasion, cela se ferait au détriment de notre capacité à en fabriquer de nouvelles, je ne vois pas vraiment l’intérêt, ni pour la marque, ni pour nos clients.

Sur le marché suisse vous avez fermé tous vos points de ventes pour ne garder que deux lounges, est-ce que cela reflète la direction que prend la marque dans le monde ?

En effet. Rien ne sert de frustrer les clients avec des boutiques dépourvues de nos montres. En outre ils demandent du conseil et des explications sur nos produits et leur histoire, de la proximité et du temps de qualité. Cet ensemble est rarement possible chez les détaillants multimarques, qui sont débordés avec toutes sortes de nouveautés en permanence. Donc nous nous concentrons sur notre propre réseau de boutiques et lounges.

Est-ce donc toujours utile d’exposer à Watches and Wonders ?

Oui, car c’est une sorte de concours d’élégance qui réunit la communauté horlogère. Toutes les marques se font belles et c’est le seul endroit où nous pouvons nous mesurer à elles. Nous gardons le lien avec l’industrie et c’est important d’en faire partie.

En comparaison avec l’an 2000, il y a maintenant beaucoup de marques de niches haut de gamme, que trouvent les collectionneurs chez Lange qui n’existe pas ailleurs ?

Il s’agit toujours d’une combinaison de facteurs qui permettent de sensibiliser tel ou tel type de clientèle, ou pas. A. Lange & Söhne jouit déjà d’une histoire unique, avec une entreprise familiale mobilisée pendant la guerre et fermée, puis relancée. Les produits se distinguent ensuite par un degré de savoir-faire artisanal très poussé et une rigueur esthétique typiquement germanique et authentique, fidèle à ses origines. On reconnait tout de suite une Zeitwerk, et le design de la Lange 1 est identique depuis 30 ans !

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