Le tournant du Salon de l’homme

Image
The Salon de l’homme transition - Salon Belles Montres
4 minutes read
Les grandes marques se font rares, les petits indépendants apprécient la formule, le public est au rendez-vous, l’organisation doit s’améliorer.

A.Lange & Söhne, Boucheron, Girard-Perregaux, Vacheron Constantin et Zenith sont les dernières grandes marques horlogères figurant parmi les trente exposants de l’édition 2015 de Belles Montres au Carrousel du Louvre à Paris. Repris par le Salon de l’homme qui s’est tenu au même endroit avec deux fois plus d’exposants, dont certains horlogers tels qu’Anonimo qui ont préféré cet univers, le rendez-vous parisien est en pleine métamorphose. Son positionnement entre l’accessoire masculin de luxe et l’horlogerie séduit les marques à la recherche d’une nouvelle clientèle. Directeur commercial international de Zenith, Nicolas Meda trouve ainsi « assez ludique de pouvoir passer des chaussures sur-mesure aux accessoires pour homme et rencontrer un nouveau public ». Les attentats de Paris n’ont pas trop affecté la fréquentation, mais les exposants attendent des organisateurs plus de professionnalisme.

Cvstos Paulo Goncalves

Le verre à moitié plein
Résumant la situation ainsi, Philippe Belais, CEO de Claude Meylan, se dit globalement satisfait malgré la journée ratée du vendredi : « C’est la cinquième participation de Claude Meylan à Belles Montres, avec trois propriétaires différents du salon. Lorsque j’ai appris l’an passé que Belles Montres était repris par le Salon de l’homme, je me suis montré enthousiaste, et effectivement j’ai eu dès le premier soir de très belles surprises avec des amateurs de produits sur-mesure. Je suis ravi de cette exposition supplémentaire à un client qui n’est pas nécessairement passionné d’horlogerie mais qui est déjà client du luxe et à la recherche de toys for boys. Je trouve que l’orientation de ce salon correspond à mon attente et nous met en relation avec une clientèle plus ouverte. Il y a trois-quatre ans, les visiteurs étaient passionnés d’horlogerie mais pas forcément acheteurs, là j’ai le sentiment qu’il ne s’agit pas d’experts mais que ce sont de vrais consommateurs.»

"Un public non pas d'experts mais de vrais consommateurs»

En général, c’est par le biais de ses détaillants que Claude Meylan vient à la rencontre du public, en organisant des événements très locaux pour expliquer son savoir-faire : l’art du squelettage, de la mise à jour et de la décoration, par une petite marque indépendante qui offre un territoire particulier. « Le sculpteur du temps est notre créneau, nous le déclinons aussi en montre de poche et de plus en plus pour les dames, comme vous le verrez en 2016. »

Plateforme de lancement
Pour les CEO d’Anonimo et de Czapek qui ont relancé leur marque cette année, le bilan s’avère aussi plutôt satisfaisant. Commentant ainsi son choix d’exposer à Belles Montres, Xavier de Roquemaurel (CEO de Czapek) synthétise : «Il s’agissait auparavant du rendez-vous parisien annuel des amateurs d’horlogerie, et la fusion avec le Salon de l’homme a apporté du positif et du négatif : un peu moins précis dans l’organisation, mais de très bonnes rencontres dès le premier soir. Normalement, pendant le cocktail, on reçoit plutôt des amateurs de cocktails et non d’horlogerie, et là il y a eu des gens très qualifiés, qui avaient étudié Czapek et vu la montre avant de nous rencontrer. Beaucoup de gens passent et comprennent que notre coin des indépendants propose de l’horlogerie exceptionnelle. Je trouve ça sympa d’avoir mélangé avec le Salon de l’homme, car ces visiteurs apprécient les beaux objets, ce qui rend le parcours plus riche ».

Sur le stand Czapek, Philippe fait partie des investisseurs séduits par le concept de Czapek et son projet collaboratif : « Je ne suis pas collectionneur dans l’âme à empiler des montres dans des coffres, mais c’est rare de pouvoir être co-actionnaire d’une société horlogère de haut niveau, d’autant plus quand il s’agit de la résurrection d’une si belle histoire avec un tel degré d’exigence dans la qualité des produits et la conduite du projet ». Le prochain rendez-vous de Czapek avec le public se tiendra pendant le SIHH à l’hôtel des Bergues de Genève, afin de « présenter notre collection Quai des Bergues ! ».

Sur le stand Anonimo situé dans l’univers masculin plutôt mode du salon, le CEO Frédéric Bastia déclare être venu « pour comprendre les réactions des consommateurs français sur la marque et les nouvelles collections, et rencontrer des personnes susceptibles de nous distribuer sur ce marché. Cet environnement de l’univers masculin nous correspond très bien, les visiteurs s’intéressent au cuir de nos bracelets, apprécient notre rapport qualité-prix ainsi que la cohérence de notre histoire autour du Cervin et de notre slogan « born in Italy, crafted in Switzerland ». Directeur marketing d’Anonimo, Julien Haenny précise que la marque exposera pour la deuxième année à Baselworld en 2016, lancera une nouvelle collection sport-chic reflétant l’élégance italienne, tout en investissant de nouveaux territoires d’expression autour de la moto et du nautisme avec des partenaires locaux dans plusieurs pays».

Anonimo Frédéric Bastia Julien Haenny