Pourquoi ne pouvons-nous pas tous nous entendre ?

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Why can’t we all just get along? - Editorial
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Si Watches & Wonders règne sur Palexpo à Genève, le reste de l'industrie horlogère est dispersé un peu partout

Retour à la semaine dernière, je suis assise dans une belle suite de l’hôtel Beau-Rivage à Genève avec des gens charmants de chez Claude Meylan lorsque le propriétaire et CEO de la société, Philippe Belais, me demande tout à trac : « Vous autres de la presse ne pouvez-vous pas faire quelque chose à propos de cette foire ? ». Je ne peux pas dire que j’ai été surprise par cette question. J’avais passé la semaine à faire la navette entre Palexpo et le centre-ville, d’un hôtel cinq étoiles à un autre, puis à me rendre au salon satellite, Time To Watches, à l’arrière du scooter de notre responsable des publications, dans la neige, rien de moins.

Pourquoi ne pouvons-nous pas tous nous entendre ?

Nous avons commencé à avoir l’impression de participer à une sorte de jeu chronométré dans lequel nous devions arriver au prochain rendez-vous en un temps record, essayer quelques montres, prendre quelques photos de poignets, et repartir en course !

Cela n’a pas toujours été comme ça. Feue la Foire de Bâle accueillait tout le monde : les marques internationales, les petits indépendants, les horlogers débutants, les joailliers, les fournisseurs de perles, et plus encore. Et c’était précisément ce mélange qui rendait tout plus intéressant. On découvrait toujours quelque chose de nouveau et d’inattendu, ou on rencontrait quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui pouvait nous aider d’une façon ou d’une autre.

On peut dater le début de la discorde en 1991 lorsque Alain-Dominique Perrin de Cartier s’est senti de plus en plus incommodé par l’odeur des Schübligs grillés et des frites à la Foire de Bâle (je ne peux pas le blâmer). Après des années de protestations, il est parti et a créé le Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH), emmenant Piaget, Baume & Mercier, et Gérald Genta avec lui. Pendant les 28 années suivantes, l’industrie horlogère a eu deux salons : le chic SIHH à Genève et Baselworld formule tout compris à Bâle. Quand j’ai débuté dans l’industrie horlogère, les salons se tenaient l’un après l’autre, ce qui était au moins un compromis, mais ensuite un pataquès avec les dates du salon de l’automobile de Genève les a situés à deux périodes distinctes de l’année, ce qui était pénible pour tout le monde.

Pourquoi ne pouvons-nous pas tous nous entendre ?

Les deux dernières années ont empiré la situation puisque Baselworld a mordu la poussière (mais ça c’est encore une autre histoire) et d’autres foires ont pris leur envol, comme les Geneva Watch Days et la LVMH Watch Week. Des salons internationaux comme la Dubai Watch Week et le SIAR à Mexico ont aussi pris du galon car la presse internationale et les détaillants peuvent également y rencontrer les marques.

Pourquoi ne pouvons-nous pas tous nous entendre ?

En 2020, quand Rolex, Tudor, Patek Philippe, Chopard, Chanel et d’autres ont annoncé leur décision de rejoindre le salon genevois, renommé l’an dernier Watches & Wonders, j’ai cru que peut-être nous pourrions revenir à une seule foire, mais malheureusement c’était apparemment un vœu pieux.

Depuis la fermeture de la « Geneva Race » (je l’ai rebaptisé !) la semaine dernière, les rumeurs vont bon train à propos du mécontentement de groupes, marques et individus. Eh, si je mettais plus d’un million sur la table, je suis sûre que j’aurais aussi beaucoup de plaintes à formuler ! Mais je suis une rêveuse et je n’aimerais rien tant que cette merveilleuse industrie se rassemble, résolve les problèmes et réussisse ensemble.

Donc je ne sais pas si ce petit article d’opinion aidera de quelque façon que ce soit, mais j’attends encore le jour où la distance entre toutes les marques se mesurera en mètres et pas en miles ! Entretemps, mon casque est dans les bureaux de WorldTempus et je suis prête pour la course !