L’équilibriste

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A balancing act - Ernest Borel
Ernest Borel fête ses 160 ans. La trajectoire de la maison, d’apparence linéaire, révèle en réalité une constance permanente et une sage capacité à se jouer des modes et excès pour imprimer durablement son empreinte.

Il en va de l’horlogerie comme de la philosophie chinoise ou de l’équilibre de l’univers : toute moyenne s’obtient par la conjugaison de positions antagonistes. Le Bien et le Mal, le Yin et le Yang, les oscillations d’un balancier : tout est question d’équilibre pour atteindre la constance et la pérennité.

Ernest Borel semble s’être toujours inspirée de cette maxime pour traverser les siècles. Cette année, la marque fête ses 160 ans. Fondée en 1856 à Neuchâtel, elle a depuis évolué suivant une sagesse qui fait parfois défaut dans l’industrie.

Romance VS Tinder

Il ne faut pas aller chercher loin pour s’en convaincre : devant la démesure d’investissements marketing qui privilégient le fun et l’instant présent, des plaisirs qui durent le temps d’un tweet ou la durée d’un match de football, Ernest Borel mise sur la romance depuis 160 ans. A l’heure des couples éphémères, de Tinder et de l’amour par Skype, Ernest Borel privilégie l’union d’une vie. Quand la montre devient un objet de culte personnel, le marqueur d’un statut social égocentré, Ernest Borel choisit de vendre ses montres par paires, comme symbole d’un couple pérenne.

Ernest Borel - Duo de pièces 160 ans

De l’art de la mesure

Il en va de ce positionnement comme de la stratégie commerciale de la maison. Quand la ruche horlogère envoyait ses reines à la conquête de l’Asie, il y a vingt ans, Ernest Borel y était depuis un siècle – et faisait même le chemin inverse pour consolider ses position européennes !

Même la communication de la maison se veut économe, mesurée : nulle avalanche d’Instawatch, de tweets enflammés ni de vidéo live sur Facebook, encore moins d’athlètes qui se jettent depuis une tour, une falaise, voire de la stratosphère. Ernest Borel ne s’exhibe pas, ne s’immisce pas sans invitation dans le quotidien de l’amateur horloger. Question d’élégance et de correction : libre à chacun d’entrer de soi-même dans l’univers de la maison.

Vol direct Noirmont - HK

Pourtant, Ernest Borel aurait de quoi exhiber ses atouts. Quand la valse des CEO alimente les rubriques people de la presse horlogères, Ernest Borel a, dès ses débuts, affiché une remarquable constance, avec un fils éponyme qui en fut Directeur Commercial pendant près de 40 ans ! Et pour assurer son développement, la maison est directement passée sous pavillon de Hong Kong en 1989, sans rien renier de son ascendance suisse – elle possède toujours son siège au Noirmont, à une

quinzaine de kilomètres au nord de La Chaux-de-Fonds. Au cours de la dernière décennie, l’entreprise a développé son marché domestique, réimplanté son activité aux Etats-Unis, un marché historiquement important pour elle, et s’est implantée en Inde, au Moyen-Orient, en Europe et en Océanie.

Malgré ce développement et ces précautions, la marque est, comme toute maison Swiss Made, soumise aux aléas mondiaux. Quelques secousses structurelles vont probablement la conduire à alléger cette année sa force de travail. Malgré tout, et avec la discrétion qui la caractérise depuis 160 ans, Ernest Borel vient de dévoiler une série limitée de 888 pièces pour son anniversaire, une pièce à calendrier disponible en paire. Sobre et intemporelle, elle traversera elle aussi les siècles aux côtés d’une seconde série ultra limitée de seulement 10 pièces habillée de diamants à 3h et 9h – diamants sertis par paire, cela va de soi.

Ernest Borel - 160 ans

 

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