25 ans, l’âge de (dé)raison

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25, the age of (un)reason - de Grisogono
Joailler depuis 25 ans, horloger depuis 18 ans : de Grisogono en est au jeune âge où tout est encore permis. La marque en profite, explorant tous azimuts un champ créatif et technique qui brouille les codes et casse les frontières.

On pourrait gloser sur le parcours de de Grisogono, qui fête cette année ses 25 ans. Narrer le parcours atypique de son fondateur Fawaz Gruosi, né par hasard à Damas, élevé à Beyrouth jusqu’à l’âge de 7 ans, puis à Florence à la mort de son père. Son passage chez Harry Winston puis Bulgari, avant la fondation de sa propre marque, de Grisogono, en référence au nom de jeune fille de la mère de l'un de ses deux associés. En naitront des relations mêlant amour et politique, suisse et off-shore, gloire et argent, strass et paillettes : largement de quoi alimenter un Dallas horloger sur plusieurs générations. Il serait filmé en Suisse, à Dubai et en Angola. Au hasard. Ou presque.

Règle de trois

Il n’y aurait qu’un intérêt limité à l’exercice : de Grisogono fait parler d’elle pour seulement trois raisons. La première, c’est l’agacement de ses concurrents qui y voient un challenger disruptif de plus en plus encombrant. La deuxième, c’est l’ampleur des fêtes ultra médiatisées de la marque mais, là encore, la critique peut faire sourire lorsqu’elle émane de groupes pesant eux-mêmes plusieurs milliards dont une bonne partie en marketing.

25 ans, l’âge de (dé)raison

La troisième, ce sont les créations de la maison. Au final, elles seules resteront. Joaillerie et horlogerie seront les témoins d’une créativité sans limite. On a taxé de Grisogono d’exubérance – un qualificatif pour tout ce qui n’est pas normé ? Fawaz Gruosi s’en réjouit. On a aussi parlé de marketing aux grosses ficelles – on se souvient des « icy diamonds » ou « diamants lactescents » pour les diamants troubles. Des attaques perpétrées pour contrer une inventivité horlo-joaillière qui a cassé les codes – établis par d’autres et qui, nécessairement, ne voyaient pas l’entreprise d’un très bon œil.

Horlogerie millénial

C’est en 2000 que de Grisogono est entrée en horlogerie. Par effraction, ou presque : Fawaz Gruosi le confesse aujourd’hui, il était un parfait novice en la matière. Il a donc usé d’une liberté créative totale, sans entrer dans des codes sans influence sur lui.

25 ans, l’âge de (dé)raison

Le résultat, c’est la Instrumento No. Uno : un boitier de format télévision avec diamants noirs, GMT et un bracelet galuchat. Autant dire que la pièce n’est pas passée inaperçue à Baselworld et a introduit deux éléments nouveaux dans le vocabulaire horloger : ces fameux diamants noirs et le galuchat. Ils deviendront la signature de la maison. « Le succès de la Instrumento No. Uno a dépassé mes espérances les plus folles et a contribué de manière significative à la croissance de la marque », explique aujourd’hui Fawaz Gruosi.

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Les collections horlogères suivantes se sont bâties sur la même audace. On se souvient bien entendu de la Crazy Skull de 2014. Surfant sur la mode des têtes de mort, de Grisogono a poussé l’exercice jusqu’à son paroxysme avec une interprétation joaillière totalement « crazy » où l’on regarde la mort en face, dans les yeux...pour lire l’heure.

Une identité qui se construit

De part et d’autre de ce coup d’éclat, sur le long terme, de Grisogono a eu le temps de composer ses gammes horlogères. En 2015, la collection New Retro a repris le flambeau de l’inspiration années 50 de l’Instrumento No. Uno. Entre deux, de Grisogono a affermi son style avec la suite de l’Instrumento, l’Instrumentino. Par la suite, la couleur deviendra un élément déterminant du style horloger de la maison, d’abord avec la Sugar puis avec la Tondo By Night. Sorties en 2013, ces dernières ont été « créées expressément pour faire la fête », explique, provocante, la maison. Rouge, vert, bleu, s’étendent de la boîte jusqu’à la pointe du bracelet en galuchat, sans oublier le noir qui, pour de Grisogono, est une couleur à part entière.

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Ces terrains d’expressions chromatiques ne limiteront en rien l’exploration de complications. Il y a tout juste 10 ans, de Grisogono présentait la Meccanico dG, associant le principe de l'affichage digital à celui de l'énergie mécanique avec deux fuseaux horaires et deux types d'affichage. Suivront la Fuso Quadrato dotée d'un diaphragme à douze volets en titane et d'un double fuseau horaire. Puis, cette année, la New Retro Double Jeu avec des index dansants ou encore la Power Reserve, avec son mouvement de forme (devenus si rares !) totalement squeletté et qui semble s’étirer à l’infini dans sa boîte rectangulaire. Une créativité qui ne semble pas prête de s’éteindre.

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