Reservoir s’envoie en l’air

Image
© Reservoir
La marque indépendante dévoile un audacieux chrono d’aviation, bicompax et bi-rétrograde

Soyons clairs : quasiment aucun pilote ne vole avec une montre mécanique au poignet, sur laquelle il compte pour effectuer sa navigation. Garmin a, depuis fort longtemps, remporté la bataille, avec la D2 Air en entrée de gamme, et la MARQ Aviator à l’autre extrémité.

À l’horlogerie mécanique, il reste donc à explorer deux autres terrains : l’inspiration et l’héritage. Au premier registre, Bell & Ross excelle. Au second, la prééminence de Breguet ne souffre aucune contestation. Quelle place reste-t-il pour les autres marques ? Reservoir apporte une réponse unique et différente : celle de la complication créative.

Airfight Chronograph

Le terrain de jeu de la jeune marque française est, on le sait, celui de l’affichage rétrograde. Pas celui, éminemment classique, de Vacheron Constantin, mais plutôt celui de la modernité et de l’univers des compteurs et jauges que l’on trouve dans les belles autos, les sous-marins et, donc, les avions. Avec une question centrale : comment connecter l’univers aéro, sa complication traditionnelle qu’est le chronographe, avec l’esprit rétrograde de Reservoir ? La réponse s’appelle Airfight Chronograh.

Airfight Chronograph © Reservoir
Airfight Chronograph © Reservoir

Double jeu rétrograde

Cette nouveauté, proposée en boîte de 43 mm en acier ou PVD noir, est un chronographe bi-rétrograde. Sa composition est singulière. Elle est fidèle à l’esprit Reservoir : de prime abord, on s’en trouve quelque peu déboussolé. Les repères habituels du chronographe ont disparu. Ou, plutôt, ils ont été réinventés, en composant avec le principe mécanique du rétrograde.

Celui-ci n’est pas ici pas simple, mais double. À gauche, la gradation de 0 à 30 est celle de la seconde du mouvement. L’aiguille monte sur 120° et, au terme de ses 30 secondes, revient à son point bas pour décompter les 30 secondes suivantes.

À droite, la même courbe à 120° est cette fois graduée de 0 à 31 : c’est le quantième de date. Il ne reviendra donc à son point de départ qu’une fois par mois, celui-ci échu. Comme son homologue de gauche, cette section est colorée de quatre teintes : vert, blanc, jaune et rouge. On pardonnera à Reservoir d’avoir ici inversé le code coloriel entre auto et avion : sur la planche de ces derniers, l’ordre certifié des plages est blanc, vert et orange. Le rouge, au sens conventionnel, n’existe pas. Il n’existe que trois zones, dans cet ordre, lesquelles correspondent aux plages de vitesse indiquées pour certaines opérations de pilotage (comme la sortie des volets, entre autres).

Airfight Chronograph © Reservoir
Airfight Chronograph © Reservoir

Chrono bicompax vertical

Reste la partie centrale de la montre. Elle est dédiée au chronographe et comporte deux compteurs : c’est donc, stricto sensu, un chrono bicompax vertical. Le compteur du haut est dédié au décompte des 30 minutes. Celui du bas, aux 12h. Les secondes sont quant à elles décomptées par la grande aiguille centrale, aux côtés des heures et minutes.

On note son contrepoids en forme d’avion. Il ne peut, à cet égard, que renforcer le parallèle déjà latent avec IWC : la manufacture de Schaffhausen est très présente en aviation (collection « Montre d’Aviateur »), l’une des rares qui exploite durablement le chrono bicompax vertical, et dont bon nombre de modèles (dont le « Top Gun ») voient leur trotteuse terminée par une découpe en forme de voilure d’avion. Une prestigieuse inspiration dont Reservoir ne doit pas rougir, surtout que, pour l’essentiel, sa construction mécanique et esthétique peut fièrement revendiquer autant de créativité que d’originalité. Deux qualités devenues rares dans l’univers du chronographe d’aviation qui, malheureusement, se complait trop souvent à s’auto-répliquer.

Marque