Ilgiz F. et Bovet 1822 exposent au Musée du Kremlin

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Ilgiz F. and Bovet 1822 collaborate on timepieces exhibited at the Kremlin Museum - Bovet 1822
Une promenade printanière à Moscou, le long des sentiers fleuris du Jardin Alexandrovsky, conduit à l’exposition « Bijoux inspirés de la nature ».

L’exposition, qui dure jusqu’au 31 juillet, est consacrée au joaillier russe aux multiples talents Ilgiz Fazulzyanov, connu sous le nom d’Ilgiz F. C’est la première fois depuis exactement 99 ans que le Musée du Kremlin consacre une exposition à un seul maître artisan. 1917 fut l’année où ce même lieu a accueilli sa dernière exposition en solo : celle du célèbre Peter-Carl Fabergé.

A 48 ans, Ilgiz, qui à l’origine est un artiste, a parcouru un long chemin pour devenir l’un des créateurs de bijoux les plus originaux et les plus talentueux de l’époque post-soviétique. L’exposition se concentre essentiellement sur les bijoux d’Ilgiz, présentant son savoir-faire dans la réalisation de perles facettées et d’émaux grand feu, mais les chefs-d’œuvre exposés comprennent également une petite mais somptueuse collection de montres de métiers d’art, résultat de sa collaboration avec la manufacture horlogère suisse, Bovet 1822.

« Notre tradition d’émail miniature remonte au début du XIXe siècle, lorsqu’Edouard Bovet employait les meilleurs horlogers du Val-de-Travers et confiait les décorations des boîtiers aux émailleurs genevois », explique la Maison Bovet. « Aujourd’hui, Pascal Raffy, le propriétaire de Bovet 1822, perpétue cette tradition de la décoration. Le goût pour la singularité qu’il partage avec Ilgiz et leur passion commune pour les beaux-arts les ont réunis. »

Le projet consiste à reproduire des peintures minuscules mais très détaillées sur un cadran de montre en émail. Intitulées « Cadrans inspirés de la nature », les pièces résultant de cette collaboration exposées à Moscou comprennent une montre pendentif et une montre bracelet pour femme, ainsi qu’une montre bracelet pour homme.

L’Amadeo Fleurier 39 « Coquelicots blancs » pour femme arbore un motif de coquelicots délicatement entrelacés dans un boîtier de 39 mm, sur un cadran en or 18 carats avec un arc et une corne sertis de 165 diamants. Un cadran similaire avec des coquelicots blancs figure sur la montre pendentif.

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La montre bracelet pour hommes s’inspire des Cavaliers de l’Apocalypse, une histoire tirée du Livre de la Révélation, le dernier livre du Nouveau Testament. L’Amadeo Fleurier 43 présente l’un des quatre cavaliers bibliques, « Guerre », dans une interprétation miniature en émail sur un boîtier de 43 mm en or rouge, mais exclut les trois autres cavaliers, Famine, Pestilence et Mort, sans doute à cause de leurs connotations peu engageantes.

Chaque garde-temps, avec son cadran émaillé à la main, est une pièce unique. « La réalisation de ces cadrans est une prouesse d’autant plus impressionnante qu’aujourd’hui les diamètres des montres sont plus petits que ceux du 19ème siècle », relève la Maison Bovet.

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L’exposition a été organisée à l’initiative du Dr Elena Gagarina, directrice du Musée du Kremlin, qui a visité l’atelier d’Ilgiz il y a deux ans, a acquis plusieurs pièces pour le musée et a conduit le processus d’organisation de l’exposition.

« L’exposition comprend environ 160 pièces, dont 40% ont été créées spécialement pour l’événement. Pour le reste, des collectionneurs du monde entier ont prêté leurs œuvres » explique Dina Nasyrova, épouse d’Ilgiz et directrice de la communication.

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Ilgiz est né en 1968 dans une famille ouvrière de Kazan, la capitale de la république du Tatarstan, située à environ 800 km à l’est de Moscou. « Le père d’Ilgiz était ouvrier dans une usine, il réparait des machines. Sa mère était femme au foyer. Ses débuts ont été très modestes », raconte Dina Nasyrova.

Il a fréquenté l’école d’art de sa ville natale, dont il a obtenu un diplôme en design décoratif. Puis il a commencé à travailler avec des vitraux et à faire de la sérigraphie sur soie. Plus tard il est passé à la joaillerie, essentiellement en artisan autodidacte. En 1999 il s’est installé à Moscou et a continué à renouveler les techniques traditionnelles d’émail et de taille des perles.

« Les perles facettées sont la spécialité d’Ilgiz. Cet art est comparable à la taille des diamants, mais il requiert davantage d’habileté parce que les perles sont fragiles », précise Dina Nasyrova. « Il utilise aussi les techniques de l’émail grand feu ou à chaud, comme René Lalique ou Alphonse Fouquet. Tout le travail est réalisé dans notre atelier à Moscou. »

En 2011, Ilgiz est devenu le premier joaillier russe à remporter le premier prix de l’International Jewelry Design Excellence Award dans le cadre de la Foire internationale de joaillerie de Hong Kong. Il a été sacré deux fois « Champion des Champions » dans cette compétition, d’abord en 2011 pour son pendentif « Bouvreuils », puis à nouveau en 2013 pour sa série « Papillons » en perles noires à facettes.

« Nous sommes une petite marque confidentielle connue essentiellement d’un cercle de collectionneurs et de spécialistes en joaillerie » constate Dina Nasyrova. « Ce que nous faisons est unique. Et cela s’adresse à ceux qui comprennent la valeur d’un exceptionnel savoir-faire au-delà de ses aspects commerciaux. »

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